dimanche 27 juin 2010

Reporters sans frontières propose un kit pour surfer anonymement sur le Web


Un cybercafé à Fuyang, en Chine, le 15 janvier 2010.

Depuis quelques années, des associations de défense des droits de l'homme et des gouvernements occidentaux aident les dissidents politiques et les journalistes indépendants vivant dans des pays dictatoriaux à utiliser Internet sans se faire repérer par la police de leur pays, grâce à des solutions techniques plus ou moins efficaces.

A son tour, Reporters sans frontières (RSF) a mis en place un système baptisé "abri anti-censure" permettant d'envoyer des messages et de consulter des sites Web de façon anonyme et sécurisée. Pour cela, RSF a passé un accord avec Xerobank, société de sécurité informatique multinationale dont le siège social est au Panama. Celle-ci fournit des connexions sécurisées aux banques, aux entreprises, aux ONG et aux missions diplomatiques.

Grâce à ces revenus, elle a choisi d'offrir ses prestations gratuitement à des organisations méritantes. Bruno Delpeuc'h, responsable de Xerobank pour l'Europe, est fier de travailler pour une société aussi atypique : "Nous avons une branche commerciale et une branche philanthropique. Beaucoup d'entre nous ont un passé militant et nous avons conservé un esprit libertaire."

Xerobank offre une double protection. D'une part, les données envoyées par l'utilisateur sont cryptées ; d'autre part, avant d'atteindre leur destination, elles transitent de façon aléatoire par plusieurs routeurs installés aux Etats-Unis, au Canada et aux Pays-Bas, ce qui brouille les pistes. Xerobank va aussi renforcer son dispositif en se dotant de routeurs supplémentaires dans plusieurs pays européens, dont la France.

Quand un dissident ou un journaliste étranger séjournera à Paris, RSF pourra mettre à sa disposition une salle de travail comportant trois ordinateurs sécurisés. Puis, quand il rentrera dans son pays, il emportera une clé USB contenant un kit de connexion sécurisée et un logiciel spécial de navigation, qui ne laisse aucune trace chez les sites visités. De retour chez lui, il lui suffira de brancher la clé sur n'importe quel ordinateur pour se connecter au réseau Xerobank. Pour ceux qui ne voyagent pas, RSF peut envoyer discrètement des codes d'accès. La connexion sécurisée se fait via le site Web de Xerobank. Le système peut être installé sur un smartphone. Xerobank et RSF vont aussi pratiquer le refugee hosting (hébergement refuge). Il permet d'aider les blogueurs et journalistes sous surveillance à créer des sites échappant à la censure.

Rester discret

Livrés à eux-mêmes, ces dissidents ouvrent en général un blog chez un prestataire commercial étranger, mais leur situation y est précaire. La Chine ou l'Iran engagent des pirates informatiques qui lancent des attaques contre leur hébergeur. Souvent, les prestataires décident de se débarrasser de leurs encombrants clients et ferment leur compte.

Des associations occidentales prennent le relais, en offrant un hébergement chez un prestataire capable de résister aux attaques et aux menaces. Mais pour être efficace, le refugee hosting doit rester discret, car si cette forme d'aide s'ébruitait, les dissidents qui en bénéficient pourraient être accusés de collusion avec l'Occident - ce qui risquerait de détruire leur réputation dans l'opinion publique.

Pour les rebelles qui ne sont pas soutenus par RSF, l'abonnement à Xerobank coûtera 25 euros par mois.

Yves Eudes

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