Depuis des années, les donations pour lutter contre les grandes pandémies restent - et très largement - l'affaire des pays riches du Nord. La crise financière en Europe, conjuguée avec l'affirmation des pays "émergents", va-t-elle modifier la donne ? La Chine, par exemple, qui déploie toute une stratégie en Afrique pour ses enjeux énergétiques et commerciaux, pourrait-elle un jour se placer parmi les donateurs importants pour les efforts de -santé sur le continent noir ? Et le Brésil ?
Cette réflexion s'ébauche du côté du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Créé en 2002 à l'initiative de l'ONU et du G8, le Fonds aimerait frapper à d'autres portes que celles des pays traditionnellement contributeurs. L'arrivée du G20 (où siègent tous les pays émergents) dans le paysage de la gouvernance mondiale paraît un phénomène propice. Même si, pour l'heure, les questions de développement restent traitées au niveau du G8, comme le montrent les sommets G8/G20 organisés au Canada, du 25 au 27 juin.
Le Fonds s'est inquiété de voir tenues les promesses de ses grands donateurs du Nord. Il avait réuni en 2007 des engagements à hauteur de 10 milliards de dollars pour trois ans.
Il veut accroître l'effort, pro-posant différents scénarios pour la période courant jusqu'en 2013 : cela va de 13 à 17 ou 20 milliards, en fonction de ce que les Etats -voudront débourser.
"Evidemment, la situation est très difficile du fait de la crise financière et des problèmes de dette souveraine" dans les pays du Nord, commente par téléphone, de Genève, Stefan Emblad, chargé de la collecte de ressources.
Une goutte d'eau
Les Etats-Unis, premier contributeur du Fonds (à hauteur de 30 %), ont récemment confirmé qu'ils tiendraient leurs objectifs pour 2010. Le Congrès américain a approuvé les 1,05 milliard de dollars prévus. L'administration Obama avait au départ proposé une somme inférieure (900 millions), et elle propose de verser un milliard pour 2011. La France, deuxième contributeur (14 %), a également annoncé qu'elle tiendrait ses engagements pour 2010. Les Pays-Bas, après avoir envisagé des coupes, gardent le cap pour cette année. En revanche, l'Italie est en retard dans ses paiements.
Du côté des pays du Sud ou des "émergents", les contributions sont encore limitées. La Chine donne un ou deux millions de dollars par an. L'apport du Brésil est comparable. L'Afrique du Sud en -donne quelques centaines de milliers. Une goutte d'eau. "Les -sommes sont modestes, observe Stefan Emblad, un grand effort est déployé pour essayer de les accroître."
Le directeur du Fonds mondial contre le sida, la tuberculose et le paludisme, Michel Kazatchkine, devait récemment se rendre à Pékin pour plaider dans ce sens. La Chine est pour l'heure un pays bénéficiaire majeur du Fonds, pour la lutte contre la tuberculose. Le prochain rendez-vous est en octobre, quand le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon doit convoquer une conférence de donateurs.
Natalie Nougayrède
G8 : 5 milliards de dollars pour la santé maternelle et l'enfance
Les dirigeants de plusieurs pays du G8 réunis au Canada ont annoncé, vendredi 25 juin, des contributions totalisant 5 milliards de dollars en faveur de la santé maternelle et infantile dans les pays en développement. "L'exemple donné par les dirigeants du G8 a attiré des dons et des contributions d'autres pays (non membres du groupe) et de fondations pour plus de 2,3 milliards, ce qui donne au total 7,3 milliards de dollars", s'est félicité le premier ministre canadien, Stephen Harper. Ainsi, la fondation de Bill et Melinda Gates a promis 1,5 milliard de dollars, soit à elle seule plus que les Etats-Unis. Selon la Maison Blanche, Barack Obama s'est engagé à contribuer à hauteur de plus de 1,3 milliard de dollars à la lutte contre la mortalité infantile en 2010-2011. Le Canada fournira 2,75 milliards de dollars américains sur cinq ans. La Russie a promis 75 millions de dollars sur trois ans, selon un responsable moscovite. La France ne devait rendre publique sa participation que samedi 26 juin, a-t-on indiqué dans l'entourage de Nicolas Sarkozy. En 2008, 8,8 millions d'enfants sont morts avant l'âge de 5 ans.
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