mardi 13 avril 2010

Evita et les légendes du cimetière de Recoleta

Dans un des quartiers les plus agréables de Buenos Aires, le Barrio Recoleta, se trouve le cimetière du même nom qui, à l’instar de notre Père Lachaise, attire nombre de visiteurs voulant rendre hommage aux personnalités qui y sont enterrées. Une cure d’architecture funéraire des siècles passés.

Beaucoup plus petit que son équivalent parisien, il n’en est pas moins labyrinthique et la fascination qu’on éprouve à s’y perdre ne peut être en rien qualifiée de morbide, elle tient simplement à la beauté des ornements des caveaux et autres mausolées ainsi qu’à la richesse des histoires que ces derniers racontent.

La star Evita

Arpenter les allées du cimetière de la Recoleta, c’est comme visiter un musée à ciel ouvert consacré à la statuaire du XIXe siècle et (re)découvrir quelques pans de l’Histoire argentine. Y sont en effet enterrés entre grands bourgeois et riches estancieros, quelques-uns des protagonistes les plus importants de cette dernière.La tombe qui attire le plus de visiteurs est bien évidemment celle d’Evita. Si la vie et le rôle qu’a joué Eva Peron, seconde épouse du président Juan Pero, auprès du peuple argentin, et particulièrement aux côtés des plus déshérités, sont bien connus de tous, les péripéties qu’a connues sa dépouille le sont beaucoup moins.

Lorsqu’elle décède à 33 ans, son corps est embaumé et exposé jusqu’à ce que son mari soit chassé du pouvoir trois ans plus tard, en 1955, par un coup d’État. Son corps est alors transporté en secret à Milan puis enterré sous une fausse identité avec l’aide du Vatican au cimetière Maggior. Seuls le pape de l’époque (puis ses successeurs) et deux colonels de l'agence de renseignement SIE ainsi qu’un prêtre connaissent la localisation exacte de sa dépouille. Trois autres personnes, dont le militaire putschiste argentin, Pedro Eugenio Aramburu, président autoproclamé de l’Argentine entre 1955 et 1958 et le général argentin Alejandro Agustín Lanusse qui occupera la présidence entre 1971 et 1973, savent que la « première dame du pays » est enterrée quelque part en Italie. Lorsqu'Aramburu est enlevé par les Montoneros en 1970, il leur avoue avant d’être condamné à mort pour son rôle dans le coup d’État de 1955 qu’Evita repose en Italie, et en 1971, Lanusse accepte de rendre la dépouille d'Evita à Juan et Isabel Perón (sa troisième épouse) à Madrid.

Une femme enterrée vivante

À la mort de Juan en 1974, Isabel prend le pouvoir et pour la contraindre à restituer le corps, les Montoneros enlèvent la dépouille d’Aramburu. Eva est alors ramené en Argentine, brièvement exposée au public et enfin inhumée en 1976 au cimetière de la Recoleta, 24 ans après son décès. Ca donne envie d’en savoir plus sur l’histoire du pays, non ?

Mais Evita n’est pas la seule à reposer entre les murs du cimetière et à délier les langues le temps d’une anecdote. Vous trouverez également la tombe de Salvador Marria del Carill, premier vice-président du pays, ornée d’une statue le représentant assis, regardant l’horizon. Celle-ci fut commandée par sa femme qui demanda expressément que le buste regarde à l’opposé de là où elle se trouvait, tant leur vie commune fut un enfer.

Un autre exemple est celui de Rufina Cambaceres, enterrée après une mort subite, elle souffrait en fait de catalepsie et a été enterrée vivante. Ce n’est qu’après avoir gratté son cercueil de toutes ses forces, que l’asphyxie donna raison à ceux qui l’avaient mise en terre.

Paris Match

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