jeudi 29 avril 2010

Plus d'un million de kilomètres carrés de forêts ont disparu entre 2000 et 2005


Le couvert forestier mondial était de 32 688 000 km2 au début de l'étude.

Le couvert forestier mondial a diminué de 3,1 % entre 2000 et 2005, les forêts boréales ayant compté pour environ un tiers de cette perte, suivies par les zones forestières tropicales humides, selon une étude publiée lundi 26 avril dans les Annales de l'Académie nationale américaine des sciences (PNAS) et fondée sur des observations satellitaires.

Résultant de causes naturelle et d'activités humaines, près de 1 011 000 km2 de forêt ont disparu entre 2000 à 2005 soit en moyenne 0,6 % par an. Le couvert forestier mondial était de 32 688 000 km2 au début de l'étude.

Les forêts boréales, qui comptent pour 26,7 % du couvert forestier de la planète, ont accusé la plus forte réduction sur cette période de cinq ans, soit 4 % dont les deux tiers ont résulté d'incendies d'origine naturelle, précisent ces chercheurs des universités du Dakota du Sud et de l'Etat de New York.

Les forêts tropicales humides, qui recouvrent 11,5 millions de km2 et représentent la plus grande superficie boisée de la Terre, ont perdu 2,4 % de leur couvert, soit 27 % de la perte totale. Les forêts tropicales en zone sèche (7,13 millions de km2, soit 21,8 % des superficies boisées du monde) ont diminué de 2,9 % de 2000 à 2005, ce qui a représenté 20,2 % des pertes forestières totales. Enfin, les forêts des zones tempérées (5,2 millions de km2), 16,1 % du total mondial en 2000, ont perdu 3,5 % de leur couvert, soit 18,2 % du total de la planète pour cette période.

Des estimations précises du couvert et de son recul sont indispensables dans le cadre des efforts de comptabilité des émissions de dioxyde de carbone (CO2), l'un des principaux gaz à effet de serre, et pour élaborer des modèles climatiques, expliquent les auteurs de cette recherche.

LEMONDE.FR avec AFP

COMMENT LES CHIMPANZÉS PERÇOIVENT LA MORT

Les chimpanzés sont capables de penser à l’avenir. Ça a été établi par une équipe suédoise l’an dernier. Parfois, l’avenir s’envisage avec un proche en moins. Pour les hommes comme pour les chimpanzés. Deux études publiées lundi 26 avril font la même obervation : ces primates adoptent une humains au contact d’un moribond.

Pansy était une vieille femelle chimpanzé écossaise, doyenne du Royaume-uni – elle vivait en captivité. A cinquante ans et quelques, elle a commencé à faiblir pour ne plus se relever. Les trois congénères avec lesquels elle vivait ont pris soin d’elle dans les derniers jours. Plus calmes et moins bruyants, ils sont restés proches, l’ont caressée, l’ont lavée. attitude particulière quand la mort survient. Et certains ont un comportement comparable à celui des humains au contact d’un moribond.

Pansy était une vieille femelle chimpanzé écossaise, doyenne du Royaume-uni – elle vivait en captivité. A cinquante ans et quelques, elle a commencé à faiblir pour ne plus se relever. Les trois ces primates adoptent une attitude particulière quand la mort survient. Et certains ont un congénères avec lesquels elle vivait ont pris soin d’elle dans les derniers jours. Plus calmes et moins bruyants, ils sont restés proches, l’ont caressée, l’ont lavée.
Les chimpanzés sont capables de penser à l’avenir. Ça a été établi par une équipe suédoise l’an dernier. Parfois, l’avenir s’envisage avec un proche en moins. Pour les hommes comme pour les chimpanzés. Deux études publiées lundi 26 avril font la même obervation : Ce n’est pas évident de le distinguer sur cette vidéo, mais les primates secouent doucement la vieille femelle.
Interrogé par le Guardian, James Anderson, principal auteur de l’étude publiée dans Current Biology juge “difficile de ne pas penser qu’ils cherchent [en la bousculant] des signes de vie”. Il poursuit :
Au bout d’un moment, les chimpanzés semblent avoir conclu qu’elle s’en était allée. Deux sont partis, mais une femelle est restée près d’elle en lui tenant la main. Le même soir, sa fille est revenue et elle restée auprès de sa mère toute la nuit. Elle essayait de dormir, mais il était évident qu’elle était très perturbée, à l’instar des trois autres chimpanzés”.

Dora Biro, chercheuse à Oxford, a filmé des mères chimpanzé dans leur milieu naturel, les forêts guinéennes. Les conclusions de ses recherches ont également été publiées dans Current Biology.
Lorsqu’a été tourné ce film, cinq chimpanzés de la communauté, dont deux enfants, avaient péri d’une maladie respiratoire. Les mères des petits chimpanzés ont gardé près d’elles le corps de leur enfant. Pendant des jours et des jours, elles ont transporté les dépouilles qui ont fini par momifier. Le temps passant, elles ont permis à d’autres membres de la colonie à porter les corps, s’éclipsant de longs moments de leur petit, qu’elles ont fini par abandonner.
Elizabeth Lonsdorf du zoo de Chicago précise, sur le site Sciences News, que dans la nature, les chimpanzés réagissent de manière très variée face à la mort d’un proche. “Les chimpanzés vieux et malades trouvent souvent un coin à l’abri où ils pourront mourir seuls”, explique-t-elle. Pour James Anderson, interrogé par l’Agence France presse, l’expérience prouve que les chimpanzés “sont bien conscients de la mort et probablement de manière beaucoup plus développée qu’on ne le soupçonnait”.

Photo : Azadam
Vidéos : Cell Press/Current Biology
http://www.sciences.blog.lemonde.fr

Refuser de s'excuser auprès d'une femme augmente le risque de crise cardiaque


Massachusetts, États-Unis - Des scientifiques auraient réussi à prouver qu'un homme qui s'excuse auprès d'une femme pourrait voir son geste récompensé par une santé améliorée chez sa compagne. Ainsi, les femmes ne recevant pas d'excuses de la part d'un homme qui aurait été grossier avec elle, auraient un risque de crise cardiaque plus important.

Il aurait été prouvé que les femmes qui ne reçoivent pas d'excuses suite à un litige avec leur compagnon souffriraient d'une augmentation de la pression artérielle, ce qui augmente les risques de crise cardiaque et d'AVC. Mais celles qui auraient droit à un "pardon" verraient leur tension artérielle revenir à la normale 20% plus rapidement. Inversement pour les hommes, leur pression artérielle mettrait 20% plus de temps pour revenir à la normale suite à des excuses. Cette expérience a été réalisée sur 29 hommes et 59 femmes. Les deux groupes ont été conviés à faire un examen de mathématiques de cinq minutes. A trois reprises ils ont été interrompus, et à la fin de l'exercice, il leur a été dit qu'ils n'étaient visiblement pas assez bons. Puis deux minutes plus tard, des excuses leur ont été présentées. Les femmes se sont immédiatement calmées alors que les hommes sont devenus plus agités.

mercredi 28 avril 2010

Moscou ordonne la publication sur le Web de documents inédits sur le massacre de Katyn


Pendant près d'un demi-siècle, Moscou a tenté d'imputer le massacre de Katyn à l'Allemagne nazie. Ici, une Polonaise commémore le massacre, en 1989.

Les archives d'Etat russes ont mis en ligne mercredi 28 avril, sur ordre du président Dmitri Medvedev, une série de documents sur le massacre dans la forêt de Katyn de quelque 22 000 officiers polonais, en 1940, par la police politique de Staline, le NKVD, publiés pour la première fois en Russie. "Sur décision du président de la Fédération de Russie, Dmitri Medvedev, les copies électroniques de documents originaux du dossier n° 1 sur le 'problème de Katyn' ont été publiés", est-il écrit sur le site de l'Agence fédérale des archies, Rusarchives.ru.

Une note de Lavrenti Beria, le chef du NKVD, où il propose l'exécution des officiers polonais arrêtés, figure parmi les documents mis en ligne. "Ces documents ont été déclassifiés en septembre 1992 et, sur ordre du président russe Boris Eltsine, les copies ont été transmises à la partie polonaise", indiquent les archives russes. La question des massacres de milliers d'officiers polonais, notamment à Katyn, empoisonne depuis des années les relations entre la Russie et la Pologne.

Le mouvement de défense des droits de l'homme russe Memorial avait dit, le 21 avril, avoir levé un premier obstacle dans son combat pour l'ouverture des archives sur ce massacre. La Cour suprême russe avait en effet ordonné à un tribunal de Moscou d'examiner un appel de Memorial, qui cherchait à contraindre les autorités à revenir sur une décision prise en 2004 par le parquet militaire de classer l'enquête sur le massacre. Ian Ratchinski, dirigeant de Memorial, avait déclaré que ce jugement pourrait déboucher sur une décision d'ouvrir les archives secrètes sur Katyn, ce que souhaite également la Pologne.

Le jugement intervenait sur fond d'apaisement des tensions entre Moscou et Varsovie après la mort du président polonais Lech Kaczynski dans l'avion qui l'amenait à Smolensk pour commémorer le 70e anniversaire du massacre de Katyn. Les dirigeants polonais et russes qui ont assisté à Cracovie aux funérailles du couple présidentiel avaient affirmé que cette tragédie devait servir de catalyseur pour une réconciliation entre les deux peuples.

Pendant près d'un demi-siècle, Moscou a tenté d'imputer le massacre de Katyn à l'Allemagne nazie. Ce n'est qu'en 1990 que le dernier dirigeant soviétique, Mikhaïl Gorbatchev, avait reconnu que le NKVD de Staline, prédécesseur du KGB, en était responsable. Sur les 183 volumes de l'enquête menée entre 1990 et 2004, 116 étaient toujours classés secrets.

Le Monde

lundi 26 avril 2010

Boissons sucrées, à consommer avec modération


Riches en sucres, les sodas et jus de fruits sont à consommer avec modération.

Les jeunes boivent de plus en plus de boissons sucrées. Les chiffres, en augmentation constante en France, font apparaître que 40 % des 18-25 ans ont consommé la veille au moins une boisson rafraîchissante sans alcool (limonade, soda, boisson aux fruits). Près de 30 % des 26-34 ans ont fait de même, selon le dernier baromètre santé nutrition de l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (Inpes) publié en début d'année. Dans la population générale, la consommation est également à la hausse. Les seules ventes de jus de fruits en magasins ont progressé de 3,63 % en volume en 2009 selon l'interprofession des fabricants de jus de fruits (Unijus).

"L'eau reste la première boisson en France, toutes générations confondues", tempère Pascale Hébel, directrice du département consommation du Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Credoc).

Par ailleurs, la France est, avec 60 litres de boissons sucrées par an et par habitant, loin derrière l'Allemagne - premier pays d'Europe avec 130 litres - et les Etats-Unis, 190 litres, où la consommation de sodas a été multipliée par trois en vingt ans selon l'académie américaine de pédiatrie.

Même si la France n'a pas rattrapé ses voisins proches ou lointains, cette tendance inquiète les professionnels de la santé. Nombre d'études font le lien entre la consommation de boissons sucrées et le risque d'obésité, de maladies cardio-vasculaires et de diabète. Y compris les jus de fruits, considérés comme "bons pour la santé" alors qu'ils contiennent beaucoup de sucre.

"La littérature scientifique prouve que les boissons sucrées ont un faible pouvoir rassasiant. Le lien entre les boissons sucrées et l'augmentation des risques de syndrome métabolique [signes physiologiques qui augmentent le risque de diabète de type 2 et de maladies cardiaques] est établi", indique Jean-Pierre Després, chercheur à l'Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de l'hôpital Laval de Québec.

"Il est clairement démontré que les excès de consommation de fructose font monter le taux de triglycérides sanguins pour les personnes sensibles, contrairement aux fruits frais qui ont un faible taux de fructose et qui apportent de multiples vitamines, confirme le docteur Laurent Chevallier, médecin nutritionniste. Lorsque ce taux augmente, cette hausse constitue un facteur de risques cardio-vasculaires." Une étude menée pendant un an dans des établissements scolaires de Grande-Bretagne a montré que la diminution de la consommation de boissons sucrées et de jus de fruits permettait de stabiliser la prévalence de l'obésité chez les 7-10 ans, tandis qu'elle continuait à augmenter dans les écoles où rien n'était fait.

Le seul fait de remplacer les boissons sucrées par de l'eau permettrait de réduire significativement (235 calories) l'apport calorique chez les enfants américains, a révélé une autre étude, publiée en 2009 dans la revue Archives of Pediatrics & Adolescent Medicine.

"Le problème n'est pas la consommation occasionnelle de ces boissons, c'est celui de la consommation chronique", pointe Jacques Delarue, professeur de nutrition au CHU de Brest. "Le modèle américain d'addiction aux boissons sucrées menace un certain nombre d'enfants des pays riches", prévient le médecin.

Autre élément, "toutes ces boissons favorisent la confusion entre le boire et le manger, ce qui peut induire une altération du comportement alimentaire et majorer les problèmes de surpoids", insiste Laurent Chevallier.

De nombreux médecins conseillent par conséquent de limiter cette consommation. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) préconise de limiter l'apport des boissons sucrées à 10 % de l'énergie consommée. L'Association américaine du coeur (AHA) pointe du doigt le marché national des sodas, estimé à 115 milliards de dollars, première source de sucre ajouté selon elle.

La solution serait de réserver les boissons sucrées aux moments festifs et de ne boire que de l'eau pendant les repas, à quelques exceptions près. "Sauf pour les adolescents en surpoids, les boissons rafraîchissantes sont une boisson plaisir dont il ne faut pas les priver, du moment qu'elle n'est pas consommée de façon excessive", commente Pascale Modaï, médecin nutritionniste. Quant aux jus de fruits, pourquoi ne pas les presser soi-même, quitte à rajouter un peu de sucre, préconisent les médecins.

Les fabricants de sodas et de jus de fruits martèlent pour leur part que la consommation de leurs produits n'a pas de lien direct avec l'obésité. "Les boissons rafraîchissantes sans alcool ne représentent, en moyenne, que 2,2 % des apports caloriques, et ces derniers n'ont pas progressé depuis quinze ans", soutient Coca-Cola France. Les multinationales rappellent qu'elles ont baissé la teneur en sucre de leurs produits ces dernières années. Même discours chez Unijus qui s'est engagé, d'ici à 2012, à diminuer la quantité de sucres ajoutés de 5 % dans les nectars et à n'ajouter aucun sucre dans les jus de fruits. Unijus assure qu'un verre de 200 ml quotidien répond aux recommandations de consommer 5 fruits et légumes par jour. Oubliant un peu vite que jus de fruits et fruits frais n'ont pas les mêmes vertus.

Pascale Santi
Le Monde

Ce faux antivirus tente d'induire l'internaute en erreur en lui faisant croire que son ordinateur est infecté par des programmes malveillants, alors q


Ce faux antivirus tente d'induire l'internaute en erreur en lui faisant croire que son ordinateur est infecté par des programmes malveillants, alors que ce dernier est sain.

Tartef, Renos, Alureon. Derrière ces noms barbares se cachent le top 3 des programmes malveillants qui ont infectés les ordinateurs français au second semestre 2009, selon le huitième Security Intelligence Report de Microsoft. La faute, le plus souvent, au manque de mises à jour du système et des logiciels.

Selon l'entreprise, la majorité des possesseurs de PC a intégré l'importance d'effectuer des mises à jour de leur système d'exploitation Windows. Mais tout se complique lorsqu'il s'agit de mettre à jour des logiciels comme Acrobat Reader, Windows Office, Flash... "75,7 % des attaques ciblant Microsoft Office ont mis à profit une vulnérabilité pour laquelle une mise à jour était disponible depuis trois ans", précise le rapport. Des failles dans lesquelles s'engouffrent les pirates, à coup de PDF ou de fichiers Word vérolés, permettant de prendre le contrôle de l'ordinateur à distance, et de récupérer des données personnelles, comme les codes de carte bleue.

LES PIRATES JOUENT SUR LES PEURS

Les pirates s'adaptent aux nouvelles pratiques des particuliers : l'infection numéro 1 en France au second semestre 2009 est ainsi Tartef, un ver qui cible les joueurs en ligne (près de 190 000 ordinateurs désinfectés par Malicious Software Removal Tool, l'outil de suppression des logiciels malveillants).

Autre source d'infection, les scareware, ces programmes qui jouent sur les peurs des utilisateurs. Classiquement, l'internaute, en se rendant sur une page Internet piégée, voit apparaître à l'écran une imitation de logiciel antivirus lui indiquant que son système est vérolé. Pour y remédier, il doit acheter le faux antivirus en ligne... qui est lui-même rempli de fichiers corrompus. "Quand on dit aux gens que leur ordinateur a un problème de sécurité, ils y croient, qu'importe si on leur dit en français ou en anglais", souligne Bernard Ourghanlian, directeur technique et sécurité chez Microsoft.

LES ENTREPRISES EN CAUSE

Ces problèmes sont démultipliés dans le monde de l'entreprise, constate Microsoft. Ces dernières "mettent du temps à effectuer des mises à jour, et proposent des mots de passe beaucoup trop faciles à deviner : 'administrateur', 'administrator', 'mot de passe'...", souligne Bernard Ourghanlian. Conséquence, 70 % des entreprises du CAC40 et plusieurs ministères ont été infectés l'an passé par le ver Conficker.

Plus surprenant, des vers que l'on croyaient éradiqués depuis des années, tel Blaster (aussi connu sous le nom de Lovsan), qui avait affolé le monde informatique en 2003, continuent d'infecter des machines. Blaster aurait touché une grande entreprise publique et deux sociétés du CAC 40 en 2008, selon Microsoft. D'après le rapport de sécurité, plus de la moitié des menaces désinfectées sur les ordinateurs français au second semestre 2009 concernait des vers (18 %) ou des chevaux de Troie (40 %), alors que les virus étaient très marginaux (2,8 %). La France connaîtrait un taux d'infection de 5,6 pour mille ordinateurs, en dessous du taux mondial de 7 pour 1 000.

Le Monde.fr

Les programmes malveillants

Virus : Les plus connus des fichiers malveillants. Les virus se nichent dans un fichier dit "hôte" pour se propager dans le système informatique de la machine infectée. La contamination se fait lorsque le propriétaire ouvre une pièce jointe vérolée, utilise une clé USB corrompue, etc.

Ver : Contrairement au virus, le ver n'a pas besoin de se cacher dans un fichier hôte. Il se diffuse via Internet : fichiers échangés sur messageries instantanées, mails, P2P, liens vers des sites contenant des fichiers infectés. Le ver se propage par lui-même en envoyant des mails vérolés à tout le carnet d'adresses de l'utilisateur de la machine infectée, à son insu. Ce programme arrive rarement seul sur l'ordinateur : spywares (logiciels espions), keyloggers (enregistreurs de frappe) et trojans (chevaux de Troie) sont ses compagnons de voyage.

Cheval de Troie : Le trojan, ou cheval de Troie, est un fichier d'apparence ordinaire qui exécute des actions à l'insu de l'utilisateur de la machine infectée : envoi de spam, accès aux fichiers de l'ordinateur, destruction de données... Car le cheval de Troie permet généralement au pirate de prendre le contrôle à distance de l'ordinateur. Contrairement au virus, le cheval de Troie ne se reproduit pas tout seul.

Facebook veut mettre en place une "cartographie du Web"

Le PDG de Facebook, Mark Zuckerberg, présente une partie des sites qui utiliseront les nouvelles fonctionnalités présentées à la conférence F8, le 21 avril.

Le réseau social Facebook a lancé cette nuit Open Graph, un système qui permet de cartographier non seulement les relations entre des personnes, mais aussi entre des sites, des films ou des objets.

En pratique, Facebook se base sur la fonctionnalité "J'aime", utilisée par les internautes pour signifier leur intérêt, et sur les sites Web qui intègrent une nouvelle boîte à outils proposée par Facebook. Par exemple, le site IMDB – la principale base de données de films américaine – intègre désormais un bouton Facebook "Like" ("J'aime") sur ses pages. Lorsque l'internaute clique sur ce bouton, le fait qu'il aime ce film apparaît dans son flux d'activités.

Il ne s'agit là que du premier niveau du système. En ayant accès à ces informations, Facebook peut désormais construire des listes de fans d'un film ou d'une équipe de sports, et établir des relations complexes entre personnes, objets, œuvres ou sites Web. Dans l'autre sens, un utilisateur connecté sur un site utilisant les nouvelles fonctionnalités verra apparaître les visages de ses amis qui ont "aimé" tel film ou telle équipe de football. Le site de la chaîne de télévision CNN utilise par exemple cette nouvelle fonctionnalité pour présenter dans sa colonne de droite les articles que vos "amis" ont aimés.

"SOCIALISER LE WEB"

A terme, si la nouvelle boîte à outils de Facebook est adoptée par de nombreux sites elle permettra au réseau social de construire une cartographie du Web, basée sur les rapports affectifs des internautes avec ce qu'ils consultent en ligne. Le potentiel de cette technologie semble prometteur pour les fournisseurs de services en ligne : le moteur de recherche musical Pandora, et Yelp, et même Microsoft et le Washington Post, se disent intéressés.

Le système proposé par Facebook fonctionne d'une certaine manière à l'inverse de Google et des moteurs de recherche. Ces derniers se basent sur les liens établis par les internautes pour bâtir une hiérarchie de l'intérêt des sites ; le modèle de Facebook prévoit de se baser sur l'intérêt manifesté par les internautes pour leur proposer des liens.

QUESTIONS SUR LA VIE PRIVÉE

Ces dernières modifications du premier réseau social du monde – il revendique 400 millions d'utilisateurs au total, dont 15 millions en France – vont dans le sens d'une volonté de rendre publiques par défaut de plus en plus d'informations.

Pour y inclure certaines utilisations d'Open Graph, Facebook a soumis à la critique de ses utilisateurs une proposition de modification de ses conditions d'utilisation. Les nouvelles conditions d'utilisation prévoyant notamment que Facebook puisse communiquer des informations personnelles à des partenaires a provoqué la colère de plusieurs associations de consommateurs, notamment en Allemagne, où la puissante association VZBZ a appelé au boycott du réseau social.

Le Monde.fr

Gérer les paramètres de vie privée

Le contrôle des informations envoyées à ces sites tiers est possible, mais limité. Dans ses paramètres de confidentialité, l'utilisateur peut déterminer qui peut voir ses "J'aime" sur les sites partenaires, en suivant le chemin "Compte", "Paramètres de confidentialité", "Informations du profil" et "Centres d'intérêt".

De même, en allant dans "Compte", "Paramètres de confidentialité" et "Applications et sites Web", le détenteur d'un compte Facebook peut restreindre le type d'informations envoyées au site partenaire, avec cependant un bémol. Le site en question aura accès à toutes les informations classées accessibles à "tout le monde" (photos, statuts et groupes le sont par défaut), mais également toutes les informations que Facebook juge publiques : le nom, la photo de profil, la date de naissance, la ville de résidence, la liste des amis...

Un document officiel britannique conseille au Pape de créer sa marque de préservatifs


Grande-Bretagne - Un document officiel en prévision de la visite de Benoit XVI en septembre a été dévoilé : il conseillait au Pape de créer sa propre marque de préservatifs, entre autres choses allant en totale contradiction avec les positions du chef de fil de l'Église catholique.

C'est le journal Sunday Telegraph qui a publié dans ses pages le document listant les mesures pouvant permettre de rendre parfaite la visite du Pape Benoit XVI parfaite, cette dernière étant prévue du 16 au 18 septembre. Sauf que la liste de mesures semble avoir été rédigée dans un souci de totale contradiction avec les pensées du Saint Père puisqu'il recommande au Pape de lancer sa propre marque de préservatifs, de bénir le mariage homosexuel ainsi que d'ouvrir une clinique spécialisée dans les actes d'interruption de grossesse. Dès lors, le ministère des affaires étrangères britannique a immédiatement présenté ses excuses à Benoit XVI ainsi qu'au Vatican, expliquant que le texte "stupide" a été rédigé par un jeune employé aujourd'hui muté. Et un porte-parole du ministère d'expliquer à l'AFP : "Il s'agit clairement d'un document stupide qui ne représente en aucun cas la position du Foreigh Office ni du gouvernement britannique". A noter que l'ambassadeur britannique au Vatican a rencontré plusieurs responsables catholiques afin de faire part des excuses présentées par Londres tandis que l'AFP explique que le mémo publié précisait à travers une note que l'ensemble des mesures proposées sont le résultat d'une réunion de réflexion, certaines étant "tirées par les cheveux".

A MILAN, LE PREMIER METRO SOLAIRE


Drôle de paradoxe que d’alimenter un transport sous-terrain avec de l’énergie issue du soleil, c’est pourtant ce qu’il se passe à Milan depuis novembre dernier. La ligne M1 du métro est alimentée par 23 000 m² de panneaux photovoltaïques recouvrant l’un des dépôts (photo ci-dessus) de la société de gestion du métro milanais (ATM).

1,4 millions de kWh seront produits annuellement par ce biais, avant d’étendre le principe à d’autres dépôts et à d’autres lignes. Les investissements sont conséquents, mais les économies attendues le sont aussi. Du coup, le prix du ticket n’a pas augmenté pour autant.

La sécurité alimentaire, l'autre chantier de Bill Gates


Bill Gates, le 22 avril 2010, à Washington.

Secrétaire au Trésor américain, Timothy Geithner a annoncé, jeudi 22 avril, le lancement d'un "programme global pour la sécurité agricole et alimentaire" qui vise à lutter contre la malnutrition chronique dont souffrent un milliard d'humains. Cette initiative fait suite à l'appel lancé au G8 de L'Aquila (Italie), en 2009, afin de réunir 22 milliards de dollars (16, 6 milliards d'euros) pour lutter contre l'insécurité alimentaire dans le monde.

La Banque mondiale faisant office d'opérateur, ce programme réunit, à ce stade, quatre gouvernements - Etats-Unis, Canada, Espagne, Corée du Sud -, qui l'ont doté d'un montant initial de 880 millions de dollars. Un cinquième partenaire les accompagne : la Fondation Bill et Melinda Gates, qui y apportera plus son expertise que des fonds (30 millions de dollars seulement).

Car, indique le fondateur de Microsoft, lors d'un entretien avec quatre journalistes (dont votre serviteur), sa fondation a accumulé une expérience unique, déboursant 1,5 milliard de dollars ces quatre dernières années dans l'amélioration de la sécurité alimentaire, thème qui constitue désormais à ses yeux l'autre urgence mondiale prioritaire, "juste après la santé".

La solution, clame-t-il, passe par les petits producteurs, qu'il faut aider à "augmenter leur productivité, trouver des débouchés et se former aux nouvelles techniques agraires". Autre conviction : la sécurité alimentaire est un sujet "plus compliqué que l'aide sanitaire : là, on a besoin des gouvernements locaux". Certes, c'est souvent là où règnent les infrastructures publiques les plus vénales et indigentes que l'insécurité alimentaire est la plus aiguë.

Une donnée que sa fondation promeut pour inciter à prendre conscience de l'urgence, vient aussi relativiser la portée de l'opération. De 1995 à 2005, la part allouée à l'agriculture est passée de 13 % à 3 % du total de l'assistance institutionnelle internationale. Cela donne une idée de l'effort qu'il faut entreprendre, selon M. Gates. Un des journalistes lui rappelle que sur le milliard d'êtres en "extrême pauvreté", vivant avec 1 dollar par jour ou moins, 75 % sont situés dans des zones rurales. Les 880 millions du "programme global" représentent donc l'équivalent d'un jour ou deux de subsistance pour chacun. Bill Gates sourit, assure que ce programme "est un bon début. (...) La crise financière a occulté les pays pauvres. Elle y a découragé les investissements au moment où ils étaient les plus nécessaires. Maintenant, il faut que d'autres pays rejoignent le Programme global".

Sylvain Cypel
Le Monde

Le papier toilette tue 27.000 arbres chaque jour


Selon un article publié sur le site de l'institut Worldwatch, 270.000 arbres seraient abattus chaque jour pour la production de papier : 10% d'entre eux serviraient à produire exclusivement du papier toilette.

Finie l'époque où l'on utilisait des feuilles, des algues, de l'herbe ou des journaux après s'être soulagé. Dorénavant, le papier toilette est la star. De plus en plus de pays connaissent une amélioration de leurs conditions d'hygiène, mais aussi une augmentation de leur population : ces deux facteurs combinés conduisent généralement à une utilisation plus importante de papier toilette. Ce changement, qui n'a l'air de rien, pourrait pourtant s'avérer dramatique à l'échelle planétaire. En effet, ce ne sont pas moins de 27.000 arbres qui seraient évacués chaque jour par la chasse d'eau ou bien dans la nature, après avoir connu un bien triste sort.La consommation moyenne de papier toilette par habitant au niveau mondial est de 3,8 kilogrammes par an. Les États-Unis occupent la première place : 23 kilos par an. Loin derrière, les pays d'Afrique consomment en moyenne 0,4 kilo. La consommation va en augmentant dans de nombreux pays ; on note ainsi des hausses de 5% pour la Chine ou l'Europe de l'Ouest et de 3% pour le Japon et l'Afrique. La solution pourrait être le papier recyclé. En effet, le recyclage de 909 kilos de papier permet d'éviter le gaspillage de 1.682 kilos de bois et de plus de 90.000 litres d'eau. Ce système utilise 64% d'énergie de moins que les productions à partir de matériaux nouveaux et 50% d'eau en moins. La pollution de l'air engendrée est plus faible de 64%, et dix-sept arbres sont ainsi épargnés. En plus de cela, il crée cinq fois plus d'emplois. Pourtant, les usines sont réticentes à fabriquer du papier toilette à base de papier recyclé, la préférence des clients s'orientant davantage vers des produits ultra-moelleux, ultra-absorbants et ultra-confortables.
Maxi-Sciences

Le trafic très prospère des espèces menacées


Quelques-uns des 188 lézards protégés du type Uromastyx Geyri, saisis en septembre 2009 par les agents des douanes de l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle dans un chargement en provenance du Niger.

Le front de lutte est partout. En Espagne, où la garde civile a annoncé, vendredi 9 avril, avoir saisi plus de 2 500 spécimens empaillés ou congelés, parmi lesquels lynx et vautours. En Guyane, où les services des douanes françaises ont découvert, début avril, dissimulés dans des boîtes de pellicules photo, des dizaines de spécimens vivants de Dendrobates tinctorius, petites grenouilles strictement protégées par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (Cites), mais très recherchées pour leurs couleurs vives et leur venin. A Christchurch (Nouvelle-Zélande), où un ressortissant allemand a été condamné début mars à trois mois de prison pour avoir tenté de faire sortir du pays seize geckos, des reptiles protégés, d'une valeur marchande estimée à près de 100 000 euros.

A l'aéroport Paris - Charles-de-Gaulle, en février, les douaniers ont intercepté du lourd : deux pieds, une queue et deux défenses d'éléphant. Ce même mois, une vaste traque internationale coordonnée par Interpol visant le commerce illicite de médicaments traditionnels asiatiques a donné lieu à la saisie de milliers de produits prohibés (os et dents de tigre concassés, musc d'antilope himalayenne, extraits d'écailles de pangolin) d'une valeur de plus de 10 millions d'euros...

Le front de lutte est partout, et ses hérauts de mieux en mieux organisés. Ils ne contrôlent pourtant qu'une infime partie du gigantesque trafic mondial auquel donnent lieu les espèces menacées d'extinction, mortes ou vivantes, et de leurs produits dérivés.

Selon le WWF, le Fonds mondial pour la nature, il s'agirait de la troisième source illicite de revenus, après le trafic d'armes évalué à près de 900 milliards d'euros par an et le trafic de drogue (près de 300 milliards d'euros).

Le montant du trafic est quasiment impossible à évaluer, mais une chose est sûre : il rapporte gros. Au risque de sanctions relativement minimes : "De six mois de prison à 9 000 euros d'amende, que ce soit pour la cession ou la vente non autorisée d'une espèce, un défaut de certificat ou l'exploitation illicite d'un établissement d'élevage", précise le colonel Thierry Bourret. Chef de l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (Oclaesp), unité de la gendarmerie nationale créée il y a six ans pour combattre, notamment, le commerce illicite de la faune et de la flore sauvages, il évoque à propos de ce trafic une véritable "économie souterraine".

"Certains serpents, dits phasés, dont les couleurs ont été modifiées, peuvent être revendus 30 000 euros pièce, un couple de tortues Yniphora de Madagascar 90 000 euros. Un manteau en peau de chat léopard afghan s'est vendu à Paris 450 000 euros, et l'on connaît un collectionneur qui avait acheté pour 530 000 euros d'insectes", énumère-t-il. Du collectionneur du dimanche au mafieux pratiquant à grande échelle, le trafic de caviar, d'ivoire ou de civelle (l'alevin de l'anguille, vendu par dizaines de tonnes à l'Asie), en passant par la boutique d'aquariophilie ayant pignon sur rue, les acteurs de cette délinquance organisée sont innombrables. Comme le sont les devenirs des produits vendus. Animaux de compagnie, de collection, usages alimentaires ou pharmaceutiques... Mais aussi ornements de luxe et bizarreries en tout genre.

"Cherchez bien dans Paris, et vous trouverez des bracelets en poils d'éléphant", affirme le colonel Bourret. Avant d'évoquer le démantèlement, il y a quelques années, d'un réseau de fourreurs destiné à fournir des sous-vêtements féminins en peau de reptiles et des slips d'homme... en peau de chimpanzé. Si l'on ajoute à cela le fait qu'il s'agit de milieux très fermés et très techniques (il faut être un expert pour reconnaître certaines espèces de lézard ou de corail protégées de celles qui ne le sont pas), on perçoit mieux les difficultés rencontrées par les services de la police et de la douane.

"Des milliers de personnes rapportant chacune un ou deux spécimens à leur retour de vacances, cela finit par faire un volume considérable", précise Hubert Géant, directeur de la police à l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), où une brigade mobile d'intervention (BMI), en liaison avec les services départementaux, se consacre exclusivement aux espèces protégées par la Cites. A entendre Michel Horn, secrétaire général des douanes de Paris - Charles-de-Gaulle, le trafic "touristique" - le vacancier qui rapporte dans ses bagages, en souvenir, des coraux protégés ramassés sur une plage de Tahiti - serait plutôt en diminution, et les citoyens mieux informés des risques pesant sur la biodiversité.

"De là où nous sommes, nous n'avons cependant qu'une vague appréhension de l'ampleur du trafic", ajoute-t-il. Malgré la vigilance des douaniers et la formation de certains d'entre eux (par exemple pour attraper sans risque un serpent dans une cage), les saisies représentent sans doute une infime partie de ce marché international. Et le trafic illégal des espèces animales et végétales menacées d'extinction, après la destruction de leur habitat naturel, reste la deuxième cause de leur disparition.

Catherine Vincent
Le Monde

6 000 saisies en France

Réglementation La Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (Cites) réglemente le commerce de 5 000 espèces animales et de 28 000 espèces végétales. Selon le cas, celles-ci sont inscrites à l'annexe I (commerce totalement interdit, notamment pour les grands singes, les éléphants, la plupart des félins et des cétacés), à l'annexe II (commerce strictement réglementé et soumis à autorisation) ou à l'annexe III (mesures de sauvegarde particulières dans un ou plusieurs pays).

Contrôle En matière de trafic clandestin d'espèces protégées, la direction générale des douanes effectue chaque année, en France, plusieurs centaines de constatations d'infractions. En 2009, 6 005 spécimens ont été saisis, 77,8 kg d'ivoire, 758 animaux vivants, 615 kg de caviar et 1260 coquillages et coraux. En 2008, 9 273 spécimens avaient été saisis. Les services chargés du contrôle des voyageurs (et non du fret) enregistrent l'essentiel des infractions.

1,5 million de comptes Facebook mis en vente sur des forums Internet


Une page du réseau social Facebook.

Un hacker est parvenu à pirater 1,5 million de comptes Facebook, ont rapporté, samedi 24 avril, des chercheurs de Verisign. Celui qui se fait appeler "Kirllos"vendrait pour 25 dollars (18,75 euros) les mille profils ayant moins de dix amis, et pour 45 dollars (33,77 euros) ceux qui en comptent plus de dix. Selon le site spécialisé Mashable, sept cent mille comptes du réseau social, qui compte plus de quatre cents millions d'inscrits, auraient déjà trouvé preneur, auprès d'autres pirates informatiques.

Le piratage de comptes permet d'abord d'usurper l'identité d'une personne, mais aussi de la rendre plus vulnérable à des vagues de spams. En détournant le profil d'un utilisateur du réseau social, les pirates informatiques peuvent aussi propager des logiciels malveillants, et augmenter la taille des réseaux d'ordinateurs zombies (botnets). D'après Mashable, les forums où l'achat de ces comptes était possible sont désormais fermés.

RÉCIDIVISTE

Si peu d'informations ont filtré sur l'identité du hacker, selon le site eWeek, il "serait originaire de l'Europe de l'Est et parlerait russe". Mashable croit pour sa part savoir que le pirate informatique a 24 ans, et qu'il vit désormais en Nouvelle-Zélande. Sa méthode pour infiltrer les comptes du réseau social est également inconnue. Ce n'est toutefois pas la première fois que "Kirllos" fait parler de lui. Au début de l'année, il avait déjà mis en vente cent mille comptes sur des forums.

Quand un compte compromis est détecté par les administrateurs du réseau social, il est aussitôt fermé. Afin de se prémunir de ce genre d'usurpation d'identité virtuelle, il est important de changer régulièrement de mot de passe, de régler ses paramètres de confidentialité, et de ne pas accepter les messages provenant d'inconnus.

Le Monde.fr

Atteinte à la vie privée

Jennifer Stoddart, la commissaire à la vie privée du Canada, met en cause des modifications apportées à Facebook, qui permettent désormais à des tierces parties développant de nouvelles applications, de conserver indéfiniment les données personnelles des usagers. Auparavant, elles étaient tenues de les effacer après 24 heures. "Cette information sera emmagasinée indéfiniment et cela ouvre la porte à ce que beaucoup de gens fassent l'objet de chantage venant des quatre coins du monde", a-t-elle déclaré.

La course aux terres arables devient préoccupante


Les espaces agricoles sont devenus des actifs convoités : les Nations unies cherchent à encadrer ces investissements.

Depuis 2006, près de 20 millions d'hectares de terres arables auraient fait l'objet de négociations dans le monde, selon Olivier de Schutter, rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l'alimentation. Des transactions correspondant presque à la surface arable française.

L'hectare devient un actif à la mode pour des investisseurs comme le financier George Soros ou le fonds Altima, à l'affût d'une hausse durable des prix des denrées ou d'une volatilité accrue des marchés. Tout comme il est devenu un élément stratégique pour les pays soucieux s'assurer leur sécurité alimentaire.

Car d'ici à 2050, la production agricole doit croître de 70 % pour répondre à l'augmentation de la population, selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Mais cette offensive sur les terres ne se fait pas sans dérapages. Il devient nécessaire de cadrer ces investissements, dont certains peuvent déséquilibrer un pays, à l'image des visées du coréen Daewoo à Madagascar. C'est pourquoi, parallèlement aux travaux menés au sein des Nations unies, les Etats-Unis et le Japon organisent, dimanche 25 avril à Washington, une table ronde sur les "principes d'un investissement responsable dans l'agriculture".

"Il est nécessaire d'investir dans l'agriculture, mais attention, il faut un code de conduite pour les acquisitions, notamment dans les pays pauvres, qui n'ont pas les moyens politiques et économiques de défendre leurs intérêts", lance Jacques Diouf, le directeur général de la FAO, deux ans après avoir pointé les risques d'émergence d'un "néocolonialisme". La crise des prix des denrées alimentaires en 2008 a précipité vers les terres des investisseurs aux profils différents.

Aux fonds souverains d'Etats soucieux d'assurer leur stratégie d'approvisionnement, parmi lesquels les pays du Golfe ou la Chine, se sont ajoutés des investisseurs privés, locaux ou étrangers. "Les fonds et les investisseurs privés s'intéressent à la terre, car malgré la crise, ils disposent encore de réserves", explique ainsi Carl Atkin, de Bidwells Property, une société britannique de conseil dans le domaine foncier.

Ces acteurs n'en sont souvent qu'à leurs premiers pas, car "il y a un décalage entre les effets d'annonce et les investissements effectivement réalisés", souligne Patrick Caron, directeur scientifique au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad).

Les acquisitions de terres n'ont pas commencé avec la crise alimentaire de 2008. Mais leur rythme s'accélère, pointe M. de Schutter. L'Arabie saoudite a mis sur pied une société publique pour financer les entreprises privées du royaume qui achètent des terres à l'étranger. Les créations de fonds d'investissement spécialisés se multiplient. Et les élites locales, proches des gouvernements, entendent aussi profiter de l'attrait financier des terres. "En Ukraine, il y a peu d'étrangers sur ce secteur, mais plutôt des Ukrainiens et des Russes", souligne Charles Vilgrain, qui dirige AgroGeneration, une entreprise fondée par Charles Beigbeder pour investir dans la production de céréales et d'oléagineux en Ukraine.

DÉRAPAGES

L'investissement dans les terres arables n'est pas une chose simple et transparente. En Ukraine, les investisseurs étrangers peuvent louer les riches terres céréalières et non les acheter. En Afrique, sur une même terre peuvent se juxtaposer des titres de propriété formels et des droits coutumiers d'usage. "Les accords entre groupes sociaux ne sont pas toujours reconnus par le droit international ou par les acteurs politiques institutionnels", note M. Caron.

Pour éviter les dérapages au cours de ces investissements, l'ONU, la FAO et certains gouvernements essaient de trouver des principes d'encadrement de ces investissements qui protègent les petits producteurs.

"Souvent, tout se passe entre le gouvernement et une grande entreprise, regrette Ajay Vashee, président de la Fédération internationale des producteurs agricoles (IFAP). Il faut un dialogue avec les gens sur le terrain. Par ailleurs, des investissements bien encadrés peuvent apporter des bénéfices aux producteurs, avec des économies d'échelle dues à l'arrivée de sous-traitants des investisseurs, des retombées sociales avec la construction d'écoles ou de centres de santé et la création de contrats qui font travailler les petits fermiers."

Outre l'encadrement des acquisitions, une autre voie explorée est en effet celle du "contract farming", qui établit un contrat de longue durée et évite l'achat de la terre et la disparition des droits d'usage. "Le rôle des organisations paysannes est important pour l'expression des intérêts et des droits des producteurs auprès des Etats et des investisseurs", note Paul Mathieu, expert des questions foncières au sein de la FAO.

Reste à savoir comment et par qui le respect de ces principes sera assuré. L'implication des pays de l'OCDE, des nations en développement et des bailleurs de fonds, comme la Banque mondiale, paraît indispensable, mais difficile à obtenir.

Bertrand d'Armagnac
Le Monde

Le dugong, paisible mammifère marin, enrôlé par des Japonais contre une base américaine


Ils n'ont pas la majesté des baleines ou l'agilité des dauphins, et leur protection ne donne pas lieu à des mobilisations planétaires. Les dugongs, mammifères marins qui peuvent atteindre jusqu'à trois mètres de long et peser près d'une tonne, surnommés "vaches de la mer" car ils se nourrissent d'algues, sont une espèce menacée, inscrite par le Japon sur sa liste des "monuments naturels protégés" et protégée par la Convention de Washington sur les faunes et flores en voie de disparition.

Ces placides animaux pourraient bien mettre en échec le Pentagone... Ils sont en effet une pièce maîtresse du dossier des opposants au déplacement de la base militaire américaine de Futenma, sur l'île principale d'Okinawa - archipel subtropical du sud du Japon -, à Henoko, hameau de la côte orientale de celle-ci. Une question à l'origine d'un différend entre Tokyo qui hésite et Washington qui s'impatiente, demandant la mise en oeuvre de l'accord de transfert de 2006.
Cette nouvelle base doit être construite sur des terrains regagnés sur la mer turquoise de la baie d'Oura, fermée d'un récif de corail bleu, où viennent se nourrir une vingtaine de dugons. La majorité de ceux-ci vivent dans l'océan Indien ou au large de l'Australie, et il en subsiste quelques dizaines à Okinawa. Leur habitat en eau peu profonde est menacé par le tourisme et la pollution. Avec un taux de reproduction faible, ces siréniens ne seraient plus que 80 000 à travers le monde.

En 2008, un tribunal de San Francisco a donné raison à un groupe d'opposants d'Henoko qui invoquait le National Historic Preservation Act américain en statuant que le département de la défense viole les dispositions de celui-ci en ne tenant pas compte des effets de la construction de la nouvelle base sur une espèce protégée. "Jamais la justice américaine ne s'était prononcée sur une affaire hors du territoire des Etats-Unis. Si nous gagnons en appel, cela fera jurisprudence", commente Takaaki Kagohashi, avocat, membre de l'association des juristes pour l'environnement.

C'est au cours des études de faisabilité du projet de construction de la base dans la baie d'Oura qu'a été détectée, en 1997, la présence de dugons, que l'on croyait disparus des eaux d'Okinawa. Et leur protection est devenue le point focal de l'opposition des habitants, ranimant légendes et croyances ancestrales. De politique et écologique, le combat contre la base s'est chargé d'une dimension identitaire locale.

Avec leur nageoire caudale de forme triangulaire, les dugongs seraient à l'origine du mythe des sirènes. Dans le folklore japonais, ils sont les messagers du "Royaume de la Mer". Dans une crique du village d'Abu, un îlot rocheux planté d'un pin est connu des enfants : c'est là que se reposent les divinités de la Mer arrivées sur le dos d'un dugong pour rendre visite au monde des Hommes. Si ces derniers sont méchants avec eux, la Nature les venge avec des tsunamis... "Les dugongs doivent être protégés parce qu'ils sont en voie de disparition, mais aussi parce qu'ils ont une signification profonde pour le peuple d'Okinawa", dit Takuma Higashionna, membre du conseil municipal de Nago (dont dépend la localité d'Henoko) et secrétaire général du fonds de protection des dugongs.

Les femmes sont aussi actives dans la lutte contre la base : "Alors que les hommes vont au-delà des récifs coralliens pour pêcher, l'univers des femmes était à l'intérieur, là où vivent les dugongs, estime Mme Etsuko Urashima, membre de l'association de défense des dugongs. Les liens avec la mer se sont certes distendus. Mais les habitants sont conscients que l'on a déjà trop demandé à la nature."

Philippe Pons (Henoko, Japon, envoyé spécial)
Le Monde

En Tanzanie, les SMS facilitent la gestion des stocks

La faiblesse d'un front de lutte tient parfois à des détails tout bêtes. Aux ruptures de stocks de médicaments antipaludiques, par exemple. Pour limiter ce dysfonctionnement récurrent dans nombre de pays africains, la République-unie de Tanzanie a mis en place, en 2009, un projet pilote, pour une durée de cinq mois, dans trois districts (soit 135 villages) comprenant, au total, plus d'un million de personnes.

Mise en oeuvre grâce à la collaboration de Novartis, Vodafone, IBM, le Partenariat RBM (Rock Back Malaria) et le ministère de la santé tanzanien, cette initiative utilise le téléphone mobile, la technologie SMS et un logiciel de cartographie. L'ensemble étant employé pour suivre l'approvisionnement des établissements de soins et gérer au mieux les livraisons, y compris dans les zones les plus reculées.

Du jamais-vu

Le principe est simple. Chaque semaine, les contacts principaux de chaque établissement reçoivent des SMS automatiques les invitant à vérifier le niveau de leur stock d'antipaludiques, et à communiquer ces informations, toujours par SMS, à un système central de données. Celui-ci, quand nécessaire, demande ensuite la livraison de nouveaux médicaments à l'établissement de soins afin d'éviter toute rupture de stock. Le tout à l'aide d'une technologie peu onéreuse, largement disponible et d'usage facile.

Les résultats ? "Dès les premières semaines, les 47 établissements de soins d'un des trois districts disposaient de l'intégralité des stocks d'antipaludiques nécessaires au traitement des patients", rapportent les experts de Partenariat RBM. Du jamais-vu dans ce pays, où la moitié des 5 000 cliniques, hôpitaux et dispensaires étaient jusqu'alors susceptibles de se trouver, simultanément, en rupture de stock.

La République-unie de Tanzanie a décidé d'étendre à d'autres districts l'expérimentation de ce programme, pour lequel d'autres pays ont également manifesté leur intérêt. Programme qui pourrait à terme, s'il porte durablement ses fruits, concerner une palette plus large de produits et de médicaments essentiels.

C. V.
Le Monde

La carte bleue "islamique" divise au Canada


La carte iFreedom Mastercard, déclarée "conforme aux lois islamiques", divise les Canadiens.

Ce n'est encore qu'une niche potentielle mais elle soulève déjà des critiques : la carte bancaire "islamique", dont UM Financial, modeste institution financière de Toronto, a annoncé, début avril, le lancement au Canada puis aux Etats-Unis, inquiète, y compris les musulmans modérés.

La carte iFreedom Mastercard, proposée à tous les Canadiens, musulmans ou non, a été déclarée "conforme aux lois islamiques" par des experts de cette communauté, affirme le président d'UM Financial, le Canadien Omar Kalair. La charia "autorise le commerce mais pas l'usure", rappelle-t-il. De ce fait, ses clients potentiels "laissent dormir leur argent dans les comptes courants des cinq grandes banques du pays" car ils renoncent à des cartes de crédit, des prêts immobiliers ou des investissements financiers, à cause des intérêts sur dépôts ou prêts interdits par leur religion.

Cette carte "islamique", qui devrait être lancée aux Etats-Unis d'ici la fin de l'année, selon M. Kalair, est une carte prépayée, avec un plafond de 6 000 dollars canadiens (4 500 euros), sans intérêt, ni frais mensuels ou de transaction. Elle coûte 50 dollars pour deux ans, avec des avantages, dont une ristourne de 1 % en argent sur les achats de plus de 100 dollars et des rabais sur les vols de la compagnie aérienne des Emirats arabes unis, Etihad Airways.

RESPECT DES NORMES

Depuis 2004, UM Financial offre déjà des prêts immobiliers conformes aux préceptes de l'islam : l'institution joue le rôle d'intermédiaire pour acquérir un bien immobilier qu'elle loue ou revend au client, en échange de paiements sans intérêt mais assez élevés pour en retirer profit.
La banque espère un gros succès avec sa carte. Selon l'agence de notation Moody's, le marché mondial de la finance interdisant l'usure vaudrait près de 700 milliards de dollars américains (726 milliards d'euros) et pourrait quintupler dans les années à venir. Au Canada, la moitié des 850 000 musulmans, d'après un sondage, souhaiterait bénéficier de cartes de crédit et de prêts islamiques. D'après les projections, les musulmans devraient représenter 1,5 million de personnes en 2017, soit 5 % de la population du pays.

La Société canadienne d'hypothèque et de logement a estimé, fin janvier, qu'il n'y avait pas de raison d'empêcher des institutions privées d'offrir ce type de produit bancaire qui respecte les normes nationales.

L'innovation n'est toutefois pas du goût de tout le monde. Le Congrès musulman du Canada, qui dit représenter les progressistes de la communauté, estime que de tels services financiers risquent de marginaliser les musulmans. Le fondateur du Congrès, Tarek Fatah, y voit même la marque d'un "front financier du mouvement islamiste" qui abuse de la foi des plus vulnérables et les menace "d'aller en enfer s'ils font affaire avec des non musulmans".

Anne Pélouas (à Montréal)
Le Monde

Le génocide arménien admis par des intellectuels turcs


Photo du génocide arménien, prise à Alep en 1915.

« Dans mon enfance, tout ce que j'ai appris de mon grand-père, c'est qu'il était un pacha ottoman très important. Puis qu'il a été assassiné par un Arménien. Sans savoir pourquoi." Calmement, Hasan Cemal, éditorialiste influent du journal turc Milliyet, raconte son histoire familiale. Dans un coin de son bureau est punaisé un petit portrait en noir et blanc de son grand-père.

Son aïeul, Ahmet Cemal, dit Cemal Pacha, était, avec Enver et Talat, l'une des trois têtes du gouvernement nationaliste "jeune turc" au pouvoir à la fin de l'Empire ottoman. L'un des trois architectes du génocide des Arméniens d'Anatolie, lancé le 24 avril 1915 à Istanbul, et dont le 95e anniversaire est célébré samedi 24 avril. Comme tout Turc, Hasan Cemal n'a longtemps connu que le récit officiel des massacres : "A l'école et à l'université, on apprend que les Arméniens coopéraient avec les ennemis et qu'il fallait qu'ils soient déportés vers la Syrie. On ne sait rien de la réalité historique. La Turquie a été maintenue dans l'obscurité."

Les premiers écrits de l'historien Taner Akçam, au début des années 1990, ont ouvert une brèche dans cette politique du déni, à l'oeuvre depuis près d'un siècle. "Son courage a marqué un tournant, reconnaît M. Cemal, c'est lui qui a déverrouillé mon esprit. Puis c'est Hrant Dink [journaliste turc d'origine arménienne assassiné en 2007] qui a ouvert mon coeur. Aujourd'hui, les choses ont changé." Au point qu'en novembre 2009, le petit-fils de Cemal Pacha participait, à Harvard, à une conférence sur le génocide de 1915, pour raconter son cheminement personnel. En 2008, il s'est rendu à Erevan, où il s'est recueilli au mémorial du génocide. Il a aussi tenu à rencontrer le petit-fils de l'assassin de son grand-père, tué par un Arménien à Tbilissi, en 1922.

Le négationnisme officiel de l'Etat turc se fissure de l'intérieur. Pour la première fois, des manifestations publiques sont organisées, samedi à Istanbul, pour commémorer la rafle de 220 membres de l'intelligentsia arménienne, en 1915. Des rassemblements devant la gare d'Haydarpacha, d'où est parti le premier convoi de déportation, et sur la place Taksim, au coeur de la ville.

Bien sûr, les pressions se sont multipliées sur les organisateurs. A Ankara, une conférence organisée par l'association pour la liberté de pensée a été annulée au dernier moment. L'hôtel qui devait l'accueillir a prétexté des fuites d'eau dans le toit. Mais selon l'expression du politologue Cengiz Aktar, "les djinns sont sortis de leur bouteille", le tabou est levé. "Le temps de l'action est venu, explique l'auteur de L'Appel au pardon (éd. CNRS). Aujourd'hui en Turquie, il y a une tentative sérieuse de développer une politique de mémoire."

Un groupe d'intellectuels, dont Cengiz Aktar, est à l'origine d'une pétition, rédigée en 2008, demandant "pardon" aux Arméniens ottomans pour "la grande catastrophe qu'ils ont subie en 1915". Elle a été signée par plus de 30 000 citoyens turcs.

L'emploi de l'expression "grande catastrophe" plutôt que du mot "génocide" a provoqué un débat dans la communauté intellectuelle et a été diversement apprécié dans la diaspora arménienne. "Bien sûr que c'est un génocide, mais le mot ne passerait jamais. La reconnaissance par l'Etat comme préalable est irréaliste", répond M. Aktar.

Militante à l'association des droits de l'homme (IHD), Ayse Günaysu défend l'autre approche. "Sans reconnaissance officielle, rien ne peut se passer. C'est une position morale. Nous devrions tous ressentir cette honte", dit-elle. Un avocat d'Ankara a déposé, en mars, une action en justice pour demander la reconnaissance du génocide et la condamnation de Talat Pacha. Un procès est ouvert contre lui pour "insulte à la nation turque".

Depuis quelques années, les confrontations, directes ou indirectes, des intellectuels avec l'Etat turc se sont multipliées. En 2005, l'écrivain Orhan Pamuk s'était attiré les foudres de la justice pour avoir déclaré qu'"un million d'Arméniens et 30 000 Kurdes ont été tués sur ces terres". Deux ans plus tard, l'émotion déclenchée par l'assassinat du journaliste Hrant Dink ouvrait la voie à une remise en question de l'histoire officielle, d'une ampleur inédite.

Le débat s'invite sur les plateaux des émissions de télé ou dans les librairies. Les milieux culturels et de la recherche universitaire ont commencé à s'emparer du sujet. "On est dans la recherche d'un passé enfoui sous la superstructure de la République", constate Vincent Duclert, historien auteur de L'Europe a-t-elle besoin des intellectuels turcs ? (éd. Armand Colin). "Il y a en Turquie une vraie tradition d'intellectuels dissidents et une progression de la liberté de l'histoire, poursuit-il. La question est de faire baisser l'intensité du nationalisme qui nourrit le négationnisme."

Ce débat apporte la contradiction au discours officiel, présent sur les sites Internet des institutions turques et dans les médias. "Mais dans les villages, les gens ne sont pas dupes, note Cengiz Aktar. Ils savent que pendant des années, leurs champs n'ont pas pu être cultivés parce que le menuisier arménien n'était plus là pour réparer la roue de la charrue." Grâce à cette ouverture, les intellectuels ont pu porter de nouvelles questions sur la place publique. Celle du pardon, et aussi celle des réparations pour les spoliations dont les Arméniens d'Anatolie ont été victimes.

Guillaume Perrier


L'ombre des massacres

1896-1898 Massacres ordonnés par l'empereur Abdülhamit.

1909 Massacre de 30 000 Arméniens de Cilicie (Adana).

24 avril 1915 Arrestation de 220 intellectuels et artistes arméniens à Istanbul. Début des déportations et du génocide. 2006 Parution d'Un actehonteux : le génocide arménien et la question de la responsabilité turque, de Taner Akçam.

2010 La Turquie admet la mort d'environ 300 000 Arméniens à la suite de déportations, mais nie toute planification.

Le Monde

jeudi 22 avril 2010

Haïti : le séisme a fait entre 250 000 et 300 000 morts

Le violent séisme du 12 janvier a fait plus de 300 000 blessés et plus de un million de sans-abri, selon le représentant spécial de l'ONU en Haïti.

Le violent séisme du 12 janvier en Haïti a fait entre "250 000 et 300 000 morts", a indiqué jeudi 22 avril le chef de la mission des Nations unies dans le pays (Minustah), Edmond Mulet, lors d'une conférence de presse à Port-au-Prince. Les protection civile haïtienne évoquait jusqu'à présent le chiffre de plus de 220 000 morts.

La journée d'"hier a marqué le centième jour après le séisme dévastateur qui a fait entre 250 000 et 300 000 morts, plus de 300 000 blessés et plus de un million de sans-abri", a déclaré M. Mulet, représentant spécial de l'ONU en Haïti, lors d'une conférence de presse consacrée aux 100 jours du séisme.
Evoquant le processus de reconstruction du pays, il a estimé qu'"Haïti se trouvait sur la bonne voie" mais qu'il fallait "faire preuve d'un optimisme prudent". Il a ainsi appelé à ne pas "sous-estimer l'ampleur de la tâche et des défis auxquels est confronté Haïti", soulignant que "la reconstruction doit être dirigée par les Haïtiens".
LEMONDE.FR avec AFP

"Prison Valley", un webdocu sur l'industrie carcérale américaine


Capture d'écran du webdocumentaire "Prison Valley".

« Fremont County, Colorado, 36 000 âmes, 14 prisons, 7 731 condamnés." C'est le décor du webdocumentaire Prison Valley : une plongée dans une ville où la prison est une industrie comme une autre. Une industrie qui s'auto-alimente : les prisonniers fabriquent eux-mêmes des cellules.

C'était probablement le webdocumentaire le plus attendu de cette année tant sa sortie a été préparée avec soin et le buzz savamment entretenu. Tous les ingrédients étaient là : une ville effarante, un genre naissant – le webdocumentaire – et un travail journalistique et photographique de qualité. Dix-huit mois de travail ont été nécessaires au journaliste David Dufresne et au photographe Philippe Brault pour mener à bien ce "road-movie participatif" dans l'industrie de la prison. Il est produit par Upian et diffusé par Arte.tv.

L'ossature du webdocumentaire est un récit classique et linéaire de 59 minutes. Ce montage final a d'ailleurs été repris tel quel par la chaîne qui le diffusera à la télévision le 12 juin. Sur le Web, l'internaute a le choix : il peut regarder le film d'un bout à l'autre ou s'arrêter lorsque des bifurcations lui sont proposées. Portfolios sonores, forum, statistiques : autant de bonus où l'internaute peut s'égarer, avant de revenir à sa lecture.

LE MOT D'ORDRE : INTERACTIVITÉ

Le visiteur est d'abord invité à "prendre une chambre" dans le motel où le tandem avait établi son QG pendant le tournage. En s'enregistrant via une adresse email, il crée un compte qui active les bonus. Il peut aussi voir qui est connecté en même temps et chatter avec ces personnes. Dans Prison Valley, l'internaute est au centre des choix, mais aussi au centre des débats : le webdocu offre la possibilité d'échanger avec les protagonistes via des questions transmises par les journalistes. Sans le décalage horaire, l'échange aurait même pu se faire par chat. Une rencontre est néanmoins proposée tous les jeudis à 19 heures. Les réalisateurs espèrent convaincre l'Observatoire international des prisons (OIP), le ministère de la justice et un syndicaliste de répondre aux questions en ligne.

Pour assurer une visibilité à ce travail, des partenariats avec France Inter, Libération et Yahoo! ont été mis en place. Les sites de ces médias diffuseront quelques vidéos pour inciter à en voir plus sur celui d'Arte. Une application Iphone donnera accès aux premières minutes du film et aux portfolios.

"C'est une petite folie", aime plaisanter David Dufresne, ancien de Libération, passé un temps sur la chaîne I-télé. Le coût de cette folie : 230 000 euros pour la seule partie Web. Outre les 90 000 euros d'aide à la production pour les nouveaux médias du Centre national du cinéma (CNC), Arte et Upian ont financé chacun 70 000 euros. Le premier comme co-producteur, le deuxième sur fonds propres. Pour l'heure, les comptes ne sont pas bouclés : les ventes internationales du documentaire télé et le livre à paraître pourraient venir équilibrer le budget. L'équipe espère atteindre deux millions de visiteurs pendant la période dite de diffusion, du 12 avril au 29 juin.

Marianne Rigaux
Le Monde

mardi 20 avril 2010

Le volcan utilisé pour diffuser des virus informatiques

faux antivirus tente de se faire passer pour une alerte légitime de Windows.

L'éditeur d'antivirus Panda security révèle que plusieurs faux sites ont été mis en place pour tenter d'attirer les internautes à la recherche d'informations sur l'éruption volcanique islandaise et ses conséquences. Lorsque l'internaute se connecte à l'un de ces sites, un virus se faisant passer pour un logiciel antivirus tente de s'installer sur son ordinateur.

Ciblant les internautes anglophones, ces sites, tous construits sur le même modèle, forment un réseau lié pour bénéficier d'un meilleur référencement dans les moteurs de recherche. Certains des sites, qui existent depuis longtemps, semblent héberger les pages malveillantes à l'insu de leurs administrateurs. Ils peuvent apparaître sur la première page de résultats lors de recherches comme "Iceland Volcano News" ou "Iceland Volcano Images". Un antivirus à jour permet cependant de détecter la tentative d'installation.

Le Monde.fr

Steve Jobs entend préserver l'App Store de contenus pornographiques

« Nous pensons que nous avons la responsabilité morale de maintenir les contenus pornographiques hors de l'iPhone", aurait répondu, dans un email, Steve Jobs le responsable d'Apple, à un client l'interrogeant sur la politique de contrôle des applications du terminal mobile."Les gens qui veulent du porno n'ont qu'à acheter des téléphones sous Androïd", aurait-il ajouté, selon un article du site spécialisé Techcrunch, publié lundi 19 avril.

Alors qu'Apple modère a priori les contenus disponibles sur son magasin en ligne, les terminaux disposant de l'Androïd Market de Google, font l'objet d'une éventuelle suppression a posteriori. En marge de sa présentation de la version 4 du système d'exploitation de l'iPhone, Steve Jobs avait déjà déclaré qu'il existait "un porn store" pour Android. "N'importe qui peut les télécharger. Vous pouvez le faire, des enfants peuvent le faire. C'est une voie dans laquelle nous ne voulons pas nous engager", avait-il lancé.

CENSURE D'UN CARICATURISTE

Les propos imputés au PDG d'Apple interviennent après une polémique suscitée par le refus d'une application d'un caricaturiste. Pour motiver ce refus, Mark Fiore, Prix Pulitzer du dessin de presse, avait reçu, fin décembre, un courriel de la firme de Cupertino affimant que son application NewToons "cont[enait] des éléments qui ridiculisent des personnages publics". "L'application de Fiore sera dans le magasin virtuel prochainement. C'était une erreur", semble désormais reconnaître Steve Jobs dans sa correspondance.

Ce n'est toutefois pas la première fois que les modalités de rejet d'applications sur l'App Store suscite des interrogations. Au mois de février, le développeur Jon Atherton, rapportait que pas moins de 5 000 applications, à caractère "érotique", sur plus de 140 000, devaient être supprimées, de manière rétroactive. Les critères retenus par la firme semblaient très vagues : interdiction des femmes en bikini, pas de suggestions des parties du corps féminin, etc.

Le Monde.fr

De l'envoi massif à l'attaque ciblée, le cycle de la cybercriminalité

La cybercriminalité est en constante évolution, mais pas seulement du point de vue technique : c'est l'un des principaux enseignements du rapport annuel de l'éditeur de logiciels de sécurité Symantec, qui dresse un panorama de l'évolution des menaces informatiques sur l'année écoulée. L'entreprise note, comme chaque année, la démultiplication des astuces techniques (comme l'utilisation de virus "uniques", adaptés à une seule attaque), mais les données recueillies montrent également que la cybercriminalité tend à respecter des cycles, qui suivent le développement de l'Internet à haut débit dans les pays.

Dans un premier temps, les pays qui développent massivement leur infrastructure d'accès au Web connaissent une importante utilisation des courriels non sollicités, ou "spam", ces messages qui peuvent tenter de convaincre l'internaute de télécharger une pièce jointe contenant un programme malveillant. Ils peuvent également inciter l'internaute à cliquer sur un lien le renvoyant sur un site Web malveillant, qui tentera d'installer un logiciel permettant soit d'espionner la machine, soit d'en prendre le contrôle.

LE SPAM DANS LES PAYS ÉMERGENTS

Ces attaques par envoi massif de courriels se sont fortement développées au cours de l'année écoulée dans les pays qui ont rapidement déployé leur réseau Internet, comme le Brésil ou l'Inde. Dans la plupart des pays où le Web est très développé, elles sont en revanche en régression : les Etats-Unis, qui concentraient il y a quelques années 60 % des attaques de type "hameçonnage" ("phishing", le fait de tromper l'internaute en se faisant passer pour un site ou un courriel légitime), n'en représentent plus que 36 %, d'après les chiffres de Symantec. "Dans ces pays, l'internaute a évolué, estime Laurent Heslaut, responsable technologie Europe de l'entreprise. Il sait en général qu'une pièce jointe peut représenter un risque, il est plus méfiant, et il utilise davantage une version à jour de Windows ou un logiciel antivirus. Dans les pays émergents, l'utilisation de copies pirates de Windows XP, qui ne peuvent bénéficier des mises à jour de sécurité, est très répandue ; l'utilisation d'un antivirus l'est beaucoup moins."

Dans les pays très connectés, les attaques très larges, où l'on tente de piéger un très grand nombre d'internautes, semblent laisser en partie la place à des attaques très ciblées, visant par exemple une entreprise unique. Symantec a ainsi répertorié 90 000 versions différentes de Zeus, un logiciel permettant de créer un réseau d'ordinateurs zombies ("botnet") contrôlés à distance, chacune "personnalisée" et utilisée dans un but précis. Fin 2009, c'est également une attaque très ciblée qui a permis à un ou des pirates de s'introduire dans le cœur du réseau de Google : c'est grâce à un lien envoyé directement par messagerie instantanée à un employé de Google Chine que les intrus ont pu installer un logiciel-espion sur sa machine, ce qui leur a ouvert les portes du réseau.

Pour les pirates, il s'agit d'un calcul de rentabilité. Les courriels non-sollicités sont très peu ouverts ; mais sur la masse de spams envoyés – 107 milliards par jour, selon Symantec – il suffit d'un faible pourcentage d'ouverture pour que la pratique soit rentable. A l'inverse, les attaques ciblées sont plus risquées, mais potentiellement bien plus rémunératrices. Le calcul entre le risque et les bénéfices explique aussi pourquoi le nombre de grandes attaques sur les réseaux sociaux de type Facebook n'a pas explosé, même s'il est en nette augmentation. "Pour l'instant, ces attaques ne semblent pas très rémunératrices. D'après nos observations, elles sont essentiellement utilisées pour récupérer des informations sur des personnes précises, qui sont ensuite utilisées pour forger des attaques ciblées", détaille Laurent Heslau.

Damien Leloup
Le Monde

Cisjordanie : l'Autorité palestinienne accuse Israël de chantage sur l'accès à l'eau


De gauche à droite : le secrétaire d'Etat français aux affaires européennes, Pierre Lellouche, le secrétaire d'Etat espagnol de l'environnement et des affaires rurales, Josep Puxeu, l'ambassadeur égyptien en Espagne, Mootaz Ahmadeir, et le secrétaire général de l'Union pour la méditerranée (UMP), Ahmad Masa'deh, à la conférence de l'UMP sur l'eau, le 13 avril 2010.

Shaddad Al-Attili, ministre de l'eau de l'Autorité palestinienne, savait d'avance que le refus israélien d'accepter toute référence aux "territoires occupés" palestiniens rendrait très aléatoire l'adoption d'une stratégie de l'eau à Barcelone, lors de la conférence de l'Union pour la Méditerranée (UPM) qui s'est tenue le 13 avril. La veille de son départ, il faisait part de sa colère : "Nous ne sommes pas un Etat, nous ne sommes pas un "territoire occupé", nous ne sommes donc rien ?"

De retour à Ramallah, il est amer face à cette "nouvelle crise" et ne voit pas à quoi pourrait servir le sommet des chefs d'Etat de l'UPM, prévu en juin. "Nous avons travaillé huit mois pour mettre au point une stratégie de l'eau, ajoute-t-il. C'est une honte que l'Espagne ait accepté de rouvrir le projet de texte final accepté par 41 délégations !"

S'agissait-il, de toute façon, d'un échec annoncé ? Le 7 avril, le ministre israélien des infrastructures, Uzi Landau, avait déclaré que si les Palestiniens "continuent à déverser leurs eaux usées et à polluer les rivières et la nappe aquifère, Israël cessera de leur fournir de l'eau". Les autorités israéliennes affirment que 73 % des eaux usées par les Palestiniens ne sont pas traitées, alors que 70 % des eaux utilisées par les quelque 300 000 colons vivant en Cisjordanie le sont.

Or, si les Palestiniens acceptent que leurs villages soient reliés au réseau national israélien, ils refusent qu'il en soit de même pour les "blocs de colonies" situés en Cisjordanie, parce que ce serait reconnaître l'annexion. Shaddad Al-Attili rappelle, en outre, que les autorités israéliennes refusent toutes les demandes palestiniennes de création d'usines de retraitement des eaux usées. Au sein de la commission conjointe sur l'eau, elles conditionnent l'octroi de permis aux Palestiniens à leur approbation des projets pour les colonies.

"Quinze ans après l'accord intérimaire d'Oslo, je dois encore demander la permission à Israël pour creuser un puits en Cisjordanie ! Non seulement Israël nous vole l'eau à laquelle nous avons droit, mais nous sommes obligés d'acheter la sienne !", tempête M. Attili.

RESSOURCES SUREXPLOITÉES

L'inégalité de l'accès à l'eau est une donnée fondamentale du conflit israélo-palestinien. Depuis la guerre de 1967, les Palestiniens n'ont pas accès aux eaux du Jourdain et l'Etat juif exploite 80 % des ressources de la principale nappe phréatique cisjordanienne, n'en concédant que 15 % aux Palestiniens. S'il est vrai que ceux-ci surexploitent les ressources à leur disposition, la consommation par habitant de Cisjordanie est de 22 m3 par an, contre 120 m3 pour un Israélien.
Or cette disparité ne peut que s'aggraver : la population palestinienne progresse d'environ 3,4 % par an contre 1,8 % pour Israël (en comptant les Arabes-Israéliens). A cette pression démographique s'ajoute l'augmentation des besoins engendrée par la croissance économique que connaît la Cisjordanie : l'Etat juif affirme encourager cette "paix économique", mais n'en tire aucune conséquence pour l'accès à l'eau, condition du développement.

En partenariat avec "Le Monde", retrouvez l'Expédition RTL consacrée à "l'accès à l'eau au Proche-Orient" dans toutes les sessions d'informations de la station du lundi 19 avril. Les reportages sont rediffusés sur rtl.fr.

Laurent Zecchini
Le Monde

En 1783, le Laki, volcan islandais, plonge l'Europe dans le chaos...


Vue du cratére le Laki, en Islande.

Il y a un peu plus de deux siècles, des nuées insalubres venues d'Islande ont jeté la désolation sur l'Europe. Comme aujourd'hui, experts et politiques se sont interrogés sur les réponses à donner à un tel cataclysme. En 1783, le volcan en cause était le Laki. L'historien Emmanuel Garnier (CRHQ, CNRS-université de Caen), délégué auprès du Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (LSCE), retrace, dans Les Dérangements du temps : 500 ans de chaud et froid en Europe (Plon, 2010), un épisode qui selon lui marque "l'acte de naissance de l'Etat providence en France".

L'éruption du Laki, du 8 juin 1783 à février 1784, fut bien plus importante que celle à laquelle nous assistons. En Islande, c'est l'hécatombe : 80 % des moutons, la moitié des bovins et des chevaux périssent de fluorose, bientôt suivis de 20 % de la population, réduite à la famine. "Certains historiens rapportent qu'un couple d'homosexuels aurait été offert en sacrifice expiatoire", raconte l'historien.

Bien avant que la nouvelle ne parvienne en Europe, le nuage y fait sentir ses effets délétères. Le dioxyde sulfurique présent dans la brume attaque le système respiratoire des plus faibles. En Angleterre, selon le géographe John Grattan, la surmortalité est 30 % supérieure à la moyenne. En France, les registres paroissiaux révèlent un taux identique, "notamment chez les enfants de 1 à 8 ans, dans toutes les couches sociales", indique Emmanuel Garnier.

L'Observatoire de Paris et l'Académie des sciences, nés en 1670, mais aussi la toute jeune Société royale de médecine (1778) sont mobilisés. On fait voler moult cerfs-volants dans les nuées, porteurs de morceaux de viande qui redescendent à terre "corrompus". Des mesures prophylactiques sont édictées, mais, au total, 160 000 personnes auraient succombé en Europe.
C'est ensuite le climat qui se déchaîne, à cause des poussières qui masquent le Soleil : l'hiver, précoce, est particulièrement rigoureux, suivi d'un redoux subit qui occasionne des inondations sur tout le continent.

Le pouvoir royal débloque 3 millions de livres pour aider les victimes, soit 1 % du budget de l'Etat. L'image de Louis XVI "le Bienfaisant" en sort renforcée. Le Laki ne serait donc pour rien dans la Révolution française ? C'est là un "serpent de mer porté par les Anglo-Saxons et les géologues", indique Emmanuel Garnier, pour qui les orages des 13 et 14 juillet 1788 ayant ravagé les cultures céréalières sont plus en cause que le volcan assoupi.

Hervé Morin
Le Monde
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