La Coupe d'Afrique des Nations (CAN) a commencé à Luanda, en Angola, dimanche 10 janvier, par un match d'ouverture spectaculaire entre le pays hôte et le Mali (4-4). Au même moment, l'équipe du Togo quittait l'enclave du Cabinda. C'est dans ce bout de terre, situé au nord de l'Angola, qu'elle devait, lundi, rencontrer le Ghana pour son premier match. C'est dans cette enclave - un des quatre sites où se déroule la CAN jusqu'au 31 janvier - que des joueurs togolais ont "frôlé la mort".
Vendredi, les Eperviers ont été victimes d'une fusillade revendiquée par les Forces de libération de l'Etat du Cabinda-Position militaire (FLEC-PM). Leur bus a été mitraillé lors du franchissement de la frontière entre le Congo-Brazzaville et l'Angola. Bilan : deux morts - le chargé de communication Stanislas Ocloo et l'entraîneur-adjoint Abalo Amelete - et neuf blessés.
"ACTE DE TERRORISME"
Issa Hayatou, président de la Confédération africaine de football (CAF) - l'organisatrice de la compétition - a fait part de "son profond désarroi (...). Vous (les Togolais) étiez venus pour le sport et c'est la mort que deux de vos frères ont rencontrée". Son porte-parole, Souleiman Habuba, s'étonnait, de ce que le Togo soit la seule équipe à s'être rendue en Angola en bus et non par avion. Antonio Bento Bembe, ministre chargé des affaires du Cabinda, a qualifié la fusillade d'"acte de terrorisme".
Immédiatement après la fusillade, la sélection du Togo a affirmé qu'elle quittait la compétition. Le lendemain, les Eperviers ont souhaité revenir sur leur décision. "En mémoire de ses disparus, l'équipe nationale a décidé de participer à la CAN, assure l'attaquant Thomas Dossevi. On a tous très mal au coeur (...), mais nous avons envie de montrer nos couleurs, nos valeurs et que nous sommes des hommes." Mais le gouvernement togolais - qui a décrété trois jours de deuil national - a dépêché un avion, dimanche soir, pour ramener les joueurs.
La fusillade du Cabinda est le deuxième incident majeur en Afrique lors d'une compétition de football. Le 14 novembre 2009, le bus de la sélection algérienne avait été caillassé en arrivant au Caire. Le match qualificatif pour la Coupe du monde 2010 avait été maintenu face à l'Egypte malgré des joueurs blessés.
Pour la Fédération internationale de football (FIFA) - qui organise dans cinq mois son premier Mondial sur le Continent noir en Afrique du Sud -, il n'y a pas lieu de dramatiser. Elle rappelle qu'elle a organisé trois compétitions majeures en 2009 en Afrique et "que tout s'est bien passé". "Il ne faut pas comparer l'Angola et l'Afrique du Sud, explique le Franco-sénégalais Pape Diouf, ex-président de l'Olympique de Marseille, présent à Luanda. Au Mondial, il faudra redouter la délinquance."
A son arrivée, dimanche soir, à Lomé, l'équipe du Togo a fait savoir qu'elle souhaitait toujours concourir. Elle a demandé aux organisateurs un aménagement du calendrier pour permettre une participation dans le groupe qui rassemble, en outre, le Ghana, le Burkina Faso et la Côte d'Ivoire.
Mustapha Kessous
LE MONDE 11.01.10
Un demi-siècle de luttes
XIXe siècle. Afin de ménager une fenêtre maritime au Congo belge, le territoire du Cabinda, sous influence portugaise, est isolé de l'Angola.
1954. Début de l'exploitation pétrolière. Premiers mouvements indépendantistes revendiquant l'unification du peuple Bakongo, divisé entre trois pays par le colonisateur.
1975. Indépendance de l'Angola qui inclut Cabinda.
2006. Des factions indépendantistes signent un accord avec Luanda.
8 janvier 2010. Une fusillade vise l'équipe de football du Togo à la veille de l'ouverture de la Coupe d'Afrique des Nations.
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