dimanche 31 janvier 2010

Les ressources du Grand Nord intéressent la Chine

La Chine souhaite de plus en plus prendre sa place dans le cercle très exclusif des pays arctiques. Une nouvelle preuve, s'il en fallait, de l'intérêt croissant suscité par cette région du monde qui recèlerait près d'un quart des ressources non prouvées en hydrocarbures, que la fonte de la banquise rendra de plus en plus accessible. Après la Chinafrique, la Chinarctique ? La présence inédite d'un officiel chinois à la conférence "Arctic Frontiers", quatrième du genre, qui s'est tenue fin janvier à Tromsø, ville universitaire norvégienne au-delà du cercle polaire, a été en tout cas interprétée par les comme la volonté de Pékin de peser dans la région.

La Chine a déjà conduit trois expéditions scientifiques depuis 1999 et en réalisera une quatrième en 2010. Selon certains, cette présence sert aussi à rassembler des données scientifiques utiles aux Chinois pour consolider leur position lors des négociations climatiques mondiales en cours et à venir. "Pour la Chine, les deux questions les plus importantes sont le changement climatique et les futures voies de navigations qui passeront par l'océan Artique, a expliqué au Monde Tang Guoquiang, ambassadeur de Chine en Norvège, après s'être adressé à l'ensemble des participants à la conférence. "Pour les pays non arctiques comme la Chine, ce sont aussi les deux sujets qui justifient que nous ayons notre mot à dire", a-t-il précisé.

"Le discours de l'ambassadeur Tang Guoquiang aurait pu être prononcé par n'importe quel dirigeant occidental", a écrit le lendemain Asbjørn Jaklin, éditorialiste d'un quotidien norvégien, relevant que le diplomate avait parlé changement climatique, développement durable, recherche polaire et coopération internationale. Pour Oral Young, chercheur américain spécialiste des pôles, "il ne fait aucun doute que les Chinois sont avant tout intéressés par les ressources".

Depuis 2007, la Chine est une observatrice informelle des réunions du Conseil arctique, une organisation intergouvernementale basée à Tromsø, qui rassemble les huit pays arctiques, dont les cinq plus importants sont ceux riverains de l'Océan arctique, c'est-à-dire la Russie, le Canada, le Danemark (via le Groënland), les Etats-Unis et la Norvège.

"La Chine reconnaît la souveraineté de ces cinq pays et c'est un point essentiel", a noté Hans Corell, un ancien conseiller juridique des Nations unies. Elément tout aussi important : la Chine ne réclame pas de traité spécifique pour la région, se rangeant à l'avis des pays arctiques qui estiment que l'actuelle convention internationale sur le droit de la mer signée à Montego Bay (Jamaïque) en 1982, est tout à fait adaptée. "Cette convention n'est pas suffisante, réplique Greenpeace, car elle ne prévoit aucune protection s'agissant des activités industrielles qui sont aujourd'hui en train d'être planifiées."

La Chine réclame toutefois, à l'instar de l'Union européenne (UE), un poste d'observateur permanent au Conseil arctique tel qu'en disposent déjà six pays dont la France. Officiellement, les pays arctiques sont largement ouverts à la coopération internationale. "Nous voulons accueillir les pays qui le souhaitent comme observateurs afin qu'ils ne sentent pas le besoin de créer une autre structure", a indiqué Erik Lahnstein, secrétaire d'Etat au ministère norvégien des affaires étrangères, chargé du Grand Nord. En réalité, les portes restent fermées pour l'instant. "Les cinq pays riverains tentent de maintenir les autres à distance", confie Mads Christensen, directeur de Greenpeace dans les pays nordiques.

PLUS PRAGMATIQUE

De fait, les cinq grands de l'Arctique font traîner, répétant tous qu'il n'y a en rien besoin d'un traité arctique, pourtant réclamé en 2008 par le Parlement européen ou par des organisations écologistes comme Greenpeace ou le WWF. L'objectif des députés européens est de protéger la région, menacée par le trafic maritime et l'intérêt accru pour ses réserves potentielles de gaz et de pétrole. Mais un traité international augmenterait l'ingérence des autres pays dans la gestion des affaires de la zone, ce que ne souhaitent pas les membres du Conseil arctique.

En déclarant un tel traité non nécessaire, la Chine adopte une approche plus pragmatique. Pékin reste, en revanche, plus évasif sur la protection des populations autochtones. Contrairement à l'Union européenne, en conflit ouvert avec ces dernières après avoir interdit en 2009 l'importation des produits dérivés du phoque, les privant d'une source de revenus importante.

Olivier Truc
Tromsø, Envoyé spécial
LE MONDE 30.01.10

Un constructeur chinois accuse Apple de contrefaçon

C'est un peu le monde à l'envers : un constructeur chinois, Shenzhen Great Loong Brother Industrial, a accusé jeudi Apple d'avoir plagié pour sa tablette iPad le modèle P88 de la firme chinoise, sorti en octobre. "Je ne comprends pas. Pourquoi ont-ils fait le même produit que nous ?", s'interroge le directeur de l'entreprise.

En pratique, si les deux modèles se ressemblent, la version chinoise est assez différente de celle d'Apple : disque dur de 160 gigas contre mémoire flash, présence de ports USB, processeur plus puissant, utilisation de Windows et une batterie de moindre qualité (une heure et demie contre dix heures annoncées pour le modèle d'Apple).

L'accusation de plagiat est assez ironique, sachant que la Chine, considérée comme l'un des paradis mondiaux de la contrefaçon, produit notamment de très nombreux clones à bas prix de l'iPhone. Et si le design des deux produits est proche, les tablettes sont par définition des objets relativement épurés. Une bonne partie des multiples modèles déjà disponibles ou en préparation se ressemblent.

LE NOM DÉJÀ DÉPOSÉ

Apple pourrait toutefois être confronté à des problèmes plus importants concernant la marque iPad. Le constructeur japonais Fujitsu commercialise un produit sous la marque "iPAD" depuis 2002 aux Etats-Unis. Il s'agit d'un terminal numérique portable pour les commerces, destiné à faciliter la consultation des prix et des stocks à tout moment, en tout lieu d'un magasin.
Une filiale américaine de Fujitsu a déposé en mars 2003, avant Apple, une demande d'enregistrement pour cette dénomination iPAD, laquelle n'a pas encore abouti. Apple est censé dire avant le 28 février s'il s'oppose à la demande d'enregistrement du nom par Fujitsu, selon la presse nippone. Fujitsu, de son côté, n'a pas encore décidé s'il lancera une quelconque action à l'encontre d'Apple, selon le porte-parole.

Le nom "iPad" a par ailleurs été déposé auprès des autorités japonaises par la société américaine Slate Computing pour une large gamme de produits électroniques, allant des ordinateurs aux métronomes en passant par des jouets ou téléphones portables. Le conglomérat industriel allemand Siemens a lui aussi enregistré au niveau international la marque "iPAD" pour des moteurs et micro-moteurs électriques, composants de divers produits, selon le registre japonais des marques.

LEMONDE.FR avec AFP 29.01.10

iPad: séduisant mais pas (encore) bouleversant

L’iPad est suffisamment séduisant pour que j’aie envie d’en avoir un (plutôt dans ses versions futures). En attendant il fournit un bel exemple de couverture médiatique biaisée par l’intérêt direct des médias. En pleine crise ils mordent l’hameçon joliment tendu par Steve Jobs et nous laissent entendre que l’appareil est génial parce qu’il va permettre de faire payer l’accès aux sites d’information. Pas si simple.

continuer : http://pisani.blog.lemonde.fr/2010/01/29/ipad-seduisant-pas-pas-encore-bouleversant/

samedi 23 janvier 2010

Dmitri Medvedev, photographe hors de prix

La photographie prise par Dmitri Medvedev du Kremlin de Tobolsk (Sibérie) a été vendue aux enchères, le 16 janvier à Saint-Pétersbourg, pour 1,2 millions d'euros.

Même s'il est sans doute le photographe le plus cher de son pays, il est contraint d'exercer un second métier : Dmitri Medvedev est président de la Fédération de Russie. Un emploi qui lui permet d'emprunter l'hélicoptère et d'effectuer des prises de vue : une a été vendue aux enchères, le 16 janvier à Saint-Pétersbourg, pour 1,2 million d'euros. C'est un record pour un homme politique en exercice. Son prédécesseur, Vladimir Poutine, auteur d'un collage représentant la fenêtre verglacée d'une isba, avait atteint, en 2009, 868 000 euros. Il est vrai qu'il n'est que premier ministre.

En vendant une de ses photographies 1,2 million d'euros, Dmitri Medvedev devient le photographe le plus cher de l'histoire de la Russie.


La photographie de Medvedev représente le Kremlin de Tobolsk, une ville de Sibérie. C'est l'une des dernières étapes du tsar de Russie, Nicolas II, avant son exécution et celle de sa famille en 1918, précise le quotidien The Moscow Times, qui ne dit pas si le président entend faire passer un message. L'œuvre a été achetée par Mikhaïl Zingarevich, qui préside Illim, une entreprise de bois et de papier, dont Medvedev fut administrateur dans les années 1990, alors qu'il était avocat. L'enchérisseur veut accrocher l'oeuvre dans son bureau. La vente a réalisé 1,9 million d'euros, ce qui donne la mesure de la contribution de M. Medvedev. La somme doit permettre d'aider un hôpital pour enfants, la construction de logements pour vétérans de la seconde guerre mondiale et la lutte contre l'alcoolisme.

Harry Bellet
LE MONDE 23.01.10

Remises de peine contre cours de yoga dans les prisons indiennes

Un sadhu fait des exercices de yoga, près du Gange dans la ville d'Allahabad, au nord du pays.

Les détenus indiens qui suivent des cours de yoga seront libérés plus vite de prison, les séances leur permettant d'améliorer la maîtrise d'eux-mêmes et de réduire leur agressivité, ont annoncé jeudi les autorités d'un Etat du centre de l'Inde.

Pour trois mois d'apprentissage du salut au Soleil, d'exercices de respiration et de postures d'équilibre, le détenu verra sa peine réduite de quinze jours, a déclaré l'inspecteur général des prisons de l'Etat de Madhya Pradesh, Sanjay Mane. "Le yoga est bon pour maintenir en forme, tempérer le comportement, contrôler la colère et réduire le stress", a-t-il ajouté. "Lorsqu'un détenu suit des cours de yoga et qu'il remplit certaines autres conditions, il sera alors présenté pour une remise de peine si le responsable de la prison recommande son dossier."

Suivre des cours de littérature et réussir des examens scolaires pourrait aussi être un plus pour une libération anticipée, a ajouté M. Mane. Environ 400 détenus ont signé ce programme pilote testé au centre pénitentiaire de la ville de Gwalior.
Des écoliers pratiquent le yoga à Ahmedabad, dans l'ouest de l'Inde.

Washington et Pékin s'affrontent sur Google

L'affaire Google intervient au moment où Pékin donne un tour de vis – très mal ressenti – sur l'Internet chinois

Alors que Google dit poursuivre ses discussions avec les autorités chinoises sur sa présence en Chine et a repoussé l'introduction sur ce marché de deux téléphones portables de Samsung et Motorola munis de la plate-forme mobile Google Android, les tensions sont montées d'un cran entre la Chine et les Etats-Unis autour des cyberattaques dont la société californienne et une trentaine d'autres firmes américaines ont été la cible ces derniers mois. Le président Barack Obama s'est dit "préoccupé" par ces attaques, vendredi 22 janvier. La veille, Hillary Clinton avait souligné, dans un long discours sur la liberté de l'Internet, qu'"un nouveau rideau d'information est en train de descendre sur une grande partie du monde". La secrétaire d'Etat s'est félicitée que "les sociétés américaines intègrent dans leur gestion une attention croissante au problème de l'Internet et de la liberté d'information ".

En réalité, le dossier à charge des cyber-attaques chinoises contre l'administration ou des sociétés américaines est plus accablant que ne le suggère l'affaire Google. De nombreux rapports publiés aux Etats-Unis par des centres de réflexion l'attestent. S'ils ne peuvent apparaître au grand jour dans les relations diplomatiques – le délit d'effraction informatique est difficilement attribuable à un Etat –, tous relèvent la montée en puissance de la menace chinoise, à des fins stratégiques, de piratage industriel ou technologique, et de surveillance d'opposants.

Mme Clinton a aussi fait allusion à la Tunisie, l'Ouzbekistan, l'Egypte, l'Iran, l'Arabie saoudite et le Vietnam. Son allusion au "rideau de fer" et à une nouvelle guerre froide a déclenché la riposte immédiate de Pékin contre la rhétorique jugée impérialiste des Etats-Unis. Le porte-parole du ministère des affaires étrangères, Ma Zhaoxu, a jugé que les propos de la chef de la diplomatie américaine "sont faux" et qu'"ils portent atteinte aux relations sino-américaines".

"La campagne des Etats-Unis pour des flux libres et non censurés d'information sur un Internet sans restriction est une tentative déguisée d'imposer leurs valeurs aux autres cultures au nom de la démocratie", assène l'éditorial de la version anglaise du Global Times. Le quotidien estime que Mme Clinton a oublié de dire que "la grande partie de l'information en provenance des Etats-Unis et des autres pays occidentaux est chargée d'une rhétorique agressive contre tous les pays qui ne suivent pas leur leadership".

"LIBERTÉ D'EXPRESSION"

Même si des diplomates chinois et américains se sont entretenus à plusieurs reprises, vendredi, la tension reste vive. Les déclarations de Mme Clinton tranchent sur le ton jusqu'à présent conciliant adopté par l'administration Obama sur les droits de l'homme.

En matière d'information, elle annonce une course aux armements d'un genre nouveau. La Chine pourrait en faire les frais, même si les sociétés américaines sont aussi les premières à lui vendre les instruments technologiques permettant la censure.

Les Etats-Unis s'engagent, en effet, à "soutenir le développement de nouveaux outils qui permettent aux citoyens d'exercer leurs droits à la liberté d'expression en contournant la censure politique".

Les Etats-Unis ont pris une autre initiative : pour la deuxième fois après la visite de Barack Obama en Chine, l'ambassade et les consulats américains ont invité, vendredi 22 janvier, une cinquantaine d'internautes chinois de renom à une vidéo-conférence en ligne. Une manière de sonder, mais aussi de coopter comme relais, la frange la plus militante du Web chinois, dont le bloggeur-reporter Zola, l'artiste Ai Weiwei ou le fondateur du site nationaliste Anti-CNN. Ils ont pu débattre de la nouvelle doctrine américaine de l'internet exprimée par Mme Clinton.

Malgré les protestations de la diplomatie chinoise, le rejet de la censure est bien, en Chine même, en train de polariser contre le régime une nouvelle génération d'opposants. A l'image du média Internet qu'ils utilisent, ces opposants sont rapides, souples, insaisissables et de plus en plus nombreux à saper la légitimité du Parti communiste par des vagues de protestation en ligne.

Que l'affaire Google intervienne au moment où Pékin donne un tour de vis – très mal ressenti – sur l'Internet chinois en fait donc aussi un dossier délicat sur le plan politique intérieur. Ces derniers jours, l'annonce que les textos seraient à leur tour soumis à un filtrage de mots-clés pour déceler les contenus pornographiques – et sous-entendu politique – a de nouveau mis en agitation le Web chinois.

Quant à Google, qui a dit mener une enquête interne auprès de ses employés en Chine, a dû expliciter sur son site chinois qu'elle "discute certaines questions avec le gouvernement chinois", et que ses opérations n'étaient pas suspendues : "nos employés chinois continuent de travailler dur pour fournir les meilleurs services et produits à nos clients et partenaires ".

Google, notent les observateurs, court le risque de voir bloquer par la censure son site de recherches en chinois – puisque ses dirigeants ont menacé de ne plus censurer les résultats de recherches en représailles notamment à l'infiltration par des hackers de comptes messagerie de militants des droits de l'homme.

En défiant publiquement le gouvernement chinois, et en servant de prétexte à un coup de semonce américain contre les supposés agissements chinois en matière de piratage, Google s'est placée dans une posture délicate : celle de faire perdre la face au gouvernement qui a l'habitude de camper sur ses positions. Même en cas de blocage de Google.cn, elle pourrait toutefois maintenir ses opérations en Chine : selon le New York Times, la première source de revenus en Chine provient d'annonceurs chinois sur le site anglophone, et donc international, du moteur de recherche.

BLOCAGE

Ses revenus en Chine, qui ne sont pas divulgués publiquement, ne dépasseraient pas 2,5 % de son chiffre d'affaires global, qui était de 6,7 milliards de dollars au dernier trimestre 2009. Un blocage de Google.cn de Chine, ont fait valoir plusieurs économistes chinois, est toutefois néfaste pour la Chine : il placerait Baidu, le numéro un chinois, dont l'image pâtit de sa collaboration zélée avec le régime, en position de quasi-monopole.

La firme chinoise, fondée en 2000 par Li Yanhong, un programmateur de logiciel revenu en Chine après avoir étudié aux Etats-Unis et travaillé dans la Silicon Valley, aurait tort de se reposer sur ses lauriers : c'était à son tour, vendredi, d'être la cible d'un piratage, une partie de ses pages de recherche menant vers des sites... pornographiques.

Brice Pedroletti
LE MONDE 23.01.10 Shanghaï (Chine), correspondant

Microsoft proposera un correctif d'urgence pour Internet Explorer

Microsoft a annoncé ce mardi la publication imminente d'un correctif d'urgence pour son navigateur Internet Explorer, afin de corriger une faille de sécurité utilisée en partie par les pirates lors de "l'opération Aurora", une série d'attaques informatiques de très grande ampleur, originaires de Chine, et rendues publiques la semaine dernière. L'attaque avait visé une trentaine d'entreprises, dont Google, et des journalistes ou militants des droits de l'homme en Chine. D'après les éléments révélés par Google et d'autres entreprises, les attaquants auraient notamment utilisé une faille de sécurité présente dans Internet Explorer.

Microsoft publie en général ses correctifs une fois par mois. Cette mise à jour exceptionnelle est liée, explique l'entreprise, à "l'important niveau d'attention donné à ce problème, et à la confusion sur la meilleure manière dont les utilisateurs peuvent se protéger." En fin de semaine dernière, la France et l'Allemagne avaient conseillé à leurs ressortissants de cesser d'utiliser Internet Explorer dans l'attente d'une correction de la faille, présente dans les différentes versions du navigateur mais qui n'aurait été exploitée que dans Internet Explorer 6, une version dépassée.

L'éditeur avait réagi en conseillant aux utilisateurs d'Internet Explorer de passer à la version 8 de son navigateur. L'impact de cette mauvaise publicité sur la part de marché d'Internet Explorer semble toutefois avoir été mitigé : si au niveau mondial, les premiers chiffres pour le mois de janvier font apparaître que la lente diminution des parts d'IE se poursuit, au niveau européen, le navigateur de Microsoft s'est maintenu le mois dernier, et aurait même connu une faible croissance, d'après les chiffres de Statcounter.

Le Monde.fr

Pic de téléchargements des navigateurs Firefox et Opéra en France et en Allemagne

Les navigateurs Firefox et Opera ont connu un important pic de téléchargement en France et en Allemagne ces derniers jours, juste après que les gouvernements de ces deux pays eurent conseillé à leurs ressortissants de ne plus utiliser Internet Explorer tant qu'une faille de sécurité importante n'aurait pas été corrigée.

La faille de sécurité, qui aurait été utilisée par les pirates qui se sont attaqués à Google et à une trentaine d'autres entreprises, doit faire l'objet d'une correction d'urgence et imminente de Microsoft, qui recommande également aux utilisateurs d'Internet Explorer de passer à la version 8 du navigateur.

Lors des quatre jours qui ont suivi la publication de la recommandation du gouvernement allemand, les téléchargements du navigateur libre et gratuit Firefox ont plus que doublé en Allemagne. Alors qu'en moyenne 60 000 téléchargements du logiciel ont lieu chaque jour depuis Internet Explorer, Firefox a connu un pic à près de 200 000 téléchargements après la mise en garde du gouvernement.

Si la fondation Mozilla, qui édite le logiciel, ne dispose pas de chiffres aussi précis pour la France, "la tendance est d'une ampleur comparable, avec un pic assez inhabituel" pour les téléchargements depuis l'Hexagone. Opera, qui édite le navigateur du même nom, a également enregistré des téléchargements doublés le week-end dernier en Allemagne, et une hausse de 40 % en Australie, où le gouvernement a également déconseillé l'utilisation d'Internet Explorer dans l'attente du correctif. Contacté par le Monde.fr, Google France ne souhaite pas communiquer sur les téléchargements de son navigateur, qui fait l'objet d'une intense campagne publicitaire.
Les chiffres varient en fonction des méthodes de mesure, mais fin 2009, Internet Explorer restait de loin le leader sur le marché des navigateurs en Europe avec environ 60 % des parts de marché. Firefox poursuivait sa croissance avec près de 30 %, tandis que Safari (Apple), Chrome et Opera complétaient le top cinq avec respectivement 4 %, 3 % et 2 %.

Le Monde.fr

La version 3.6 de Firefox lancée

Mozilla publie ce jeudi la version 3.6 de son navigateur Firefox. Principales évolutions : une nouvelle gestion des habillages et des plugins, et des performances améliorées, notamment dans le rendu du javascript. La saisie intelligente de la barre d'adresse est également étendue aux formulaires de saisie. Pour les curieux, une carte mise à jour en temps réel permet de suivre les téléchargements du logiciel dans le monde.

En Haïti, "les esprits savaient"

Comment oublier ce 5 janvier ? Comment ne pas se dire que les esprits, ce soir-là, avaient lancé un signe et tenté de prévenir ? A leur façon bien sûr, codée et mystérieuse. Difficile à interpréter. Mais enfin, leur comportement si étrange, une semaine avant le séisme, était à l'évidence un message. Et Jean-Alex Marc, prêtre vaudou à Tabarre, un faubourg de Port-au-Prince, reste troublé par le souvenir. Il n'avait pas su voir.

C'était pour lui un grand jour, et la cérémonie qu'il avait longuement préparée promettait d'être à la fois fervente et délirante. "Une tradition pour moi ce 5 janvier. On l'appelle le "couché yanm", la communion de tous les esprits. Autant dire que c'est plein d'énergie !" Il avait invité d'autres hougans (prêtres vaudous), des dizaines d'initiés ; et très vite, après une longue prière, les tambours s'étaient déchaînés. Les esprits invoqués étaient venus, comme attendu. Mais ils étaient, comment dire, réticents. "Ils ne parlaient pas, ne mangeaient pas, ne festoyaient pas. Ils pleuraient. C'était bouleversant."

Papa Ogou, d'ordinaire si joyeux et festif, ne disait pas un mot. Les guédés (esprits des morts), qui ne craignent rien puisqu'ils ont déjà vécu, et forment une famille volontiers chahuteuse et paillarde, restaient mystérieusement éteints. Les chants et les danses ont quand même traversé la nuit. Mais au petit matin, le prêtre était perplexe. Et interrogeait ses pairs. Que s'était-il passé ? Où était l'erreur ? Avait-il commis une faute ? Fallait-il refaire la cérémonie ? "J'ai mis du temps à comprendre. Même le jour du séisme, je n'ai pas fait le lien. Mais l'évidence m'est apparue. Les esprits savaient qu'Haïti allait souffrir."

"Bien sûr, ils le savaient !", s'exclame André Ismaite, hougan lui aussi dans la commune de Tabarre, dont le temple - le hounfort - qu'il avait mis tant de temps à construire, s'est effondré en quelques secondes. "Nous étions avertis depuis le mois de novembre." Avertis ? "Disons que les esprits nous prévenaient par signes, par songes, par paraboles. Mais il y a tant de problèmes dans ce pays qu'on ne savait qu'attendre. Un énième soubresaut politique ? Un choc économique ? Quel tort de ne pas prendre plus au sérieux nos songes !" Qu'auraient pu faire les hougans, de toutes façons, s'ils avaient fait la bonne interprétation ? "Le gouvernement nous exclut, nous ignore, nous méprise", regrette André Ismaite. "On invite les pasteurs et les prêtres au palais présidentiel. Mais on fait comprendre qu'on n'y souhaite pas de cérémonie vaudoue. Quelle hypocrisie ! Ce pays a été fondé sur le vaudou. Tous les Haïtiens, qu'ils se proclament catholiques ou protestants, ont le vaudou dans le sang !"

L'itinéraire de Jean-Alex Marc n'était pas écrit à l'avance. Elevé par une maman catholique pratiquante éprouvant pour les rites vaudous une grande méfiance, il a beaucoup fréquenté l'église, avant d'être séduit par les Témoins de Jéhovah. Jusqu'à sa maladie. Soudaine. Mystérieuse. "Un 1er janvier, je me suis retrouvé aveugle. Sans raison apparente. Puis mon coeur a enflé. A la perplexité des médecins. Enfin, j'ai traversé une période de folie, avec de vrais délires. Et c'est à son issue que j'ai pris conscience de ma vraie place. J'étais un réclamé des esprits." Une cérémonie l'a confirmé : il était choisi pour être hougan. Impossible de refuser. A moins d'endurer des souffrances jusqu'à la mort. "Je voulais sauver ma vie. J'ai consenti. Et ma santé s'est rétablie."

Depuis, il officie dans une petite communauté pauvre qu'il chérit et dont il est, dit-il, malgré ses 36 ans, le "papa". Il organise les grandes cérémonies du calendrier vaudou, des mariages, des actions de grâces demandées (et payées) par des particuliers. Il sert de conseiller, de confesseur, d'arbitre, de psychologue. Et dans la petite cour entourée de bananiers et située entre son domicile et le petit hounfort qu'il nous fait visiter avec fierté, il reçoit sans cesse de la visite. Son téléphone portable est ouvert à tous.

Depuis le 12 janvier, "jour effroyable", il sonne sans arrêt. Pour poser mille questions : Pourquoi ? Quel sens ? Que faire ? Y a-t-il eu faute, donc punition collective ? Et puis, que faire des morts ?... Il a mûri ses réponses, littéralement "malade" de la souffrance de ses fidèles. "Dieu a créé le monde parfait ; nous les hommes, par ignorance ou méchanceté, l'avons dégradé ; on paie la conséquence. Mais Dieu et tous les esprits bien heureux peuvent alléger le fardeau."
Les cérémonies pour les morts ? Il ferme les yeux et soupire. Ah, les morts... Ces corps broyés sous les gravats. Ces cadavres suintant sur les trottoirs ou jetés dans des fosses communes. Comment ne pas frémir ? Comment ne pas s'épouvanter de cette violente entorse aux rituels du culte qui imposent notamment le dessounen, pratiqué juste avant ou juste après trépas pour libérer le corps des esprits qui le possédaient ? Mais il se veut pragmatique. Et apaisant. "Allons ! La grande catastrophe du 12 janvier balaie toute normalité. Adaptons-nous. Le corps, après tout, n'est qu'enveloppe. Débarrassons-nous des cadavres pour la sauvegarde de tous. C'est l'esprit qui importe. Nous ferons les cérémonies plus tard."

Son collègue approuve. Les hougans de la zone viennent d'ailleurs de se réunir pour décider des procédures. D'abord, bien sûr, se joindre à la prochaine cérémonie oecuménique prévue par le gouvernement. Ensuite se mettre à l'écoute des esprits qui indiqueront ce qui est bon et juste de faire pour les morts. Enfin, prévoir pour le 13 janvier 2011, soit un an et un jour après le séisme, la cérémonie essentielle du "brulezin". Les morts, dit-il, y parleront, donnant une explication à la fureur du séisme. "On sera prêt, alors, à les entendre. En ce moment, ça vacille nos têtes. Personne à Haïti n'est d'aplomb."

Annick Cojean
LE MONDE 22.01.10
Port-au-Prince- Envoyée spéciale

mardi 19 janvier 2010

Redonner aux morts leur dignité

Une semaine après la catastrophe qui a frappé Haïti, mardi 12 janvier, la priorité va bien sûr aux survivants : porter secours aux rescapés, soigner les blessés, leur amener eau et nourriture. Mais la question des cadavres devient de plus en plus cruciale. Les morgues, lorsqu’elles sont encore en état de fonctionnement, sont saturées. Des corps jonchent encore les rues des principales localités touchées par le séisme, regroupés sur des trottoirs. La plupart seront enterrés dans des fosses communes, souvent sans avoir été identifiés ni comptabilisés. Certains seront simplement incinérés sur place.

Pour la suite : http://news.blog.lemonde.fr/2010/01/19/redonner-aux-morts-leur-dignite/#more-122

Google puissance/3 – Serveurs, bande passante et cyber power

Protection de la liberté d’expression en Chine ou opération de relation publique pour redonner le blason de leur marque attaquée de partout? Nous nous sommes tous interrogés sur ce qui a bien pu pousser les dirigeants de Google à annoncer publiquement qu’ils ne censureraient plus les résultats sur leur moteur de recherche chinois. Leurs motivations pourtant comptent moins que le jeu qu’ils jouent.

Pour la suite, clicquez sur : http://pisani.blog.lemonde.fr/2010/01/19/google-puissance3-%e2%80%93-serveurs-bande-passante-et-cyber-power/#xtor=RSS-32280322

La France et l'Allemagne déconseillent l'utilisation d'Internet Explorer

Deux organismes allemands et français ont émis une mise en garde en fin de semaine contre l'utilisation d'Internet Explorer, demandant à Microsoft de régler les défauts de sécurité de son navigateur. Jeudi 14 janvier, le géant américain du logiciel avait annoncé qu'une faille de sécurité de son navigateur avait été exploitée pour mener les cyber-attaques qui ont poussé Google à menacer de cesser ses activités en Chine (Voir l'enquête du Monde "L'avenir incertain de Google en Chine").

Suite à cette annonce, l'Office fédéral allemand pour la sécurité de l'information (BSI) a demandé aux Allemands de cesser d'utiliser Internet Explorer. De son côté, le Certa (Centre d'expertise de réponse et de traitement des attaques informatiques) recommande depuis vendredi "l'utilisation d'un navigateur alternatif" à Internet Explorer "dans l'attente d'un correctif". Selon le Certa, une "vulnérabilité" dans le navigateur "permet à une personne malintentionnée d'exécuter du code arbitraire à distance". Cette mise en garde concerne les versions 6, 7 et 8 d'Internet Explorer.

Microsoft a toutefois rejeté ces accusations, assurant que les défauts de sécurité rencontrés par Google ne concernent pas les particuliers. Selon Microsoft, la faille rencontrée cette semaine peut être solutionnée en réglant les paramètres de sécurité du navigateur sur "élevé". Mais selon le BSI, cette disposition est insuffisante. "Utiliser Internet Explorer en 'mode sécurité' rend les attaques plus difficiles, mais ne les empêche pas complètement", explique le BSI. Le Certa conseille de son côté de naviguer avec un compte aux droits limités quel que soit le navigateur, et de désactiver les fonctions JavaScript et ActiveX, ce qui peut toutefois rendre inaccessibles certains sites.

Selon le site Market Share, 63 % des internautes utilisent Internet Explorer, contre 25 % pour Firefox.

Le Monde.fr avec AP

dimanche 17 janvier 2010

Haïti en sursis, la mobilisation se poursuit


Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon répond à des journalistes, le 17 janvier 2010 à Port au Prince. (© AFP Logan Abassi)

L'UE va débloquer plus de 100 millions d'euros d'aide. Une réunion de crise se tient ce lundi à Saint-Domingue. Sur place, le gouvernement assure que 75000 corps ont déjà été enterrés.
Haïti n’en finissait pas de compter ses morts dimanche. Il est toujours difficile de dresser un bilan, même provisoire, mais selon le secrétaire d’Etat à l’Alphabétisation, Carol Joseph, 70.000 corps de victimes du séisme 70.000 cadavres ont été ensevelis dans des fosses communes. Au moins 250.000 personnes ont été blessés et 1,5 million sont sans-abri.

Le gouvernement haïtien a décrété l’état d’urgence jusqu’à la fin janvier, ainsi qu’une période de deuil national de 30 jours. Peuple très pieux, les Haïtiens ont assisté aux offices du dimanche en plein air au milieu des ruines des églises et de la cathédrale de Port-au-Prince. «Il y a des choses difficiles à comprendre si l’on n’a pas la foi», reconnaissait un prêtre en préparant la messe.
Trois Haïtiens relativement indemnes ont été extraits à l’aube des décombres d’un supermarché. «Ils étaient tous les trois entourés de nourriture, donc ils ont pu manger. Contrairement à ce qui se passe d’habitude dans ce genre de situation, il y a une grande possibilité de sauver des gens les 6e, 7e et 8e jours après le séisme», a observé un des sauveteurs, l’Américain Joseph Fernandez. Un fonctionnaire danois des Nations unies a également été retrouvé presque indemne.

Quelque 43 équipes internationales sont engagées sur place, totalisant 1.739 sauveteurs et 161 chiens. Signe que les chances de retrouver des survivants s’amenuisent comme une peau de chagrin, des secouristes belges et luxembourgeois ont regagné Bruxelles dimanche soir. Abandonnant également tout espoir d’extraire des rescapés, des habitants mettaient le feu aux décombres pour faire disparaître les corps en décomposition.

Le risque d'une catastrophe sanitaire

L’urgence désormais est bien d’éviter une énorme catastrophe sanitaire. Port-au-Prince prend peu à peu des allures de bidonville géant, et, sans accès à l’eau potable et à des sanitaires, les Haïtiens qui ont survécu courent le risque d’attraper et de diffuser nombre de maladies.
Face à cette situation, le gouvernement haïtien va ouvrir à partir de lundi quelque 280 centres d’urgence dans la capitale et six villes aux alentours, pour distribuer l’aide humanitaire et héberger les sans-abri. Ces centres auront une capacité d’accueil moyenne d’environ 500 places et seront installés dans des bâtiments publics, comme des cours d’école, des églises.

Les secours semblent ainsi peu à peu gagner en organisation. Au total, 12.500 soldats américains devaient être sur zone lundi, à terre ou au large, pour sécuriser la distribution des secours. Le président Barack Obama a encore ordonné dimanche la mobilisation des réservistes pour participer à des missions humanitaires.

Dans le chaos de Port-au-Prince, des policiers ont ouvert le feu dimanche sur des pillards dans un marché, tuant au moins l’un d’entre eux, a constaté l’AFP. Un autre pillard s’est immédiatement emparé du sac à dos de la victime.

En dehors de la capitale, les destructions et le malheur des survivants paraissaient encore pire qu’à Port-au-Prince, notamment à Léogâne, une ville proche de l’épicentre du séisme où 90% des bâtiments ont été détruits, selon l’ONU.

En visite à Port-au-Prince, où il a rencontré le président René Préval, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon a lancé «Vous n’êtes pas seuls». «C’est une catastrophe digne d’un tsunami», a-t-il dit après avoir survolé en hélicoptère la capitale. Le Conseil de sécurité tiendra une réunion spéciale consacrée à Haïti, ce lundi, jour où Bill Clinton, émissaire particulier de l’ONU pour ce pays, est attendu sur place.

Réunion d'urgence à Saint-Domingue

Parallèlement, René Preval se rendra lundi à Saint-Domingue pour une première réunion internationale destinée à préparer la conférence des pays donateurs organisée le 25 janvier à Montréal. Cette réunion, organisée à partir de 11 heures locales (16 heures en France) au palais présidentiel de Saint-Domingue, est destinée à organiser les efforts de reconstruction de l’île caribéenne, ravagée par un séisme qui a fait plus de 70.000 morts, 250.000 blessés et 1,5 million de sans abri, selon un dernier bilan.

Des dirigeants caribéens, la numéro 2 du gouvernement espagnol Maria Fernandez de la Vega, le secrétaire général de l’Organisation des Etats américains (OEA), José Miguel Insulza, des représentants des Etats-Unis, du Canada, du Brésil et d’autres pays latino-américains, sont attendus, a indiqué l’exécutif dominicain. Des invitations ont également été lancées à des délégués des Nations unies, de la Banque mondiale et de la Banque interaméricaine de Développement.

Les participants s’attacheront à trouver des solutions aux priorités du moment : recherche d’éventuels survivants, enterrement des victimes, installations de centres d’aide aux blessés et sinistrés, rétablissement du téléphone et de l’électricité.

Plus de 100 millions d'aide de l'UE

De son côté, l’Union européenne envisage de débloquer lundi plus de 100 millions d’euros pour aider à la reconstruction de Haïti. Le montant exacte devrait être annoncé en principe lundi lors d’une réunion à Bruxelles consacrée à Haïti des ministres européens de l’aide au développement, présidée par la chef de la diplomatie de l’UE, Catherine Ashton, qui en a fait un dossier prioritaire. «Le montant final pourrait même être supérieur à 200 millions d’euros, mais cela dépendra des derniers arbitrages», a précisé une source diplomatique.

Cette enveloppe sera distincte de l’aide humanitaire d’urgence destinée aux victimes du tremblement de terre : les pays de l’UE ont déjà débloqué dans ce domaine à ce jour entre 20 et 30 millions d’euros, un montant amené encore à «croître encore considérablement», selon la source. L’aide à la reconstruction est, elle, destinée à des efforts de longue haleine, à court et moyen terme. L’argent sera tiré du budget de l’UE, en prélevant des sommes non dépensées et en réorientant vers Haïti des programmes d’aides européens destinés initialement à d’autres pays, a souligné la source.

Les pays européens pourraient y ajouter des contributions au niveau national.

(Source AFP)

samedi 16 janvier 2010

Haïti: les secours débordés




Des milliers d'habitants de Port-au-Prince, craignant un nouveau séisme et les pillages, tentaient de quitter la ville samedi. L'aide internationale peine à être distribuée.


Des milliers d'Haïtiens, terrifiés à l'idée d'un nouveau séisme et craignant la violence des pillards, tentaient samedi de quitter Port-au-Prince, où l'aide internationale affluait en pagaille, suscitant des tensions entre la France et les Etats-Unis.

Près de quatre jours après le tremblement de terre de magnitude 7 qui a fait peut-être plus de 50.000 morts, l'ampleur de la catastrophe commençait à se manifester plus clairement dans l'ensemble du pays, à mesure que les sauveteurs parvenaient à sortir de la capitale.

Alors qu'une réplique de magnitude 4,5 a encore fait trembler le sol samedi matin, les habitants qui le pouvaient fuyaient la capitale, dont les quartiers les plus dévastés prenaient des allures de ville fantôme. "Les rues sentent la mort. Nous ne recevons aucune aide et nos enfants ne peuvent vivre comme des animaux", lance Talulum Saint Fils, cherchant à fuir la capitale avec son mari et leurs quatre enfants. "N'importe où, pourvu que ce soit loin de la ville", répète-t-elle.

Pour ces Haïtiens, la seule solution est de faire appel à l'hospitalité d'un parent ou d'un ami dans une région moins affectée par le séisme de mardi. Mais les autocars sont rares et leurs prix ont doublé. Quant aux routes, elles sont loin d'être praticables.

A la sortie de Port-au-Prince, une barricade formée de pneus en feu, de débris et d'au moins quatre cadavres bloquait la route de Carrefour, où des habitants manifestaient pour exiger le retrait de piles de cadavres en décomposition. "Ils ont déjà emporté quelques corps, mais il y en a plus, beaucoup plus", dénonçait Charles Weber, un prêtre vaudou, au milieu d'une trentaine de manifestants. Selon l'ONU, Carrefour, une ville de 334.000 habitants située tout près de l'épicentre du séisme, est à moitié détruite mais ne serait pas la plus touchée.

Au moins 50.000 morts

D'après l'ONU, 80 à 90% des bâtiments de Léogâne, plus à l'ouest, ont été endommagés. Dans cette ville de 134.000 habitants, entre 5.000 et 10.000 personnes auraient été tuées par le tremblement de terre. Une autre ville, Jacmel, est à moitié dévastée. Pour l'ensemble du pays, des responsables haïtiens ont évalué vendredi le bilan de la catastrophe à au moins 50.000 morts, 250.000 blessés et 1,5 million de sans-abri. Plus de 15.000 cadavres ont été ensevelis, a indiqué le Premier ministre Jean-Max Bellerive.

Le chaos régnait dans les rues de Port-au-Prince, où pillages et violences sont fréquents, les secours n'arrivant encore que très lentement à leurs destinataires. Quelque 6.000 détenus ont profité du séisme pour s'échapper de prisons en partie détruites.

Les autorités haïtiennes sont désemparées. "Le gouvernement a perdu ses capacités de fonctionnement mais il ne s'est pas effondré", a cependant assuré à l'AFP le président René Préval, qui a transféré le siège de son gouvernement dans un commissariat proche de l'aéroport de la capitale, que les Etats-Unis ont été officiellement chargés de faire fonctionner.

Dans une interview à l'AFP, M. Préval s'est félicité de l'aide internationale mais a reconnu que "le problème, c'est la coordination", les autorités parvenant difficilement à acheminer les secours une fois qui s'entassent à l'aéroport.

La France a même protesté officiellement auprès des Etats-Unis après qu'un de ses avions transportant un hôpital de campagne a été empêché d'atterrir.

Des hélicoptères décollent en permanence du porte-avions américain Carl Vinson, qui mouille au large de Port-au-Prince. Les appareils ont effectué 16 rotations dans la matinée afin de livrer de l'eau potable dans différents quartiers de la ville.

"La distribution de l'aide, c'est vrai que ça n'a pas vraiment démarré comme prévu", a reconnu l'ambassadeur des Etats-Unis en Haïti, Kenneth Merten. "Jusqu'à hier soir, on ne savait pas où les Haïtiens voulaient installer leurs points de distribution".

Les recherches pour retrouver des rescapés se poursuivront au moins jusqu'à dimanche, a affirmé un responsable des secours américain, qui a précisé que ses compatriotes avaient sauvé jusqu'à maintenant "au moins 15 personnes".

L'ONU quant à elle reste concentrée sur la recherche des survivants, a indiqué la porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires, Elisabeth Byrs.

"Le climat favorable et les structures des bâtiments ont augmenté les chances des survivants", a-t-elle expliqué à Genève. "C'est pourquoi les opérations de recherche et de sauvetage restent la priorité. La phase de sauvetage va encore durer". Ce séisme est le pire désastre auquel l'ONU a été confrontée dans son histoire, a déclaré Mme Byrs.

Il donne lieu à "l'une des plus grandes opérations de secours" de l'histoire des Etats-Unis, a déclaré le président Barack Obama, dans une allocution solennelle à la Maison Blanche aux côtés de ses prédécesseurs George W. Bush et Bill Clinton, qu'il a chargés de rassembler des fonds pour les victimes.

Plus de 10.000 soldats américains devaient être sur zone d'ici dimanche, soit au large d'Haïti, soit sur le terrain pour assurer la sécurité des secours.

Jusqu'à 200.000 morts en Haïti, où les tensions s'avivent

Les tensions s'avivent samedi en Haïti, où la population s'impatiente devant la lenteur et la désorganisation des secours, près de cinq jours après le séisme dévastateur, un des plus meurtriers de l'histoire.

"Nous avons déjà ramassé quelque 50.000 cadavres. Nous prévoyons qu'il y aura entre 100.000 et 200.000 morts au total, bien que nous ne saurons jamais le chiffre exact", a déclaré à Reuters le ministre de l'Intérieur Paul-Antoine Bien-Aimé.

Le président René Préval, dont le palais s'est écroulé dans le secousse de mardi soir, s'apprêtait à accueillir dans la journée à l'aéroport de Port-au-Prince, dont les Etats-Unis ont pris le contrôle, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton.

"Nous allons transmettre très directement et personnellement au peuple haïtien notre soutien, notre solidarité et notre sympathie indéfectibles à long terme", a dit Clinton, dont l'avion devait transporter de l'aide humanitaire d'urgence avant de rapatrier des ressortissants américains.

Des camions ont transporté les corps de 40.000 victimes dans des fosses communes hâtivement creusées, tandis que les recherches se poursuivaient pour retrouver des survivants alors que des milliers de cadavres gisent encore dans les décombres des bâtiments frappés par le séisme.
La nuit dernière, des sauveteurs américains s'apprêtaient à abandonner les recherches dans les ruines d'un supermarché, où une centaine de personnes avaient été prises au piège, lorsqu'ils ont appris qu'une caissière de l'établissement avait réussi à téléphoner à Miami pour signaler qu'elle était toujours vivante sous les décombres.

Si l'ampleur du bilan du séisme qui a quasiment rasé la capitale haïtienne se confirme, il s'agira sans doute de l'un des dix tremblements de terre les plus meurtriers de l'histoire. Il a laissé la population survivante dans le plus grand désarroi.

Trois jours après la secousse, des bandes de pillards ont commencé à s'en prendre à la population déplacée qui erre et campe dans les rues au beau milieu des débris et des cadavres en état de décomposition avancé, subissant impuissants les répliques du séisme.

"NOUS N'AVONS RIEN"

Tandis que les vols de secours se succèdent à l'aéroport embouteillé de Port-au-Prince, des survivants affamés et assoiffés se battent entre eux pour les quelques rations alimentaires distribuées par les camions des Nations unies.

Un haut responsable de l'Onu sur place, Alain Le Roy, a prévenu que la famine pourrait déclencher des violences si l'aide ne parvenait pas rapidement à ses destinataires, tout en soulignant que, pour le moment, la sécurité restait "maîtrisée".

"Nous devons nous assurer que la situation ne dégénère pas mais, pour cela, il faut vraiment que l'aide arrive aussi vite que possible de façon à ce que les gens qui ont besoin de nourriture et de médicaments les obtiennent rapidement."

La Mission des Nations unies en Haïti a elle-même perdu 36 de ses 9.000 membres, lors de l'écroulement de son quartier général, et ses deux plus hauts responsables sont toujours portés manquants.

Déjà fragile, le gouvernement haïtien lui-même a été affaibli par l'interruption des communications et la coupure du courant. Le président Préval et le Premier ministre Jean-Max Bellerive travaillent à partir du siège de la police.

Préval a confié à Reuters ne même pas disposer d'un téléphone qui marche. "Les hôpitaux sont pleins et débordés", a-t-il ajouté en précisant qu'une de ses priorités était de s'assurer que les camions qui recueillent les cadavres disposent de carburant.

Les Etats-Unis se sont engagés à débloquer une aide d'urgence initiale de 100 millions de dollars, après cette catastrophe dont le président Barack Obama a déclaré qu'elle lui "brisait le coeur".
Les Etats-Unis assument provisoirement la gestion du trafic aérien à l'aéroport de Port-au-Prince, dont la tour de contrôle s'est effondrée, et ils ont dépêché à Haïti le porte-avion nucléaire Carl Vinson, en plus de vivres, de médecins, de secouristes et de militaires.

Au moins huit hôpitaux de Port-au-Prince et plusieurs dispensaires ont été détruits ou trop endommagés pour pouvoir fonctionner normalement. "Nous ne sommes plus fournis. Il nous faut des gants chirurgicaux, des antibiotiques, des antiseptiques et des désinfectants. Nous n'avons rien. Pas même d'eau", se lamente un médecin local, Jean-Dieudonné Occelien.

REUTERS
Catherine Bremer et Andrew Cawthorne
Version française Marc Delteil

vendredi 15 janvier 2010

Près de 50.000 morts en Haïti selon la Croix-Rouge









HEURE PAR HEURE

Au troisième jour, des milliers de cadavres jonchent les rues de Port-au-Prince. L'aide, venue d'une trentaine de pays, arrive, mais se heurte à des difficultés logistiques. L'ex-Président Aristide se dit prêt à rentrer pour «aider».








8 heures L'ex-président d'Haïti Jean-Bertrand Aristide, en exil en Afrique du Sud, se dit prêt à rentrer pour «aider à reconstruire». Aristide, qui a dominé la vie politique haïtienne pendant près de 15 ans, avait été contraint de quitter son pays le 29 février 2004, confronté à une insurrection armée et des pressions internationales.



6 heures Un porte-avion américain à propulsion nucléaire, l'USS Carl Vinson, est en route vers Haïti où il doit servir de base flottante pour les rotations d'hélicoptères apportant de l'aide aux victimes du séisme.
3 heures Google fait un don d'un milliard de dollars. 200 ressortissants français évacués, dont certains légèrement blessés, arrivent en Guadeloupe
2 heures ce vendredi La Croix-Rouge avance un bilan: entre 40.000 et 50.000 morts, et «une quantité énorme de blessés graves». Au moins trois millions de personnes ont été touchées directement par le tremblement de terre, soit un tiers de la population du pays, a encore dit le responsable. On peut estimer à 200.000 le nombre de familles ayant perdu leur maison.

Liberation.fr

jeudi 14 janvier 2010

La Chine prudente face aux menaces de Google


« La Chine accueille les opérations (sur son sol) conformes à la loi (chinoise) des entreprises Internet internationales." La réaction officielle de Pékin, au lendemain des accusations du géant de l'Internet Google, qui accuse à mots couverts la Chine d'être derrière une importante tentative de piratage, a été pour le moins mesurée.

Le moteur de recherche a affirmé mardi avoir été la cible d'une attaque informatique de grande ampleur en provenance de Chine, et dit envisager sérieusement de fermer ses bureaux dans le pays ainsi que la version chinoise de son site. Google a par ailleurs levé la censure des résultats de recherche qu'il avait mis en place pour se conformer à la loi chinoise. Mais si Pékin a de nouveau insisté sur la nécessité, pour les entreprises étrangères opérant en Chine, de pratiquer la censure, le gouvernement n'a pas précisé s'il entendait sanctionner le moteur de recherche.

"L'Internet en Chine est ouvert et le gouvernement chinois encourage son développement et s'efforce de créer un environnement favorable pour cela", a déclaré une porte-parole du gouvernement, tandis que le secrétariat d'Etat américain, qui a demandé "des explications" à Pékin, a réitéré sa volonté de "discuter" avec le gouvernement chinois de "la capacité de la Chine de continuer à respecter les standards internationaux" du monde économique.

UN CHEVAL DE TROIE DANS DES DOCUMENTS PDF

Deux jours après la révélation de ce piratage de grande ampleur, les informations commencent à filtrer sur le modus operandi des assaillants ainsi que sur leurs cibles. Outre Google, au moins une trentaine d'entreprises auraient été la cible de l'attaque, qui visait principalement des entreprises liées aux défenseurs des droits de l'homme ou en conflit avec les autorités chinoises.
Google explique que l'attaque sur ses serveurs visait à pénétrer dans les boîtes e-mail utilisées par des opposants au gouvernement chinois, tandis qu'un cabinet d'avocats de Los Angeles, qui défend les intérêts d'une entreprise qui a porté plainte contre la Chine pour violation de brevet, a affirmé avoir également été attaqué. Les pirates auraient également tenté de mettre la main sur le code-source du moteur de recherche, un secret industriel à la valeur inestimable.

D'après les premières révélations d'entreprises visées, les pirates auraient utilisé une faille de sécurité dans les logiciels Adobe, et notamment le Reader de l'entreprise, utilisé pour lire des documents au format pdf. La faille, découverte mi-décembre, n'a été corrigée que mardi dernier ; elle permettait d'insérer un code malicieux dans un document pdf. Lorsqu'un utilisateur ouvrait le document piégé, il installait à l'insu de l'utilisateur un logiciel-espion ou cheval de Troie sur l'ordinateur. Le programme transmettait alors des données contenues sur l'ordinateur à l'extérieur de l'entreprise, et créait une "porte dérobée" ou backdoor permettant de se connecter à distance à l'ordinateur.

LEMONDE.FR avec AFP 14.01.10

Bras de fer économique et politique entre Google et Pékin

Depuis ce matin, les recherches Google Images sur le site chinois de Google font apparaître des photos de la place Tiananmen, alors qu'elles étaient jusqu'ici censurées.

Le moteur de recherche Google a engagé, ce mercredi, un bras de fer avec les autorités chinoises, concernant la politique de censure de Pékin et un piratage informatique dont l'entreprise dit avoir été l'objet. Le numéro un de la recherche au monde – mais qui est minoritaire en Chine, derrière Baidu.cn – a affirmé envisager sérieusement de fermer la version chinoise de son site et de fermer ses bureaux dans le pays, où il emploie 700 personnes.

Google explique avoir fait l'objet d'un piratage de grande ampleur, provenant de Chine, fin décembre. Une ou plusieurs personnes se seraient attaquées à son service de messagerie Gmail, visant les messageries de plusieurs dissidents chinois. L'attaque aurait également concerné une vingtaine d'autres entreprises. Sur son blog officiel, le moteur de recherche laisse entendre, sans jamais le dire clairement, que le gouvernement chinois pourrait avoir une part de responsabilité dans ces attaques ; la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a également demandé à Pékin de fournir "des explications" sur ce piratage.

BRAS DE FER POLITIQUE ET DIPLOMATIQUE

Le moteur de recherche a donc tapé du poing sur la table. Outre la menace de fermeture, il a annoncé qu'il cesserait désormais de censurer les résultats de recherche de son site chinois, comme il le faisait jusqu'à présent pour se conformer à la loi chinoise. Depuis ce matin, une recherche d'images sur Google.cn permet de voir la célèbre photo du manifestant brandissant le poing place Tiananmen, une image qui était jusqu'ici censurée.

Pékin est jusqu'ici resté très prudent sur ces annonces de Google. Un responsable cité anonymement par l'agence officielle Xinhua estimait ce matin que rien n'est encore décidé, mais pour Jean-Luc Domenach, directeur de recherche au Centre d'études et de recherches internationales et spécialiste de la Chine, Pékin ne peut pas laisser Google partir. "Ce serait une claque terrible pour le pouvoir : toute sa politique internationale est justement fondée sur l'idée qu'il peut imposer ses propres règles", explique-t-il. En termes symboliques, la fermeture de Google.cn serait désastreuse, "d'autant plus qu'aux yeux des Chinois, Google, c'est le seigneur d'Internet, "le" grand moteur de recherche, même s'il reste moins utilisé que Baidu à l'échelle du pays".

CONTRE-OFFENSIVE

Jusqu'ici, c'est plutôt Google qui avait été la cible de la colère de Pékin. A plusieurs reprises, les autorités chinoises s'en étaient prises au moteur de recherche, l'accusant notamment de filtrer insuffisamment ses résultats de recherche. Ces dernières semaines, Google avait également été la cible de critiques véhémentes concernant son service de recherche de livres. Comme aux Etats-Unis ou en Europe, l'Association des écrivains chinois l'accusait d'avoir scanné sans autorisation des dizaines de milliers de livres. Mais contrairement aux autres pays, où il subit les mêmes accusations, Google a dû présenter ce lundi ses excuses aux écrivains chinois.

Jusqu'à peu, les relations entre le gouvernement chinois et Google étaient cependant tempérées par la présence du fondateur et directeur de Google Chine, Kai-Fu Lee. Mais ce dernier a quitté l'entreprise en septembre dernier pour fonder sa propre société, annonçant la fin d'une ère dans la présence de Google en Chine.

ÉQUILIBRE ÉCONOMIQUE

Mais derrière les considérations politico-diplomatiques, les motivations de Google pourraient également être économiques. Google n'a jamais réussi à s'imposer complètement en Chine, l'un des rares pays où il ne domine pas le marché de la recherche en ligne. L'entreprise n'a pu capter que 30 % du marché environ, alors que son rival Baidu, dont les résultats sont soumis à la censure de Pékin, en représente le double.

Google espérait parvenir à conquérir ce marché en se pliant aux règles édictées par le gouvernement chinois, notamment en censurant ses résultats de recherche, mais n'a pas atteint son but. Pour Shaun Rein, directeur général de China Market Research Group à Shanghaï, interrogé par l'AFP, les menaces pourraient être une excuse pour préparer un départ de Google. "Google cherche à sortir de Chine sans perdre la face", estime-t-il.

Damien Leloup

LEMONDE.FR 13.01.10












Google s'estime victime d'une "attaque ciblée" et menace de quitter la Chine


Google menace de quitter la Chine après avoir constaté le piratage de nombreuses boîtes Gmail de militants des droits de l'homme.

Google va-t-il quitter la Chine ? Le géant de l'Internet en a brandi la menace, mardi 12 janvier, dans un communiqué de David Drummond, le vice-président chargé du développement et des affaires juridiques, publié sur le blog officiel de Google en détaillant ses griefs contre les autorités chinoises.

M. Drummond évoque d'abord une "attaque ciblée et très sophistiquée de notre infrastructure en provenance de la Chine qui s'est traduite par un vol de propriété intellectuelle de Google". Elle aurait été détectée mi-décembre 2009 et ne serait pas un acte isolé, mais la manifestation d'une opération plus large touchant une vingtaine de grandes entreprises dans les secteurs de l'Internet, de la finance, de la technologie, des médias et de l'industrie chimique. Ces sociétés devraient d'ailleurs saisir de concert les autorités américaines compétentes sur le sujet.

Pour Google, "le but premier des attaquants était d'accéder aux comptes de messagerie Gmail de militants chinois des droits de l'homme". Il précise toutefois que le but recherché n'a pas été atteint faute d'accès au contenu des messages. Le géant du Net affirme également qu'indépendamment de cette attaque, il a découvert que des "tierces parties" avaient eu accès régulièrement à des dizaines de comptes de messagerie Gmail d'avocats de la cause des droits de l'homme en Chine, basés aux Etats-Unis, en Europe et en Chine. Non pas en violant les codes de sécurité de Google, mais par des méthodes classiques de piratage.

La société américaine explique qu'elle a décidé de rendre ces informations publiques pour lancer le débat sur la liberté d'expression. Elle reconnaît qu'elle a accepté de censurer certains résultats de requêtes sur son moteur de recherche lorsqu'elle a fait le choix de lancer son service en Chine en janvier 2006. "Nous pensions que les bénéfices d'un accès accru à l'information pour les gens en Chine et un Internet plus ouvert compenserait la gêne suscitée par le fait d'accepter de censurer certains résultats", selon M. Drummond.

Négociations

Google affirme aujourd'hui avoir pris la décision de ne plus censurer son moteur de recherche en Chine et d'engager des discussions avec Pékin en ce sens. Il précise également que la fermeture du moteur de recherche, voire même de ses bureaux en Chine, n'est pas exclue, en fonction de l'issue des négociations.

Ce contentieux avec Pékin intervient alors que Google n'a pas réusssi à s'imposer en Chine. Le fondateur de Google China, Kai-Fu Lee, qui avait été débauché de chez Microsoft, a démissionné en septembre 2009.

Le pays, qui compte le plus d'internautes au monde (environ 338 millions), fait figure d'exception. Avec le soutien du gouvernement, désireux à la fois de contrôler Internet mais aussi de favoriser l'émergence d'acteurs de poids dans ce secteur, ce sont des entreprises chinoises qui dominent. A l'instar du moteur de recherche Baidu, qui a 63,9 % de parts de marché, selon la société d'études Analysis International. Loin devant Google, qui est crédité de 31,3 %.

Laurence Girard
LE MONDE 13.01.10

Haïti: plus de 100 employés de l'ONU toujours portés disparus


Heure par heure

36 heures après le séisme qui a dévasté le pays, les premiers secours arrivent sur l'île.

13 heures. Les premiers rapatriés d'Haïti, au nombre de 71, sont arrivés à Fort-de-France, en Martinique, à bord de trois avions militaires.

12h20. Plus de 100 employés de l'ONU en Haïti sont toujours portés disparus près de deux jours après le séisme qui a frappé le pays, vient d'indiquer une porte-parole de l'ONU à Genève.

12h15. Ce matin, sur France Inter, le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner a annoncé que «Bill Clinton s'occupe de remplacer, s'il est vrai qu'il est mort, notre ami Hedi Annabi». Annabi était le chef de la mission de l'ONU sur place. Hier, le chef du service de maintien de la paix à l'ONU, Alain Leroy, avait indiqué que son adjoint, Edmond Mulet, était en route pour Haïti pour prendre temporairement les commandes de la Minustah. Clinton et Leroy devraient donc diriger de concert la mission de l'ONU en Haïti.

12 heures. Les équipes de Google en charge des applications de cartographie Google Earth et Google Maps viennent de mettre en ligne des images satellite de Port-au-Prince et de ses environs prises après le tremblement de terre. C'est à voir sur notre site ecrans.fr. Crédit photo: DR





11h45. L'UOIF (Union des organisations islamiques de France) appelle les musulmans à exprimer leur solidarité envers le peuple haïtien et à «donner généreusement pour assurer les besoins de première nécessité aux sinistrés», dans un communiqué. Elle appelle également les responsables des mosquées à consacrer les collectes du vendredi au peuple haïtien par le biais des associations humanitaires.

11h30. L'AFP a mis en ligne une vidéo qui propose des images aériennes de Port-au-Prince après le séisme.

11h20. Le ministre de l'Industrie, Christian Estrosi, a lancé un appel aux industries pharmaceutiques, et en particulier Sanofi Aventis, les invitant à faire des «donations importantes» de médicaments aux sinistrés.

11h10. Nicolas Sarkozy réunira ce jeudi à 17 heures son Premier ministre, François Fillon, et des membres du gouvernement pour faire le point de la situation. Le Président fera une déclaration à l'issue de cette réunion, précise l'Elysée dans un communiqué.

11 heures. Le Comité international de la Croix Rouge a mis en place une page Internet destinée à aider les Haïtiens à reprendre contact avec leur famille frappée par le séisme. La page a été créée sur le site du CICR «Family Links», www.icrc.org/familylinks qui est destiné à «accélérer le processus de reprise de contact entre les membres des familles qui ont été séparés» en temps de crise. «Le site permet aux personnes en Haïti et à l'étranger d'enregistrer le nom des membres de leurs familles avec lesquels ils veulent reprendre contact. Il contiendra les réponses à ces requêtes dès qu'elles seront disponibles», précise le CICR.

10h30. Une aide humanitaire «massive» doit arriver «dès ce soir» en Haïti si l'on veut sauver un maximum de vies, la période devenant «critique» 36 heures après le séisme, affirme Olivier Bernard, président de Médecins du Monde (MDM).

Après l'extraction des victimes des décombres et leur transfert sous des tentes, «pour sauver des vies, la prise en charge chirurgicale se fait idéalement dans les 48 premières heures», a-t-il expliqué, tout en rappelant la difficulté de la tâche, compte-tenu des «problèmes d'accès à la piste de l'aéroport de Port-au-Prince» et de sa «sécurisation» notamment. Crédit photo: REUTERS/STR New.




9h30. Les services d'Eric Besson annoncent qu'ils vont suspendre les reconduites de personnes en situation irrégulière vers Haïti. Comme un cheveu dans le séisme, remarque le Libéblog Hexagone.

Par ailleurs, la deuxième édition du festival Etonnants Voyageurs en Haïti, qui devait se dérouler du 14 au 17 janvier, a été annulée en raison du séisme. C'est ce qu'ont annoncé les organisateurs hier (à lire sur Libé Rennes).

9 heures. Bernard Kouchner, le ministre français des Affaires étrangères, a indiqué jeudi sur France Inter que 60 blessés du séisme qui a frappé Haïti seront transférés dès le lever du jour dans l'île des Antilles françaises de Martinique pour y être soignés.

Au sujet du sort des ressortissants français, Bernard Kouchner a indiqué qu'il «il y aurait une centaine de Français regroupés dans les jardins de la résidence (de l'ambassadeur, ndlr) (...) et il y aurait une autre centaine de Français du côté de l'ambassade».«On recherche les autres, on ne les trouve pas, on pensait qu'ils étaient dans des zones à risques mais ça ne veut pas dire qu'ils sont morts, sûrement pas, ça veut dire qu'ils ont disparu et que dans ce cas là, on fuit, on ne se signale pas, on pense à protéger les siens», a poursuivi le ministre.

7 heures. Des milliers d'Haïtiens paniqués tentent, dans la nuit, de rejoindre les hauteurs de Pétionville, en banlieue de Port-au-Prince, après une rumeur annonçant l'arrivée prochaine d'un tsunami.

6 heures. Le champion cycliste américain Lance Armstrong promet de verser 250.000 dollars pour venir en aide aux victimes.1 heure ce jeudi. (heure française) le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon confirme la mort d'au moins seize employés de l'ONU, alors que 56 autres ont été blessés. Parmi les personnes décédées figurent trois policiers venant de Jordanie, Argentine et Tchad, ainsi que 11 soldats brésiliens de la force de maintien de la paix.
Par LIBÉRATION.FR

mercredi 13 janvier 2010

Plus de 100.000 morts, selon le Premier ministre haïtien









Heure par heure

Un violent séisme a frappé l'île mardi en fin d'après-midi. Le bas de la ville de Port-au-Prince est «complètement détruit» par le séisme, a déclaré le ministre des affaires étrangères, Bernard Kouchner.

18h52. La prison principale d'Haïti s'est effondrée, annonce l'ONU. Des détenus seraient en fuite.

18h40. Appel à la générosité. Radio France et France Télévisions, avec la Fondation de France, lancent un appel à leurs téléspectateurs ou auditeurs pour venir en aide aux populations sinistrées d'Haïti.

Les dons peuvent être faits par chèque bancaire libellé à l'ordre de Fondation de France Solidarité Haïti, BP 22 - 75008 Paris, ou en ligne (www.fondationdefrance.org).

18h10. Plus de 100.000 morts en Haïti, dit le Premier ministre haïtien à CNN.

18 heures. En France, une cellule psychologique doit être mise en place demain à Saint-Denis, près de Paris, afin de venir en aide aux familles haïtiennes.

17h40. L'ambassadeur haïtien auprès de l'Organisation des Etats américains (OEA), dont le siège est à Washington, fait état de dizaines de milliers de victimes et de dégâts matériels considérables.

16h15. Le président haïtien René Préval a dit mercredi au quotidien américain Miami Herald qu'il craignait que le séisme qui a frappé son pays la veille ait fait des milliers de morts et a appelé la communauté internationale à l'aide.

15h50. Le bas de la ville de Port-au-Prince est «complètement détruit» par le séisme, alors que le reste de la capitale haïtienne sur les collines «est un peu épargné», a déclaré mercredi le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, devant l'Assemblée nationale.











Évoquant les quelque 1200 Français résidant dans la ville, le ministre a indiqué qu'«il est très difficile de savoir où ils sont», à la suite du puissant tremblement de terre qui a frappé Haïti mardi. «Notre ambassade est détruite et les Français sont regroupés sur deux sites, ils sont entre 60 et 100 pour le moment. Le reste, nous ne savons pas», a-t-il précisé.

15h30. Alors que les Haïtiens de France peinent toujours à contacter leurs proches sur place, un rassemblement doit avoir lieu ce soir, à 18h30, à la Bourse du travail de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) à l’appel des associations.

14h40. Des tectoniciens de l’Institut de physique du globe à Paris annoncent que le séisme qui a frappé Haïti a déjà été suivi de treize fortes répliques, dont deux de magnitude supérieure à 5,5, et pourrait entraîner d’autres tremblements de terre dans les prochaines années.





14h35. Le secrétaire Général des Nations Unies Ban Ki-moon annonce qu’il se rendra en Haïti «dès que possible».

13h40. La directrice adjointe des opérations de MSF Marie-Noëlle Rodrigue fait un point sur la situation: «D’après ce que nous avons pu apprendre, environ 600 blessés seraient venus dans les structures médicales MSF depuis le tremblement de terre, 400 au centre de traumatologie de la Trinité et 200 dans le centre de santé dans le bidonville de Martissant. (...) Les trois structures médicales MSF dans la capitale haïtienne ont été partiellement endommagées: le centre de traumatologie de la Trinité (60 lits), l’hôpital de la Maternité Solidarité (structure de 75 lits pour les soins obstétriques d’urgence) et un centre de santé dans le bidonville de Martissant.»

13h45. La Fédération internationale de la Croix-Rouge (FICR) se prépare à venir en aide à «un maximum de trois millions de personnes» qui pourraient être affectées par le séisme. «Cette estimation est basée sur le nombre de personnes vivant dans la zone touchée et ses alentours», précise la Croix-Rouge, qui est encore «en plein dans la phase d'évaluation des besoins»: «Beaucoup de gens vivent dans des bidonvilles, donc le nombre de personnes affectées va monter très vite, en plus des victimes», indique le porte-parole précisant que les besoins en abris risquaient d'être très importants.

13h30. La Commission européenne annonce avoir débloqué trois millions d'euros pour une aide d'urgence et annonce que l'UE pourra accroître son aide au regard des besoins. En temps normal, Haïti reçoit une aide de 28 millions d'euros par an de la part de la Commission européenne.

13 heures. Le patron de la Mission de paix de l'ONU en Haïti, le Tunisien Hedi Annabi, serait mort lors du séisme ainsi que tous ceux qui se trouvaient dans le bâtiment de l'ONU, selon Bernard Kouchner.«Hélas le bâtiment de l'ONU s'est écroulé et il semblerait que tous ceux qui étaient dans le bâtiment dont mon ami Annabi, l'envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies, et que tous ceux qui étaient avec lui et autour de lui, soient morts», a expliqué le ministre des Affaires étrangères au micro de RTL.










Le diplomate tunisien a pris ses fonctions en Haïti le 1er septembre 2007. Il avait été au préalable sous-secrétaire général adjoint de l'ONU pour les opérations de maintien de la paix (1997-2007).

12h45. Quatre casques bleus brésiliens de la force de stabilisation de l'ONU en Haïti ont péri dans le séisme qui a ravagé mardi le pays des Caraïbes.

12h20. Médecins sans frontières (MSF) a déjà accueilli 600 blessés dans ses centres de soins à Port-au-Prince et va envoyer dans la soirée un hôpital gonflable d'une capacité de 100 lits, selon Marie-Noëlle Rodrigue, directrice adjointe des opérations. «On s'attend à un bilan assez lourd au niveau des blessés et des morts», a-t-elle ajouté, tout en soulignant le caractère parcellaire des informations en sa possession.










12h10. L'ancien président haïtien Jean-Bertrand Aristide, qui vit en exil en Afrique du Sud depuis 2004, a transmis mercredi ses condoléances à ses compatriotes frappés par un puissant séisme, évoquant une «tragédie qui défie l'entendement».

12 heures. Un porte-parole du département d'État américain indique avoir été prévenu qu'il fallait s'attendre à de «sérieuses pertes en vies humaines» après le séisme qui a ravagé Haïti mardi.

10h15. Nicolas Sarkozy fait part de son «effroi» et de sa «profonde émotion» après le séisme survenu en Haïti, en précisant que la France dépêchait «des détachements de la sécurité civile et un peloton de gendarmerie» pour participer aux secours. Le point sur l'aide internationale.

10 heures. Les équipes de Médecins sans frontières (MSF) à Port-au-Prince constatent un afflux de blessés dans les structures médicales où elles opèrent dans la capitale du pays. «Des patients et des membres de l'équipe ont été blessés et les structures médicales MSF ont subi des dommages importants», précise l'organisation, qui a l'intention d'envoyer des renforts sur place.
Le centre de traumatologie de la Trinité (60 lits), où les patients peuvent bénéficier de soins chirurgicaux gratuits, «a été sérieusement endommagé par le tremblement de terre», détaille MSF sur son site.

Téléphone de la cellule de crise au Quai d'Orsay: (00.33)1.43.17.53.53.

9h45. Les communications avec Haïti sont très difficiles, puisque seul les teléphones satellites semblent fonctionner. Quelques rares photos (sur le site américain Mashable) et vidéos sont visibles pour l'instant. Attention, les images qui suivent peuvent être choquantes.

Des personnes présentes sur place informent régulièrement via leur compte Twitter: @photomorel, @carelpedre, @LisandroSuero ou encore via le mot clé Haiti.

9h30. Huit Casques bleus chinois ont été ensevelis sous les décombres et dix sont portés disparus en Haïti après un puissant séisme.

8 heures. Le secrétaire d'Etat français à la Coopération Alain Joyandet, déclare que 200 personnes seraient portées disparues sous les décombres d'un grand hôtel de Port-au-Prince, l'hôtel Le Montana, sur les hauteurs de la capitale, non loin du quartier-général de l'ONU. Il y a 1400 Français recensés en Haïti, dont 1200 vivant à Port-au-Prince. On apprend également que le président haïtien René Préval et son épouse ont survécu à la catastrophe, selon l'ambassadeur d'Haïti au Mexique.

7 heures. Scènes de désolation: de nombreux cadavres jonchent les abords des routes, tandis que des pillards sont à l'œuvre dans un supermarché au nord de Port-au-Prince. Sur le Web arrivent des vidéos montrant la panique et l'étendue du désastre.

6 heures. De nombreux étudiants d'une université privée de Port-au-Prince sont bloqués sous les décombres après le puissant tremblement de terre qui a frappé Haïti, alerte un responsable de l'institution.

Sur Twitter, des photos, présentées comme ayant été prises après le séisme sont mises en ligne, montrent des situations chaotiques.

2h30. Un travailleur humanitaire présent à Port-au-Prince au moment du séisme décrit une situation de «chaos» et dit redouter «des milliers de morts».

1 heure. On découvre les premiers dégâts matériels. Le Palais national (voir ce montage photo sur Twitter), qui abrite la présidence d'Haïti, ainsi que de nombreux bâtiments publics se sont effondrés: le ministère des Finances, le ministère des Travaux public, le ministère de la Communication et de la Culture, le Palais de justice, l’Ecole normale supérieure...
Minuit. Le président américain Barack Obama offre l'aide des Etats-Unis.

Hier mardi, 22h53 heure française (16h53 heure locale) La terre tremble en Haïti, à 16 km de Port-au-Prince. La secousse, de magnitude 7, dure plus d'une minute, allant jusqu'à faire sauter les véhicules en pleine rue. Suivent deux répliques très fortes de magnitude, 5,9 et 5,5 respectivement. De nombreuses personnes se retrouvent dans les rues après la secousse, les communications sont fortement perturbées dans l'île.
Par LIBÉRATION.FR
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