mardi 6 juillet 2010

La Voiture volante arrive !

La Terrafugia Transition bonne pour le service

"Et dire qu’on nous promettait des voitures volantes !" La complainte favorite des nostalgiques de l’avenir (qui n’est plus ce qu’il était) serait-elle obsolète ? Pas encore tout à fait, mais ça vient. Terrafugia (les latinistes distingués traduiront) et sa bande de grosses têtes sortis du MIT avec quelques MBA pour le côté business de l’affaire ont bien avancé depuis la création de l’entreprise en 2006. Non seulement la Transition vole, et roule, mais elle vient d’obtenir l’agrément de la FAA, sésame indispensable pour son utilisation.

La dernière fois que le blog auto s’était intéressé à la Terrafugia Transition, c’était avec une bonne dose d’incrédulité. Il faut dire que l’histoire de la voiture volante est parsemée d’efforts plus ou moins sérieux mais toujours sans succès, le plus connu étant la Skycar de l’obstiné Moller qui est finalement tombé en panne de financement et dont le prototype a atterri sur ce cimetière des illusions perdues qu’est Ebay.

La Terrafugia Transition va très bien, merci pour elle. Après s’être envolée et avoir effectué de nombreux tests, elle vient donc d’obtenir l’homologation de la Federal Aviation Administration aux Etats-Unis en catégorie LSA qui correspond aux petits avions de tourisme. Elle a bénéficié d’une dérogation pour un petit dépassement de poids réglementaire dû à sa condition d’automobile.

La Transition, une fois ses ailes repliées (une opération automatique de 30 secondes), devient une traction avant capable d’atteindre 105 km/h à une très raisonnable consommation de 8 litres aux 100 km tandis qu’une fois en l’air elle atteint 185 km/h avec une autonomie de 740 km. Pour faire la transition entre le sol et l’air, la Transition a besoin de 760 mètres de piste, ou de ligne droite si vous êtes poursuivi par les forces de l’ordre/les tueurs à la solde du méchant (rayez la mention inutile).




Séduit ? Les carnets de commandes sont ouverts, et la première Terrafugia Transition sera livrée à son propriétaire en 2011. Le futur n’est plus très loin.




Source : Terrafugia via Inside Line

samedi 3 juillet 2010

Facebook contre la paix des ménages ?


Des photos compromettantes, un peu trop négligemment mises en ligne, qui justifient une procédure de séparation. Une garde parentale retirée à une mère, parce que son profil sur Facebook démontre qu'elle préfère jouer en ligne, plutôt que s'occuper de sa progéniture... Les réseaux sociaux sont de plus en plus utilisés pour fournir des preuves dans les cas de divorce.

Citée par l'agence de presse AP, l'Académie américaine des avocats matrimoniaux estime ainsi que, durant ces cinq dernières années, 81 % de ses 1 600 membres ont utilisé ou ont eu affaire à des preuves collectées depuis un réseau social.

66 % des avocats sondés expliquent aussi avoir utilisé Facebook pour trouver des preuves en ligne. MySpace arrive en deuxième place des réseaux sociaux, avec 15 %, devançant Twitter (5 %). D'autres plates-formes, comme le site de partage de vidéos Youtube, ou le réseau social professionnel LinkedIn, sont également évoquées par les professionnels sondés.

PREUVES RECEVABLES ?

Pour les juges, ces preuves numériques sont souvent déclarées recevables, précise l'association d'avocats. "Il est difficile de falsifier une page de Facebook", fait valoir Linda Lea Viken, responsable du groupe.

Pour éviter que les clients soient accusés de mensonge, de plus en plus d'avocats demandent aussi à savoir s'ils disposent d'un profil Facebook. "N'écrivez jamais sur ces sites ce que vous ne voulez pas que le juge entende", explique Mme Viken.

Ce n'est pas la première fois que Facebook est accusé de menacer la paix des ménages. Selon une société d'avocats britanniques, citée dans le Daily Telegraph, Facebook est cité dans 20 % des cas de divorce qu'elle traite.

Le Monde.fr, avec AP

Nos cerveaux attaqués par le net… vraiment ?


Arrêtez tout de suite de lire cet article, il pourrait vous rendre stupide ! Ne cliquez pas sur les liens, ils pourraient vous distraire !
Tel est le cri d'alarme que lancent (à nouveau) quelques Cassandre des nouvelles technologies, estime Nick Bilton pour le New York Times. Nicholas Carr (blog), dans son nouveau livre, The Shallows (qu'on pourrait traduire par "le bas-fond", pour désigner quelque chose de peu profond, de superficiel, de futile : le livre est sous-titré "ce que l'Internet fait à nos cerveaux"), affirme qu'Internet, les ordinateurs, Google, Twitter et le multitâche transforment notre activité intellectuelle au détriment de notre capacité à lire des choses longues, activité critique pour le fonctionnement de nos sociétés. Carr estime que le web avec son hypertexte coloré et son abîme sans fin d'informations morcelées, nous rend stupide, comme il le résume dans une tribune publiée récemment sur Wired pour présenter son livre :

Il n'y a rien de mal à absorber rapidement et par bribes des informations. Nous avons toujours écrémé les journaux plus que nous ne les avons lus, et nous gérons régulièrement les livres et les magazines avec nos yeux pour en comprendre l'essentiel et décider de ce qui nécessite une lecture plus approfondie. La capacité d'analyse et de navigation est aussi importante que la capacité de lire et de penser profondément attentivement. Ce qui était un moyen, un moyen d'identifier l'information pour une étude plus approfondie, est devenu une fin en soi, est devenu notre méthode préférée à la fois pour apprendre et analyser. Éblouis par les trésors du Net, nous sommes aveugles aux dégâts que faisons peser sur notre vie intellectuelle et notre culture.
Ce dont nous faisons l'expérience est, dans un sens métaphorique, une inversion de la trajectoire de civilisation : nous évoluons de cultivateur de la connaissance personnelle en cueilleurs de la forêt de données électroniques. Dans ce processus, il semble que nous soyons voués à sacrifier une grande partie de ce qui rend nos esprits si intéressants.”
Soucieux de propositions concrètes, Nicholas Carr va même jusqu'à proposer de repousser les liens hypertextes en fin d'article, pour faciliter la lecture et la concentration et éviter toute distraction (voir Narvic, “Le lien est-il en train de tuer le texte ?”).

L'EXPÉRIENCE MODIFIE LE CERVEAU… ET ALORS ?
Pourtant, tout le monde n'est pas aussi catégorique. Le psychologue et cogniticien Steven Pinker rappelle dans le New York Times que la défiance actuelle n'a rien de nouveau. Les mêmes choses ont été dites après l'invention de l'imprimerie, des journaux, du livre de poche ou de la télévision. C'est la fonction même de nos cerveaux d'apprendre de nouvelles choses. “Les critiques des nouveaux médias utilisent parfois la science elle-même pour faire valoir leur cause, en invoquant des recherches qui montrent comment “l'expérience peut modifier le cerveau”. Mais les neuroscientifiques roulent des yeux à un tel discours. Oui, chaque fois que nous apprenons une information ou une compétence, la façon dont sont reliés nos neurones change. L'existence d'une plasticité neuronale ne signifie pas que notre cerveau est une masse d'argile broyée par l'expérience.”

Le journaliste scientifique, Jonah Lehrer, auteur de Comment nous décidons, affirme également dans une magistrale réponse à Nicholas Carr qu'il est encore trop tôt pour tirer une conclusion sur les effets négatifs du web. Les éléments de preuves qu'utilisent les Cassandre de l'Internet pourraient tout à fait être utilisés pour affirmer que nous ne devrions pas marcher dans une rue parce que la charge cognitive y est beaucoup trop grande, comme l'affirmait en 2008 un groupe de scientifique de l'université du Michigan, montrant les effets dramatiques d'une ballade en ville sur la mémoire, la maîtrise de soi et l'attention visuelle (voir “Comment la ville nuit-elle à notre cerveau”). “Sur la base de ces données, il serait facile de conclure que nous devrions éviter la métropole, que les rues de nos villes sont un endroit dangereux et qu'il vaudrait mieux rester à la maison et jouer sur Google. Ce serait un argument à courte vue, basée sur une lecture limitée d'un ensemble très limité de données”, répond Lehrer.

Carr soutient que nous sommes en train de nous saboter, en passant d'une attention soutenue à la superficialité frénétique de l'Internet. Selon lui, du fait de notre plasticité neuronale, nous sommes en train de devenir les miroirs du médium qu'on utilise. Pour Carr, le cerveau est une machine à traitement de l'information qui est façonnée par la nature des informations qu'elle traite.

Il ne fait aucun doute que l'Internet change notre cerveau, rappelle Lehrer. “Tout change notre cerveau”. Mais Carr néglige de mentionner que l'Internet est aussi bon pour l'esprit. Une étude sur l'ensemble des études consacrées aux effets cognitifs des jeux vidéo par exemple montre que le jeu conduit à des améliorations significatives des performances de plusieurs tâches cognitives, de la perception visuelle à l'attention soutenue. Même Tetris peut participer à une augmentation marquée de notre capacité à traiter de l'information. “Une étude en neurosciences de 2009 de l'université de Californie à Los Angeles, a constaté que l'exécution de recherches sur Google a conduit à une activité accrue dans le cortex préfrontal dorsolatéral (en comparaison avec la lecture d'un texte sous forme de livre) [voir : "Le papier contre l'électronique : lequel nous rend plus intelligent ?"]. Fait intéressant, cette zone du cerveau sous-tend des talents précis comme l'attention sélective et l'analyse intentionnelle que Carr dit avoir disparu à l'âge de l'Internet. En d'autres mots, Google, ne nous rend pas stupide, car l'exercice de nos muscles mentaux nous rend toujours plus intelligents.”
L'esprit est une machine pluraliste : “Cela ne signifie pas que l'essor de l'internet ne va pas nous conduire à la perte d'importants talents mentaux”, estime Lehrer qui donne un contre-exemple frappant. “Par exemple, lors de l'alphabétisation, quand les enfants apprennent à décoder les lettres, ils usurpent gros morceaux du cortex visuel précédemment consacré à la reconnaissance des objets. Le résultat final est que les humains alphabétisés sont moins en mesure de “lire” les détails du monde naturel.”

Jonah Lehrer nous invite à faire attention de ne pas confondre les études sur le multitâche et ses effets et les études sur les effets du web, de l'Internet et des écrans et à rester prudent pour ne pas tirer de conclusions hâtives d'études imparfaites et provisoires. L'Internet ne va pas nous transformer en simples unités de traitement du signal, comme le suggère Carr.
Une grande partie du livre de Carr s'intéresse au coût cognitif des traitements multitâches, un terrain scientifique bien balisé depuis 50 ans, notamment par Herbert Simon. Le cerveau est une machine bornée et on sait bien mieux comprendre pourquoi parler au téléphone en conduisant risque de provoquer un accident, estime Jonah Lehrer. Mais même ici, les études sont complexes. Le jeu vidéo par exemple semble améliorer notre capacité à effectuer plusieurs tâches à la fois (.pdf). Certaines études ont constaté que la distraction encourage la transformation inconsciente, ce qui conduit à de meilleures décisions dans des situations complexes. En d'autres termes, s'amuse Lehrer, la prochaine fois que vous êtes confrontés à un choix très difficile, vous devriez peut-être faire un peu de multitâche pendant quelques heures…
D'autres études ont constaté que les distractions temporaires peuvent accroître la créativité. Enfin, il y a également des études qui montrent les avantages à laisser son esprit vagabonder
Pour aller dans le sens de Lehrer, il me semble que, peut-être plus que dans d'autres disciplines, les protocoles d'expérimentation des neuroscientifiques défendent souvent des thèses. On tombe facilement dans des propos radicaux autour de tout ce qui touche “les technologies de l'esprit”. La science et l'imagerie médicale semblent convoquées pour apporter des preuves. Alors que les différences de protocoles entre une étude l'autre, la petitesse des populations étudiées, nécessiterait beaucoup de prudence dans les conclusions. Ainsi, les mesures et résultats obtenus par l'imagerie par résonance magnétique sont peu reproductibles et s'avèrent bien moins fiables que ne le pensent les chercheurs qui l'utilisent, estime une récente étude.

Tout cela ne signifie pas que nous devrions toujours être distraits, mais cela suggère que l'attention n'est pas nécessairement un idéal, rappelle fort justement Jonah Lehrer. “La plus grande leçon, je pense, c'est que nous devons nous méfier de privilégier certains types de pensée sur les autres. L'esprit est une machine pluraliste.

LA CULTURE N'EST PEUT-ÊTRE PAS BONNE POUR LE CERVEAU, MAIS C'EST UNE BONNE CHOSE POUR L'ESPRIT

Pourtant, comme Carr, Lehrer s'inquiète du risque de perte culturelle avec l'arrivée des nouvelles technologies. Comme Carr, Lehrer partage un goût pour les œuvres culturelles denses et difficiles. L'Internet, et la télévision avant lui, rendent certainement plus difficile pour les gens de se plonger dans la littérature, de trouver un moment de calme pour cela. De calme et d'ennui, car la littérature est aussi le lieu idéal de la rêverie. Elle n'est pas toujours le lieu de l'attention soutenue que désire Carr, au contraire. Mais l'argument de la défense de la culture n'a pas besoin des neurosciences pour être tenu, explique Lehrer. On n'a pas besoin d'évoquer le risque qu'encourt notre plasticité neuronale pour espérer que nous serons toujours aux prises avec des textes difficiles comme Auden, Proust ou Tolstoï. “Si nous sommes en désaccord sur la science, je pense que nous sommes d'accord sur le fait que se livrer à de la littérature est un élément essentiel de la culture. Ce n'est peut-être pas bon pour notre cerveau, mais c'est une bonne chose pour l'esprit. Nous avons besoin de Twitter et de “La terre vaine” (The Waste Land de T. S. Eliot).”

Notre cerveau n'a pas évolué naturellement pour nous permettre de lire : la lecture est une tâche contre nature, pour laquelle nos cerveaux ont besoin d'entraînement pour apprendre. Maryanne Wolf, directrice du Centre pour la lecture et la recherche sur le langage de la Tufts University et auteur de Proust and the Squid elle-même, rappelle que notre cerveau n'a pas été conçu pour lire. “Nous avons appris à le faire par une capacité extraordinairement ingénieuse de réorganisation de “pièces d'origines” – comme le langage et la vision, tous deux génétiquement programmés pour se dérouler de façon ordonné dans n'importe quel environnement nourricier.”

La recherche montre que chaque média apporte des attributs positifs, rappelle Nick Bilton. Les neurosciences ont montré que jouer à des jeux vidéo stimule des aires de notre cerveau qui contrôlent la mémoire de travail, la coordination des mains et des yeux et peut stimuler et améliorer plusieurs compétences cognitives. La lecture stimule des zones responsables de la réflexion, du raisonnement et de l'analyse critique. La narration auditive stimule des zones impliquées dans la créativité, la pensée contextuelle et les fonctions exécutives.
On pourrait faire valoir que le Web, qui est la bibliothèque ultime de mots, vidéo, images, interactivité, du partage et de la conversation, est l'endroit par excellence pour apprendre.”

Hubert Guillaud

Un antidiabétique rend malade Ipsen

Depuis le 18 juin, le cours de Bourse du laboratoire pharmaceutique Ipsen a plongé de 23,97 % à la suite du report de douze à dix-huit mois du dossier d'autorisation de mise sur le marché du taspoglutide, le représentant d'une nouvelle classe de molécules contre le diabète. Entre le lundi 28 juin et le vendredi 2 juillet, l'action a ainsi reculé de 9,26 %, à 24,30 euros.

Le taspoglutide, issu de la recherche Ipsen mais dont les droits de développement et de commercialisation ont été acquis par le suisse Roche, semble permettre une régulation efficace de la glycémie des patients atteints de diabète de type 2.

Les essais cliniques menés sur près de 6 000 patients confirment qu'une injection hebdomadaire suffit à réguler le taux de glucide des patients. Mais ils révèlent aussi une fréquence d'effets secondaires plus élevée que prévu. Des nausées et des vomissements ont été observés dans environ 1 % des cas, au début du traitement, le jour de l'injection. Ces manifestations ont souvent été limitées à un seul épisode, mais elles ont été assez nettes pour inciter Roche à insérer un "plan de contrôle des risques" dans le programme d'essais cliniques.

Ce programme permet une identification des patients qui présentent un risque élevé de réactions hypersensibles. Mais il repousse de plus d'un an le dépôt du dossier d'homologation. Jean-Luc Bélingard, président du groupe Ipsen, estime que les études cliniques les plus récentes "démontrent l'efficacité du taspoglutide sur le contrôle glycémique et la perte de poids".

Les marchés, eux, ont surtout été sensibles au fait que ce report les oblige à revoir à la baisse leurs anticipations de profits sur le titre Ipsen. Le titre Roche, bousculé lui aussi le jour de l'annonce du report du dossier d'homologation, a toutefois moins souffert qu'Ipsen, pour qui le taspoglutide est perçu comme un authentique relais de croissance.

Yves Mamou

L'Ukraine ambitionne de redevenir un "grenier à céréales" mondial


L'Ukraine est loin d'exploiter tout le potentiel de ses terres agricoles.
L'Ukraine pourrait bien retrouver d'ici quelques années un statut de "grenier à grains" au niveau mondial.
Consciente de son énorme potentiel agricole, cette ex-République soviétique réputée pour ses fameuses terres noires (chernozems), parmi les plus fertiles au monde, en nourrit l'ambition. Comme pour la Russie et le Kazakhstan avec lesquels elle dessine une nouvelle "écharpe céréalière" - la Corn Belt de l'Est par analogie à la Corn Belt américaine -, l'agriculture est l'un de ses atouts. Voire son premier, car l'Ukraine n'a pas les ressources gazières et minérales qui assurent à ses deux voisins une rente confortable.

Déjà premier fournisseur mondial d'orge et deuxième en tournesol et en colza, l'Ukraine produit autour de 50 millions de tonnes de grains, dont 23 millions pour l'exportation. "Mais d'ici dix à quinze ans, le pays a vocation à tripler sa capacité exportatrice. Et à devenir un des grands fournisseurs, si ce n'est le principal fournisseur, des pays importateurs du grand bassin méditerranéen, note Jean-Jacques Hervé, ex-conseiller du ministre ukrainien de l'agriculture et aujourd'hui chez Index Bank, la filiale locale du Crédit agricole. Ce pays a un potentiel de production de 100 millions de tonnes."
L'Ukraine est loin d'exploiter tout ce potentiel. Un tiers de ses 42 millions d'hectares de surfaces arables est en friche et un autre tiers est mal exploité. Lancée dès 1992, la privatisation des terres s'est faite en attribuant aux ex-kolkhoziens un titre de propriété de 2 à 5 hectares. Aussi pour éviter une dislocation du foncier, un moratoire sur la vente des terres agricoles a été décidé et prorogé depuis. Or nombre d'Ukrainiens préfèrent louer leurs droits fonciers plutôt que d'exploiter leur parcelle.
Certains se sont regroupés pour former de petites exploitations mais ils n'ont pas les moyens de se développer. D'autant qu'avec un secteur bancaire anémié depuis la crise de 2008, le crédit est rare. Sur les 50 000 exploitations existantes, seules 8 500 ont les moyens de se moderniser et d'être compétitives. A savoir celles s'étendant sur plus de 500 hectares et tenues par des entreprises agricoles ukrainiennes ou des entrepreneurs étrangers - scandinaves ou anglo-saxons principalement.
Formidable potentiel

Des groupes étrangers venus investir en 2006-2007, lors de la flambée des prix des céréales, doivent aujourd'hui revoir leur stratégie. Les déboires du fonds anglais Landkom, installé depuis 2007 dans l'ouest du pays et qui a perdu 56 millions de dollars (45 millions d'euros) en 2008, illustrent les limites d'implantations mues par la seule logique spéculative. Mais l'Ukraine garde cependant un formidable potentiel pour les investisseurs.

L'entrepreneur français Charles Beigbeder, qui a misé sur la production agricole en 2007, en fait partie. Son agro-holding Agro Génération exploite six fermes en Ukraine reparties sur plus de 45 000 hectares et produisant 150 000 tonnes de blé, orge, maïs, seigle, colza ou tournesol. Dont un tiers vendu sur le marché local. Et M. Beigbeder escompte bien d'ici fin 2012 exploiter 100 000 hectares.

Chaque hectare acquis - certains étant en friche ont dû être remis en culture - a nécessité un investissement initial de 700 euros. Mais la modernisation des exploitations et de l'application de nouvelles méthodes de production ont entraîné de réels progrès. "Nous avons des rendements de 40 quintaux par hectare, que nous escomptons porter à 53 quintaux d'ici peu, relève Charles Vilgrain, cofondateur d'Agro Génération qui emploie 350 salariés permanents. C'est certes moitié moins que dans la Beauce, mais nous avons des coûts de production nettement moins importants." Agro Génération affiche aujourd'hui une rentabilité, par ferme, de 15 % à 20 % par an... sans subvention.
Non subventionnées, les exploitations agricoles en Ukraine bénéficient néanmoins d'une exonération d'impôt sur les sociétés et d'un régime spécifique de TVA. "Même si ces aides étaient supprimées, nous resterions largement rentables, note cependant Alexandre Joseph, le directeur financier. Car nous sommes sur un modèle à bas coûts, avec de fortes économies d'échelle du fait de la taille des exploitations."

Laetitia Van Eeckhout

Quand l'ADN prédit un destin de centenaire


Ceux d'entre nous qui ont une longévité exceptionnelle le doivent à l'influence combinée d'un style de vie sain et de facteurs génétiques. L'équipe de Paola Sebastiani et Thomas Perls (facultés de santé publique et de médecine de l'université de Boston) a déterminé une vingtaine de signatures génétiques, comprenant en tout 150 marqueurs, permettant de prédire avec une exactitude de 77 % la capacité de devenir centenaire.

Publiée vendredi 2 juillet dans la revue américaine Science, leur étude montre qu'une longévité exceptionnelle n'est pas due à une seule mais à de multiples particularités génétiques.

L'influence du mode de vie sur la longévité est attestée, par exemple, par l'espérance de vie élevée des adventistes du Septième Jour : 88 ans en moyenne. Le comportement des adeptes de cette religion favorise la longévité. Mais, à l'évidence, des facteurs génétiques sont aussi à l'oeuvre chez les personnes dépassant de dix à trente ans le cap des 80 ans.

"Dans les pays industrialisés, une personne sur 6 000 est centenaire, et ceux que l'on appelle les supercentenaires - ayant plus de 110 ans - représentent un individu sur 7 millions. Mais il faut noter que 90 % des centenaires n'ont pas de handicap sur le plan de la santé avant l'âge de 93 ans", souligne Thomas Perls. Le gériatre rappelle qu'il existe une forte influence familiale dans le fait de devenir centenaire et qu'un tel destin met en jeu des voies complexes.

L'équipe italo-bostonnienne a lancé une étude portant sur l'analyse complète du génome de 1 055 centenaires nés entre 1890 et 1910 (801 ayant précédemment participé à une étude sur les centenaires en Nouvelle-Angleterre et 254 autres ayant été inclus dans une étude pour un laboratoire pharmaceutique) et de 1 267 sujets servant de comparaison. Disposer de deux groupes de centenaires permettait de chercher à répliquer les observations faites sur le premier groupe dans le second. Un tiers environ des centenaires du premier groupe avaient un parent au premier degré ayant lui aussi une extrême longévité.

Les chercheurs ont bâti un modèle prenant en compte 150 variants génétiques portant chacun sur un seul nucléotide. "Soixante-dix d'entre eux se retrouvent chez des centenaires du premier groupe et pour 33 d'entre eux dans le second groupe", précise Thomas Perls.

"Nous avons abouti à trois constats, explique Paola Sebastiani. Tout d'abord, lorsque l'on soumet les informations génétiques d'un individu à notre modèle informatisé, nous pouvons déterminer de manière exacte dans 77 % des cas sa prédisposition à devenir centenaire, ce qui est un taux élevé pour un modèle prédictif."

De nombreuses variables

Pour la biostatisticienne, le fait que dans 23 % des cas le modèle ne donne pas le bon résultat tient à ce qu'"il reste encore beaucoup à découvrir dans le génome et que nous ignorons encore certains traits génétiques associés à la longévité. Mais le fait que nous ayons une capacité prédictive importante simplement avec des données génétiques atteste fortement du caractère héréditaire de la longévité".

Deuxième constat, le modèle fournit un profil individuel qui reste à interpréter en fonction de nombreuses variables associées. Les chercheurs ont ainsi défini 19 groupes, en fonction de la présence de certains facteurs de risque (cancer, maladies cardiovasculaires, etc.) parmi les centenaires étudiés. Dans certains groupes, on retrouve une survie plus longue ; dans d'autres une apparition plus tardive de la maladie. "Il y a donc plusieurs voies permettant d'atteindre une extrême longévité", remarque Paola Sebastiani.

Troisième constat, qui peut surprendre, l'étude de la présence de variants génétiques associés à des maladies ne met pas en évidence de différence marquée entre les centenaires et les sujets contrôles.

"Cela signifie que ce n'est pas l'absence de prédisposition pour des maladies qui fait vivre longtemps, mais bien le fait d'être porteur de variants favorisant la longévité, conclut Paola Sebastiani. Cela implique aussi que si l'on veut calculer le risque de développer une maladie, il ne faut pas seulement s'appuyer sur la présence de variants génétiques qui lui sont associés, mais tenir compte du patrimoine génétique plus global."

Paul Benkimoun

Les paysans haïtiens refusent l'aide de Monsanto


Le groupe d'agrochimie offre 475 tonnes de semences hybrides pour relancer l'agriculture du pays sinistré.

Cadeau empoisonné ou geste altruiste pour soulager la misère haïtienne ? La controverse entourant le don d'un lot de semences hybrides par le groupe d'agrochimie Monsanto a rejailli sur le gouvernement de René Préval, alors que les programmes de reconstruction peinent à se concrétiser près de six mois après le séisme qui a fait plus de 250 000 morts et 1,3 million de sinistrés.

La polémique a débuté mi-mai lorsque le Père spiritain Jean-Yves Urfié, un Breton, chimiste de formation, qui a longtemps vécu en Haïti, a dénoncé sur Internet le don par Monsanto de "475 tonnes de semences OGM". Aux Etats-Unis, la mobilisation des altermondialistes s'est amplifiée après la publication sur le site du Huffington Post, d'un article de Ronnie Cummins, de l'association des consommateurs de produits biologiques. Il y dénonçait les "pilules empoisonnées visant à refaire d'Haïti une colonie d'esclaves, non plus de la France, mais de Monsanto et des multinationales de l'agrobusiness".

Pour tenter de mettre fin à la controverse, le ministre haïtien de l'agriculture, Joanas Gué, a nié avoir accepté des semences d'organismes génétiquement modifiés (OGM) : "Nous avons pris toutes les précautions avant d'accepter l'offre de la multinationale Monsanto de faire un don de 475 947 kg de semences de maïs hybride ainsi que de 2 067 kilos de semences de légumes", a affirmé le ministre.

Malgré cette mise au point, une dizaine d'organisations paysannes membres du mouvement Via campesina ont poursuivi l'offensive contre "le cadeau empoisonné" de Monsanto. A l'appel du Mouvement des paysans de Papaye (MPP), plusieurs milliers d'agriculteurs, en chemises rouges et grands chapeaux de paille, ont manifesté le 4 juin à Hinche, dans la région du Plateau Central. Les slogans visaient Monsanto et le président haïtien, René Préval, accusé de "vendre le pays aux multinationales". Un petit lot de semences hybrides de maïs a été symboliquement brûlé à la fin de la manifestation.

"Nous nous battons pour notre souveraineté alimentaire et nos semences locales. Les dons de Monsanto sont une attaque contre l'agriculture paysanne et notre biodiversité", soutient Chavannes Jean-Baptiste, le leader du MPP. Selon ce proche de Danielle Mitterrand, "Monsanto profite du tremblement de terre pour entrer sur le marché des semences en Haïti".
Récemment reçu à Washington par les responsables de l'Usaid - l'Agence de coopération américaine, partenaire de Monsanto pour la distribution des semences, par le biais du Projet Winner -, M. Jean-Baptiste a plaidé en faveur de "l'agriculture paysanne qui contribue à refroidir la planète". "Pourquoi les produits biologiques sont-ils bons en Californie et pas en Haïti ?" interroge-t-il.

"Les semences hybrides doivent être achetées chaque année (leurs performances s'estompent et il n'est pas intéressant de ressemer les graines récoltées). Elles vont éliminer les semences locales qui existent depuis plus de deux siècles et rendre les paysans dépendants de l'agrobusiness", poursuit le militant. Selon Chavannes Jean-Baptiste, Haïti a suffisamment de semences traditionnelles mais les paysans manquent d'argent pour les acheter. "La plate-forme des organisations paysannes a acheté plus de 500 tonnes de semences que nous distribuons gratuitement, en priorité aux familles paysannes qui ont accueilli des déplacés du tremblement de terre", insiste le leader du MPP, qui a lancé un programme de construction de petits silos pour stocker les semences.
"Monsanto a fait une donation philanthropique au peuple d'Haïti et les paysans sont libres d'utiliser les semences qui leur conviennent le mieux", rétorque Darren Wallis, le porte-parole de Monsanto dont le siège est sur le site de Creve Coeur, dans le Missouri, aux Etats-Unis. "Les semences hybrides sont utilisées depuis des années par la République dominicaine voisine", ajoute-t-il. C'est au Forum mondial de Davos, en janvier, peu après le séisme, que le patron de Monsanto, Hugh Grant, et le vice-président, Jerry Steiner, ont eu l'idée de donner des semences pour un montant de 4 millions de dollars (3,3 millions d'euros). "Il est décourageant de voir certains inciter les paysans à brûler les semences Monsanto, car les victimes de ces actions seront les paysans et le peuple haïtiens", déplore M. Wallis.
Deux cargaisons de semences Monsanto, totalisant 130 tonnes, sont déjà arrivées en Haïti. Elles sont revendues à bas prix par le Projet Winner qui utilise les bénéfices pour acheter d'autres intrants et former les paysans. Les 345 tonnes restantes doivent être acheminées au cours des douze prochains mois. Selon Jean Robert Estimé, le directeur du Projet Winner, 10 000 paysans vont bénéficier de la donation de Monsanto. "Un don similaire de semences hybrides au Malawi en 2006 a permis de multiplier la production par cinq", affirme la multinationale.

Jean-Michel Caroit

L'insécurité alimentaire touche 25 % des habitants

L'agriculture est un pilier essentiel de la reconstruction d'Haïti après le séisme du 12 janvier. Les campagnes, où vivent près de 70 % de la population, ont accueilli des centaines de milliers de sinistrés.
L'insécurité alimentaire touche 2,4 millions de personnes, le quart de la population. Durant la phase d'urgence, jusqu'en mars, deux millions d'Haïtiens ont reçu une assistance du Programme alimentaire mondial (PAM). Elle ne concerne plus que 1,3 million de personnes : les enfants, les femmes enceintes et les travailleurs engagés dans les programmes "Argent ou nourriture contre travail".

Haïti importe aujourd'hui plus de 80 % de sa nourriture. Comme l'a reconnu l'ancien président américain Bill Clinton, les riziculteurs haïtiens ont été ruinés dans les années 1980 par les importations de riz américain subventionné, après le démantèlement des protections douanières imposé par les organismes internationaux.

LE MONDE
Saint-Domingue Correspondant

lundi 28 juin 2010

Nouvelles accusations de corruption contre les autorités afghanes


Selon les enquêteurs, de hauts responsables afghans et l'entourage du président Hamid Karzaï seraient impliqués dans ces détournements.

Plus de 3 milliards de dollars (2,4 milliards d'euros) ont quitté illégalement l'Afghanistan au cours des dernières années, dans un pays gangrené par le trafic de drogue et la corruption, révèle le Wall Street Journal, lundi 28 juin. Selon le quotidien américain, cet argent liquide – qui représente plus que les impôts et les taxes douanières récoltés annuellement par le gouvernement afghan – a été officiellement déclaré avant d'être chargé dans des valises ou des palettes à bord de vols au départ de l'aéroport de Kaboul.

Selon les enquêteurs, l'argent détourné provient en partie de projets humanitaires financés par des ONG occidentales et de contrats passés par les forces de la coalition et de l'OTAN présentes dans le pays pour assurer leur sécurité et des travaux de reconstruction. Des dollars américains, des riyals saoudiens, des roupies pakistanaises, des couronnes norvégiennes et même d'anciens deutschmarks échangeables contre des euros ont ainsi été détournés vers l'étranger. Une autre partie de l'argent viendrait du commerce de l'opium, ainsi que du racket et de la vente de drogue auxquels se livrent les talibans.

DE HAUTS RESPONSABLES SOUPÇONNÉS

De hauts responsables afghans et l'entourage du président Hamid Karzaï, en particulier son frère et son vice-président, Mohammed Fahim, seraient impliqués dans ces détournements. Les deux hommes nient toute implication.

De son côté, le Washington Post révèle que des responsables du gouvernement afghan ont régulièrement entravé des enquêtes sur des opérations de corruption. Ils ont notamment poussé les enquêteurs à négliger des preuves à l'encontre de cadres d'entreprises financières soupçonnées d'avoir facilité des transferts d'argent illégaux vers l'étranger, selon le journal.

Ces soupçons ont alimenté les ressentiments de la population à l'égard du gouvernement, soutenu par Washington, et renforcé la popularité des talibans. Les Etats-Unis sont face à une guerre "plus dure et plus lente qu'anticipé" en Afghanistan, malgré les coups portés à Al-Qaida, a estimé dimanche le directeur de la CIA, Leon Panetta, sur la chaîne ABC.
LEMONDE.FR avec AFP et Reuters

Les acquisitions de terres agricoles peuvent être bénéfiques pour les investisseurs, sans nuire aux paysans


Une ferme d'élevage, dans le nord du Brésil.

Face à l'ampleur que prend le phénomène des cessions de terres agricoles dans les pays en développement, la nécessité d'encadrer ces investissements se fait de plus en plus pressante, au sein des organisations internationales. A la fois pour favoriser des projets "responsables", et pour freiner l'accaparement de terres dérivant de logiques financières de placement ou de spéculation.

"Encourager les pratiques responsables est indispensable si l'on veut que ces investissements participent à la stratégie de sécurité alimentaire mondiale", relève Vincent Chriqui, directeur général du centre d'analyse stratégique (CAS). Il devait, lundi 28 juin, remettre à la secrétaire d'Etat chargée de la prospective, Nathalie Kosciusko-Morizet, un rapport préconisant un cadre et des règles intitulé "Pour des investissements responsables dans les pays les moins avancés et les pays en développement".

"Nourrir huit milliards d'êtres humains en 2030 suppose un apport massif en capital dans les filières agricoles des pays du Sud. Ces investissements sont donc nécessaires. Mais, insiste M. Chriqui, s'ils ne relèvent que d'une logique court-termiste, spéculative, ils peuvent entraîner une paupérisation de la population rurale locale, des dommages environnementaux, sans contribuer à l'amélioration de leur sécurité alimentaire."

Dans une étude publiée le 22 juin et réalisée à la demande de la FAO et de l'Agence suisse pour le développement et la coopération (SDC), l'Institut international pour l'environnement et le développement (IIED) a exploré différents modèles de transactions "plus inclusifs". Ils s'inscrivent dans une logique "gagnant-gagnant", et pourraient ainsi être bénéfiques pour les petits agriculteurs locaux, protecteurs de leurs droits fonciers, tout en étant rentables.
Coopérative fermière, joint-venture, "contract-farming" (contrat de longue durée évitant l'achat de la terre et la disparition des droits d'usage), fermage, métayage, entrée de travailleurs locaux au capital... : il existe différents moyens pour un investisseur de s'inscrire dans une démarche partenariale. Aucune voie n'est valable en toutes circonstances. C'est le contexte local (régime foncier local, culture, histoire, situation biophysique, démographique...) qui doit déterminer le modèle d'organisation agricole, relèvent l'IEED comme le CAS. Leurs rapports insistent sur l'importance du pouvoir de négociation des petits agriculteurs locaux, et la nécessité de leur aménager un rôle dans la gouvernance des projets.

"GAGE DE SÉCURITÉ"

Pour favoriser ce type de démarche "gagnant-gagnant", le CAS préconise la création d'un label "Agro Investissement Responsable". Attribué par l'Union européenne (UE) ou un organisme international tel que la FAO, il s'appuierait sur la réalisation, par l'investisseur, d'études d'impact ex ante permettant d'évaluer les conséquences environnementales, économiques, sociales, et de sécurité alimentaire de son projet. "Elle serait un gage de sécurité pour le pays hôte, mais aussi pour l'investisseur, qui préviendrait ainsi les risques à long terme de conflits et de retours négatifs", relève M. Chriqui.

Le directeur du CAS insiste sur la nécessité d'aider les pays hôtes à se doter d'un cadre et d'une stratégie d'accueil clairs, et notamment d'une politique de gestion foncière respectueuse des usages et droits locaux. Un accompagnement destiné à renforcer leur capacité de négociation avec les investisseurs, mais aussi à leur permettre de sécuriser les investissements et de s'assurer qu'ils s'intègrent dans leurs politiques foncière, agricole et de sécurité alimentaire.

Le CAS en appelle à une "action déterminée" de l'UE, et de la France en particulier. Dans une logique de coopération et de transfert de technologies, Paris, voire Bruxelles, pourraient ainsi proposer aux pays qui accueillent des investisseurs européens de signer des accords de partenariat destinés à développer leur secteur agricole et à sécuriser les investissements. "La France, insiste le CAS, dispose d'une culture agroéconomique et de savoir-faire particuliers", en termes d'aménagement rural notamment, dont elle pourrait faire bénéficier les pays en développement.

Laetitia Van Eeckhout

dimanche 27 juin 2010

Numériser, avec Internet, sa vie privée

A la seule évocation du mot coffre-fort, une foule d'images surgit : on l'imagine caché derrière un tableau, installé dans le sous-sol d'une banque, en Suisse de surcroît... Mais si on lui accole l'adjectif "numérique", la vision soudain se brouille... A quoi cela ressemble-t-il ?

Le coffre-fort numérique est un espace sécurisé de stockage qui permet, avec Internet, de stocker ses documents sensibles, confidentiels ou importants. Passé la définition, il ne reste plus qu'à déterminer ce qui est archivable et auprès de qui s'adresser.

Un incendie, une inondation, voire un vol, peuvent engendrer une série de problèmes difficilement solubles : comment reconstituer une carrière lorsque l'on n'a plus aucune fiche de paie ? Comment obtenir des duplicatas de documents d'identité, de carnets de santé ou de livrets de famille ? Comment justifier, auprès des assureurs, la valeur d'un objet dérobé si on ne dispose d'aucune photo ni facture ? Le coffre-fort numérique est l'option idéale pour protéger toutes ces données, une fois numérisées.

La démarche n'est pas nouvelle : depuis l'apparition des scanners individuels bon marché, nombre de particuliers ont entrepris de dupliquer ces documents pour les archiver sur le disque dur de l'ordinateur du domicile. Principaux risques de cette sauvegarde familiale : l'incendie, le vol ou le crash du disque dur lui-même. Ce qui est en revanche nouveau, c'est la possibilité d'externaliser l'archivage de tous ces documents.

Les premiers sites sont apparus il y a quelques années, mais le succès n'a pas été tout de suite au rendez-vous. Les spécialistes voient au moins une raison pour expliquer ce démarrage timide : l'absence d'une véritable politique de dématérialisation des documents, officiels ou pas.
"Il suffit de regarder autour de soi, explique Christophe Houzé, responsable des projets Internet chez l'assureur MMA. Recevez-vous ne serait-ce que votre fiche de paie sur Internet ? Votre facture de téléphone portable, vos relevés de banque ? La réponse est souvent non !"

VISA ÉLECTRONIQUE

Trois mois après le lancement de son coffre-fort numérique, l'assureur MMA - peu disert sur le nombre de ses détenteurs - assure que les objectifs qu'il s'était fixés en termes de nombre d'utilisateurs sont atteints. Les deux tiers des souscripteurs - qui sont déjà des clients de l'assureur - bénéficient d'une capacité de stockage illimitée ; le dernier tiers, qui n'est pas assuré auprès de la compagnie, a une capacité de stockage limitée à 100 mégaoctets : "De quoi archiver une vie entière de bulletins de salaire", assure M. Houzé.

Le succès du lancement de ce coffre-fort tient sûrement à la gratuité de l'abonnement, mais aussi à d'autres aspects. Si, légalement, les documents archivés n'ont aucune validité juridique, ils bénéficient toutefois d'un visa, sorte d'imprimatur électronique attestant que le document a bien été stocké à une date donnée et n'a pas subi de modification par la suite. MMA prépare pour la fin de l'année une application pour l'iPhone et l'iPad

Si l'assureur a fait le choix de la gratuité, d'autres ont opté pour une version payante. Baptisé Protec'Fly, le coffre-fort numérique proposé par Air France, associé pour la circonstance à l'assureur Allianz, est vendu depuis le mois de mars 59 euros par an pour la version de base, c'est-à-dire avec un espace limité à 5 gigaoctets.

La Poste propose également un service payant, toutefois nettement plus abordable selon un tarif très simple : 1 giga de capacité égale 1 euro, 3 gigas 3 euros, 10 gigas 10 euros, etc. Les deux dernières formules garantissent même l'archivage avec une preuve de dépôt.

Une seule consigne : il faut être très vigilant sur le choix du prestataire et préférer des intervenants qui offrent de solides garanties. Nombre d'internautes se souviennent encore de la déconfiture du site français Foreversafe.com dont les abonnés ont dû récupérer leurs données en un temps record au risque de tout perdre...

François Bostnavaron

Combien de temps faut-il garder ses papiers ?

Si les factures de téléphone se conservent un an, celles des appareils électro-ménagers le seront pendant deux ans. Pour les impôts sur le revenu, les déclarations seront archivées trois ans, tandis que les justificatifs de règlement le seront pendant quatre ans. Les factures EDF-GDF pourront être jetées après cinq ans ; les correspondances avec le syndic et les charges de copropriété après dix ans. Les talons de chéquier seront gardés cinq ans ; les fiches de paie et contrats de travail, jusqu'à liquidation de la retraite. Pour les contrats de mariage, jugement de divorce ou d'adoption : à vie.

(Source : Service-public.fr)

Reporters sans frontières propose un kit pour surfer anonymement sur le Web


Un cybercafé à Fuyang, en Chine, le 15 janvier 2010.

Depuis quelques années, des associations de défense des droits de l'homme et des gouvernements occidentaux aident les dissidents politiques et les journalistes indépendants vivant dans des pays dictatoriaux à utiliser Internet sans se faire repérer par la police de leur pays, grâce à des solutions techniques plus ou moins efficaces.

A son tour, Reporters sans frontières (RSF) a mis en place un système baptisé "abri anti-censure" permettant d'envoyer des messages et de consulter des sites Web de façon anonyme et sécurisée. Pour cela, RSF a passé un accord avec Xerobank, société de sécurité informatique multinationale dont le siège social est au Panama. Celle-ci fournit des connexions sécurisées aux banques, aux entreprises, aux ONG et aux missions diplomatiques.

Grâce à ces revenus, elle a choisi d'offrir ses prestations gratuitement à des organisations méritantes. Bruno Delpeuc'h, responsable de Xerobank pour l'Europe, est fier de travailler pour une société aussi atypique : "Nous avons une branche commerciale et une branche philanthropique. Beaucoup d'entre nous ont un passé militant et nous avons conservé un esprit libertaire."

Xerobank offre une double protection. D'une part, les données envoyées par l'utilisateur sont cryptées ; d'autre part, avant d'atteindre leur destination, elles transitent de façon aléatoire par plusieurs routeurs installés aux Etats-Unis, au Canada et aux Pays-Bas, ce qui brouille les pistes. Xerobank va aussi renforcer son dispositif en se dotant de routeurs supplémentaires dans plusieurs pays européens, dont la France.

Quand un dissident ou un journaliste étranger séjournera à Paris, RSF pourra mettre à sa disposition une salle de travail comportant trois ordinateurs sécurisés. Puis, quand il rentrera dans son pays, il emportera une clé USB contenant un kit de connexion sécurisée et un logiciel spécial de navigation, qui ne laisse aucune trace chez les sites visités. De retour chez lui, il lui suffira de brancher la clé sur n'importe quel ordinateur pour se connecter au réseau Xerobank. Pour ceux qui ne voyagent pas, RSF peut envoyer discrètement des codes d'accès. La connexion sécurisée se fait via le site Web de Xerobank. Le système peut être installé sur un smartphone. Xerobank et RSF vont aussi pratiquer le refugee hosting (hébergement refuge). Il permet d'aider les blogueurs et journalistes sous surveillance à créer des sites échappant à la censure.

Rester discret

Livrés à eux-mêmes, ces dissidents ouvrent en général un blog chez un prestataire commercial étranger, mais leur situation y est précaire. La Chine ou l'Iran engagent des pirates informatiques qui lancent des attaques contre leur hébergeur. Souvent, les prestataires décident de se débarrasser de leurs encombrants clients et ferment leur compte.

Des associations occidentales prennent le relais, en offrant un hébergement chez un prestataire capable de résister aux attaques et aux menaces. Mais pour être efficace, le refugee hosting doit rester discret, car si cette forme d'aide s'ébruitait, les dissidents qui en bénéficient pourraient être accusés de collusion avec l'Occident - ce qui risquerait de détruire leur réputation dans l'opinion publique.

Pour les rebelles qui ne sont pas soutenus par RSF, l'abonnement à Xerobank coûtera 25 euros par mois.

Yves Eudes

Les Etats-Unis enfoncent le clou de girofle


Les "kreteks", les cigarettes aux clous de girofle, sont inscrits dans les traditions indonésiennes depuis le XIXe siècle.

L'Indonésie entend défendre bec et ongles ses "kreteks" jusque devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Car ces cigarettes aux clous de girofle, inventées vers 1880 par un certain Hadji Jamahri, asthmatique qui y trouvait un soulagement pour ses bronches, sont menacées de mort par les Etats-Unis.

Le 22 juin 2009, Washington bannissait toutes les cigarettes parfumées aux arômes, exotiques ou pas (à la cerise ou au chocolat), pour protéger la jeunesse contre le risque tabagique. A l'exception des cigarettes mentholées.

Djakarta a aussitôt demandé la raison de cet ostracisme sélectif qui menace 6 millions d'emplois dans le girofle, puisque 99 % des importations américaines de kreteks provenaient de l'archipel. Pourquoi le menthol est-il la seule fragrance à échapper à l'interdiction, alors qu'il est issu de la menthe, donc d'un végétal comparable au giroflier ? ont demandé les Indonésiens. Prouvez-nous que les teenagers américains fument plus de kreteks que de cigarettes mentholées ? Montrez-nous les études démontrant que les kreteks sont plus dangereux pour de jeunes poumons que les mentholées ? Ne serait-ce pas parce que celles-ci sont fabriquées aux Etats-Unis, ont-ils encore demandé.

Washington ayant fait le mort, Djakarta a saisi, le 7 avril, l'OMC de ce qu'il juge être une tricherie. Mardi 22 juin, les Etats-Unis ont bloqué provisoirement la procédure en prétendant qu'ils préparaient un rapport sur les effets du clou de girofle dont la présentation est prévue le 18 mars 2011.

Il faudra verser au dossier de l'OMC une autre pièce à conviction. Début juin, les agents recenseurs indonésiens ont découvert au fin fond de Sumatra une dame ridée comme une pomme, Turinah, qui prétend être âgée de 157 ans. En l'absence de papiers - brûlés durant la répression anticommuniste -, ils ont recueilli le témoignage de sa fille, elle-même âgée de 108 ans. Mais le plus important est que la centenaire et demi a déclaré avoir fumé toute sa vie des kreteks. Un bon point pour le clou de girofle, connu seulement jusque-là pour être souverain contre les rages de dents.

Alain Faujas

Le Fonds mondial de lutte contre les pandémies sollicite la générosité des pays émergents

Depuis des années, les donations pour lutter contre les grandes pandémies restent - et très largement - l'affaire des pays riches du Nord. La crise financière en Europe, conjuguée avec l'affirmation des pays "émergents", va-t-elle modifier la donne ? La Chine, par exemple, qui déploie toute une stratégie en Afrique pour ses enjeux énergétiques et commerciaux, pourrait-elle un jour se placer parmi les donateurs importants pour les efforts de -santé sur le continent noir ? Et le Brésil ?

Cette réflexion s'ébauche du côté du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Créé en 2002 à l'initiative de l'ONU et du G8, le Fonds aimerait frapper à d'autres portes que celles des pays traditionnellement contributeurs. L'arrivée du G20 (où siègent tous les pays émergents) dans le paysage de la gouvernance mondiale paraît un phénomène propice. Même si, pour l'heure, les questions de développement restent traitées au niveau du G8, comme le montrent les sommets G8/G20 organisés au Canada, du 25 au 27 juin.

Le Fonds s'est inquiété de voir tenues les promesses de ses grands donateurs du Nord. Il avait réuni en 2007 des engagements à hauteur de 10 milliards de dollars pour trois ans.

Il veut accroître l'effort, pro-posant différents scénarios pour la période courant jusqu'en 2013 : cela va de 13 à 17 ou 20 milliards, en fonction de ce que les Etats -voudront débourser.

"Evidemment, la situation est très difficile du fait de la crise financière et des problèmes de dette souveraine" dans les pays du Nord, commente par téléphone, de Genève, Stefan Emblad, chargé de la collecte de ressources.

Une goutte d'eau

Les Etats-Unis, premier contributeur du Fonds (à hauteur de 30 %), ont récemment confirmé qu'ils tiendraient leurs objectifs pour 2010. Le Congrès américain a approuvé les 1,05 milliard de dollars prévus. L'administration Obama avait au départ proposé une somme inférieure (900 millions), et elle propose de verser un milliard pour 2011. La France, deuxième contributeur (14 %), a également annoncé qu'elle tiendrait ses engagements pour 2010. Les Pays-Bas, après avoir envisagé des coupes, gardent le cap pour cette année. En revanche, l'Italie est en retard dans ses paiements.

Du côté des pays du Sud ou des "émergents", les contributions sont encore limitées. La Chine donne un ou deux millions de dollars par an. L'apport du Brésil est comparable. L'Afrique du Sud en -donne quelques centaines de milliers. Une goutte d'eau. "Les -sommes sont modestes, observe Stefan Emblad, un grand effort est déployé pour essayer de les accroître."

Le directeur du Fonds mondial contre le sida, la tuberculose et le paludisme, Michel Kazatchkine, devait récemment se rendre à Pékin pour plaider dans ce sens. La Chine est pour l'heure un pays bénéficiaire majeur du Fonds, pour la lutte contre la tuberculose. Le prochain rendez-vous est en octobre, quand le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon doit convoquer une conférence de donateurs.

Natalie Nougayrède

G8 : 5 milliards de dollars pour la santé maternelle et l'enfance

Les dirigeants de plusieurs pays du G8 réunis au Canada ont annoncé, vendredi 25 juin, des contributions totalisant 5 milliards de dollars en faveur de la santé maternelle et infantile dans les pays en développement. "L'exemple donné par les dirigeants du G8 a attiré des dons et des contributions d'autres pays (non membres du groupe) et de fondations pour plus de 2,3 milliards, ce qui donne au total 7,3 milliards de dollars", s'est félicité le premier ministre canadien, Stephen Harper. Ainsi, la fondation de Bill et Melinda Gates a promis 1,5 milliard de dollars, soit à elle seule plus que les Etats-Unis. Selon la Maison Blanche, Barack Obama s'est engagé à contribuer à hauteur de plus de 1,3 milliard de dollars à la lutte contre la mortalité infantile en 2010-2011. Le Canada fournira 2,75 milliards de dollars américains sur cinq ans. La Russie a promis 75 millions de dollars sur trois ans, selon un responsable moscovite. La France ne devait rendre publique sa participation que samedi 26 juin, a-t-on indiqué dans l'entourage de Nicolas Sarkozy. En 2008, 8,8 millions d'enfants sont morts avant l'âge de 5 ans.

Le bisphénol A interdit dans les biberons


Des bouteilles en plastique ne contenant pas de bisphénol A sont présentées aux Etats-Unis.

L'Assemblée nationale a définitivement approuvé, mercredi 23 juin, la suspension de la commercialisation des biberons contenant du bisphénol A (BPA). La proposition de loi du sénateur Yvon Collin (radical de gauche, Tarn-et-Garonne) visait initialement à interdire ce composé chimique, classé toxique pour la reproduction, dans tous les plastiques alimentaires, mais le Sénat en avait réduit le champ d'application aux seuls biberons.

"La fabrication, l'importation, l'exportation et la mise sur le marché à titre gratuit ou onéreux de biberons produits à base de bisphénol A" sont, selon la nouvelle loi, "suspendues jusqu'à l'adoption, par l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa), d'un avis motivé autorisant à nouveau ces opérations".

Le 17 juin, la secrétaire d'Etat à l'écologie, Valérie Létard, avait demandé la réserve du vote. Cette procédure a écarté d'office les amendements non approuvés par le gouvernement. C'est le cas de celui proposé par Gérard Bapt (socialiste, Haute-Garonne), rapporteur de la proposition de loi, interdisant le BPA dans tous les plastiques alimentaires. Il fixait l'échéance au 1er janvier 2012, afin de laisser aux industriels le temps de mettre en place des solutions de substitution sûres.

Interdiction "insuffisante"

Le Canada, le Danemark ou le Costa Rica, ainsi que certains Etats américains, ont élargi l'interdiction à tout ou partie des plastiques alimentaires. Le bisphénol A est classé comme une substance jugée "préoccupante pour la fertilité de l'espèce humaine" en raison "d'effets toxiques possibles mais non démontrés sur la reproduction", rappelait l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), dans une expertise collective publiée le 3 juin.

La suspension de la commercialisation des biberons contenant du BPA est déjà prévue dans la loi dite "Grenelle 2", qui fera l'objet d'un vote solennel fin juin. Mais, lors de la réunion de la commission mixte paritaire sur ce texte, le rapporteur Bertrand Pancher (UMP, Meuse) avait fait adopter un amendement donnant jusqu'au 1er janvier 2011 pour mettre fin à cette commercialisation, avec l'argument suivant : "Sur les deux grands groupes fabriquant des biberons, un seul est capable de s'adapter immédiatement. Il convient d'éviter une situation de monopole et de laisser au second groupe un délai pour s'adapter." Il semble que Nestlé soit en retard sur Danone, qui s'est déjà converti aux biberons sans bisphénol A.

Onze des quinze membres du groupe Nouveau Centre se sont abstenus. Jugeant l'interdiction des seuls biberons "insuffisante", l'un d'entre eux, Jean-Luc Préel (NC, Vendée) a déclaré : "Nous voulons élargir l'interdiction." Pour sa part, Gérard Bapt a qualifié la mesure adoptée de "petit pas".

Valérie Létard a rappelé l'engagement du gouvernement, figurant dans la proposition de loi adoptée, de présenter un rapport au Parlement, "au plus tard le 1er janvier 2011, indiquant les mesures déjà prises et celles envisagées pour diminuer l'exposition humaine aux produits qualifiés de perturbateurs endocriniens".

Commentant le vote, le porte-parole du Réseau environnement santé, André Cicolella, a estimé que "cette décision est illogique. Il est en effet absurde de vouloir protéger les nourrissons nourris via les biberons et de ne pas se préoccuper des nourrissons nourris au lait maternel ou au lait maternisé". C'est aussi ce qu'indique un avis rendu par l'Afssa le 29 janvier.

Un appel européen, lancé par 41 ONG et 19 scientifiques, s'adresse à l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) en affirmant que "des mesures sont nécessaires pour réduire les niveaux d'exposition au BPA, en particulier dans les groupes les plus à risque, à savoir les jeunes enfants et les femmes enceintes". En France, la Ligue nationale contre le cancer a lancé sur son site une pétition pour obtenir l'interdiction du bisphénol A. En attendant, la Ligue demande "sans délai l'étiquetage "présence de bisphénol A" sur tous les produits contenant cette molécule".

Paul Benkimoun

La Chine s'éveille au calcul intensif


Oak Ridge National Laboratory
Le "Jaguar" du département à l'énergie américain, n°1 au "Top 500" des calculateurs.

Mao aurait parlé d'un "grand bond en avant". A juste raison. La Chine vient de se propulser à la seconde place du "Top 500", le classement des supercalculateurs les plus puissants de la planète, actualisé tous les six mois. Une performance qui reflète le renforcement très rapide de son potentiel d'innovation scientifique et technologique.

"Nébuleuse" (Xingyun en chinois), construit par la compagnie nationale Dawning, possède une puissance effective de 1,27 pétaflop. C'est-à-dire qu'il peut effectuer 1,27 million de milliards d'opérations par seconde. Il n'est surclassé que par le "Jaguar" américain, une machine de 1,75 pétaflop, installée à l'Oak Ridge National Laboratory (Tennessee) du département à l'énergie. Mais sa puissance théorique - différente de celle mesurée en test réel - est supérieure à celle du système américain : 2,98 contre 2,33 pétaflops.

Pour la nation dont les manuels retiennent, au chapitre du calcul, qu'elle a inventé le boulier, il ne s'agit pas d'une percée isolée. Certes, les Etats-Unis continuent de dominer la scène mondiale du calcul intensif, avec 282 des 500 premières machines, devant l'Europe qui en compte 144. La Chine n'en place que 24 dans ce palmarès, derrière le Royaume-Uni et la France, à égalité avec l'Allemagne et devant le Japon.

Mais, en puissance cumulée, elle arrive désormais au second rang, avec plus de 9 % des capacités mondiales de calcul. Très loin derrière les Etats-Unis (55 %), mais devant l'Allemagne, le Royaume-Uni, la France et le Japon. "Les Chinois ne s'affirment pas seulement comme utilisateurs de supercalculateurs, mais aussi comme constructeurs, Dawning étant une entreprise d'Etat", commente Gérard Roucairol, président de l'association Teratec. Signe de l'engouement pour le calcul à haute performance, celle-ci vient d'y consacrer, à l'Ecole polytechnique de Palaiseau (Essonne), un forum international qui a réuni 700 experts.

Quel usage la Chine va-t-elle faire de ce cerveau de silicium, destiné au Centre national de calcul de Shenzhen, au sud du pays ? Selon une note du service de veille technologique de l'ambassade de France, reprenant les informations lapidaires données par Pékin, il sera utilisé "en calcul scientifique, en séquençage génétique et en recherche intelligente sur Internet". Plus largement, suppose M. Roucairol, "dans des domaines stratégiques touchant à la souveraineté nationale".

L'une des premières missions dévolues au calcul intensif relève en effet de la défense. Ainsi, le superordinateur Tera-100 dont vient de se doter, à Bruyères-le-Châtel (Essonne), la direction des applications militaires du Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), est voué à la simulation des armes nucléaires. Conçu par le groupe français Bull - seul constructeur européen à jouer dans la cour des grands -, il affiche une puissance théorique de 1,25 pétaflop qui, une fois passé les tests, devrait le placer dans le peloton de tête du "Top 500".

La climatologie et la météorologie sont, elles aussi, gourmandes en calculs de pointe. "Ils permettent désormais de s'attaquer à la modélisation de systèmes naturels de très grande taille", indique Patrick Mascart, du Laboratoire d'aérologie de Toulouse (CNRS-université Paul-Sabatier).

La biologie et la pharmacologie en sont également de grandes consommatrices. "Pour comprendre et moduler le fonctionnement des molécules du vivant, il faut simuler leur comportement à l'échelle atomique", explique Richard Lavery, de l'Institut de biologie et chimie des protéines (CNRS-université de Lyon).

C'est encore le cas des sciences de la Terre, pour modéliser la dynamique interne du globe ou simuler l'aléa sismique. Les géophysiciens sont aujourd'hui capables de "prédire en temps réel les secousses secondaires après un séisme, comme celui de L'Aquila", relate Dimitri Komatitsch, du Laboratoire de modélisation et imagerie en géosciences (CNRS-université de Pau et des pays de l'Adour).

"Le champ des applications du calcul intensif ne cesse de s'élargir", observe Gérard Roucairol. Dans l'industrie : aéronautique, automobile, prospection pétrolière, centrales nucléaires, conception de matériaux... Mais aussi dans l'imagerie médicale, la prévention des risques (par exemple pour la modélisation des feux de forêt), la finance (calcul de risques de placements), l'agriculture (simulation de l'évolution de plantes), l'urbanisme et le développement durable (étude de mouvements de population ou de flux de pollution), ou encore la création artistique (images virtuelles).

Longtemps à la traîne, l'Europe met les bouchées doubles. Une quinzaine de pays, dont la France, se sont associés pour financer plusieurs machines pétaflopiques. L'une d'elles devrait rejoindre le Très Grand Centre de calcul (TGCC) de l'Essonne, où va sortir de terre une technopole d'un millier de chercheurs et d'ingénieurs, consacrée à la conception et à la simulation numériques à hautes performances.

L'Académie des sciences organise, mardi 29 juin, une conférence-débat publique sur le thème "La simulation sur les ordinateurs de grande puissance, aujourd'hui et demain".

La course est sans fin. L'Américain Intel, numéro un mondial des microprocesseurs, l'Institut belge de recherche en microélectronique et composants (IMEC) et cinq universités flamandes annoncent la création, à Louvain, d'un laboratoire dédié à la prochaine génération de supercalculateurs, qui devrait voir le jour à l'horizon 2020. Celle de l'exaflop : un milliard de milliards d'opérations par seconde.

Pierre Le Hir

Un débat à l'Académie des Sciences
L'Académie des sciences organise, mardi 29 juin de 14 heures 30 à 17 heures, une conférence-débat publique sur le thème : "La simulation sur les ordinateurs de grande puissance, aujourd’hui et demain".

mardi 22 juin 2010

Les terroristes sont des ratés comme les autres


Et si les terroristes islamistes étaient d’abord et avant tout des “cornichons“, souvent bien plus stupides et maladroits que véritablement dangereux ?

C’est la thèse esquissée par deux chercheurs américains dans The Atlantic Magazine, où ils pointent du doigt les nombreux ratés de ceux qui sont souvent présentés comme la principale menace terroriste mondiale, susceptible de provoquer un “choc des civilisations” menaçant les démocraties occidentales, le Moyen Orient, les pays musulmans, voire l’ordre mondial :

Ils se font exploser les uns les autres par erreur. Ils arrivent à foirer même les plans les plus simples. Nos ennemis les terroristes tablent sur le fait que nous pensons qu’ils sont bien entraînés, mais en réalité, la plupart sont stupides, pervers, bien moins organisés et sophistiqués qu’on ne peut l’imaginer.”

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http://www.bugbrother.blog.lemonde.fr/2010/06/21/les-terroristes-sont-des-rates-comme-les-autres/#xtor=RSS-32280322

Les chimpanzés savent aussi faire la guerre


Des bandes de chimpanzés font la guerre et tuent sans pitié des membres de groupes voisins pour étendre leur territoire, selon une recherche menée durant dix ans en Ouganda et parue lundi 21 juin, qui confirme pour la première fois un comportement longtemps soupçonné chez ces singes.

"De précédentes observations laissaient penser que ces comportements étaient réels, mais jusqu'à ce que nous fassions cette recherche, nous ne disposions pas des éléments pour documenter cette hypothèse", explique John Mitani, professeur d'anthropologie à l'université du Michigan, le principal auteur de l'étude parue dans la revue Current Biology datée du 22 juin.

Durant leurs observations, ces biologistes ont observé 18 attaques meurtrières et découvert des traces de trois autres agressions perpétrées par des membres d'une grande communauté formée de 150 chimpanzés à Ngogo, dans le parc national de Kibale en Ouganda.

Résultats de ces campagnes, les chimpanzés de Ngogo avaient étendu leur territoire de 22 % durant l'été 2009. Ils se sont promenés et socialisés sur leur territoire conquis, s'y nourrissant de leurs fruits favoris, expliquent les auteurs de cette communication. "Quand ces chimpanzés ont commencé à pénétrer dans ces nouveaux territoires, on a rapidement réalisé qu'ils y avaient tué un grand nombre d'autres chimpanzés", explique John Mitani. "Nos observations contribuent à résoudre des questions en suspens depuis longtemps, portant sur la fonction de l'agression meurtrière entre des groupes de chimpanzés."

Ces tueries se sont produites lors de raids de ces primates dans les territoires voisins. Sylvia Amsler, une professeur d'anthropologie à l'université d'Arkansas, qui a effectué des recherches sur le terrain pour ce projet, a observé un de ces raids loin dans le nord-ouest du territoire des chimpanzés de Ngogo.

Le groupe suivi était formé de 27 mâles chimpanzés adultes, de mâles adolescents et d'une femelle adulte. Ces derniers ont surpris un petit rassemblement de femelles chimpanzés appartenant à la communauté du nord-ouest du territoire de Ngogo, et les mâles du groupe en vadrouille les ont aussitôt attaquées. Deux de ces femelles portaient un petit.

Les agresseurs ont immédiatement tué l'un des deux petits et ont tenté en vain d'arracher le second des bras de sa mère, le blessant gravement. Bien que le chimpanzés soient, avec les bonobos, les plus proches cousins de l'homme, les chercheurs ont fait part de leurs incertitudes sur le fait que les comportements de ces animaux puissent apporter un éclairage sur les guerres humaines. "Les conflits armés des humains résultent de nombreuses causes et je ne suis pas convaincu que nous parlons de la même chose avec ces chimpanzés", relève Sylvia Amsler, jugeant que les raids effectués par les chimpanzés sont peut-être le fruit de la collaboration entre eux, de l'esprit d'équipe. "Dans ces attaques, nos chimpanzés ont acquis plus de territoires et de ressources, qui sont redistribués aux autres membres du groupe."

LEMONDE.FR avec AFP

La médecine naturelle indienne en danger



L'Inde pourrait payer cher le succès de sa médecine traditionnelle ayurvédique. Le ministre de la santé vient de publier une liste de 359 espèces de plantes menacées d'extinction, en raison de leur utilisation dans cette pharmacopée naturelle. La sita ashoka soigne si bien les troubles digestifs qu'elle est en train de disparaître des plaines du nord-est de l'Inde. Quant au guggal, qui aiderait à soigner les désordres nerveux, il a pratiquement disparu du pays : l'Inde doit désormais en importer d'Afghanistan.

Sur les 15 000 plantes médicinales recensées dans le pays, 7 000 sont utilisées dans la médecine ayurvédique, un savoir-faire traditionnel vieux de plus de mille cinq cents ans. Plus de 80 % de la population indienne se soigne encore ainsi. En 1988, l'Organisation mondiale de la santé avait reconnu leur importance dans le système de soins du pays et avait adopté une résolution appelant à "la sauvegarde des plantes qui sauvent la vie".

En l'espace de dix ans, l'Inde a ouvert des dizaines de cliniques ayurvédiques accueillant des touristes du monde entier. Le marché est évalué à 1,2 milliard d'euros et progresse de 8 % par an. Mais les plantes sont souvent achetées auprès de communautés locales qui les cueillent dans les forêts sans se soucier de leur conservation. D'après les estimations de la Banque indienne pour l'agriculture et le développement rural, ce serait le cas pour 90 % d'entre elles. "Malgré des ressources importantes, le secteur des plantes médicinales souffre d'un manque d'investissements dans la recherche et le développement, et d'un marché hors contrôle. La manière dont elles sont récoltées mène à la destruction de la biodiversité", estime le docteur Kanjilal, de l'Institut du nord-est pour les sciences et les technologies.

Le conseil indien pour les plantes médicinales, créé en 2000 pour sauvegarder celles menacées d'extinction, a déjà commencé à replanter certaines variétés comme le guggal. Il soutient financièrement les Etats qui décident de créer des zones de conservation. Une trentaine existe déjà. Ces initiatives ont aussi pour objectif d'améliorer la qualité de la production de plantes médicinales et, in fine, des remèdes ayurvédiques.

Lors de l'inauguration, en 2007, d'une conférence sur la culture des plantes traditionnelles, le docteur Siddhu, gouverneur de l'Etat de Manipal, indiquait ainsi que le nombre de patients souffrant d'effets secondaires, à la suite d'un traitement de médecine naturelle, était en hausse. "L'une des raisons majeures est l'utilisation d'herbes médicinales de médiocre qualité", précisait-il.

Julien Bouissou (New Delhi correspondance)

Le Viagra féminin ne sera pas commercialisé aux Etats-Unis


C'est non ! Le Flibanserin, un médicament parfois surnommé le "Viagra féminin", ne sera pas commercialisé aux Etats-Unis. Du moins pas pour le moment. L'Autorité de régulation américaine a suivi l'avis de deux commissions médicales qui lui déconseillaient vivement la mise sur le marché de ce produit pharmaceutique proposé par le laboratoire allemand Boeringer Ingelheim. Les deux études concluaient que le Flibanserin "ne satisfait pas les critères de succès établissant l'efficacité [de ce produit] pour traiter l'hypoactivité sexuelle féminine".

Elles notaient en revanche que dans certains cas, la prise de ce médicament issu d'un antidépresseur entraînait des étourdissements et mêmes des propensions à la dépression chez certaines femmes – sans pour autant stimuler leur désir.

Si la "pilule rose" (par opposition à la pilule bleue du Viagra) attendra encore, ce n'est pas faute d'efforts entrepris par le laboratoire pour tenter d'obtenir son agrément sur le territoire américain. L'enjeu financier, d'importance, est estimé à 2 milliards de dollars annuels.

Pour l'emporter, Boeringer a usé des méthodes habituelles des laboratoires : témoignages de médecins et de célébrités d'un côté, communication intensive en direction de l'opinion de l'autre. Ainsi, Lisa Rinna, une avenante vedette de feuilletons télévisés et ancienne playmate de la revue Playboy, s'est-elle retrouvée à plaider la cause du fabricant.

LE DÉSIR FÉMININ MOINS "MÉCANIQUE"

Le principal enjeu de ce dernier consistait à démontrer que l'absence ou la baisse de désir sexuel chez les femmes, plus particulièrement au moment et après l'âge de la ménopause, constitue sinon une maladie du moins une déficience pathologique, intitulé "hypoactivité sexuelle féminine". Cette caractérisation n'avait pas été choisie au hasard : elle figure aux Etats-Unis dans le Manuel statistique des désordres mentaux, un ouvrage de référence pour les psychiatres et… les assurances médicales.

Les adversaires du Flibanserin ne se sont pas seulement attachés à dénoncer l'absence de preuve de son efficacité ou ses effets induits. Ils ont contesté la validité même de son objet. Le désir féminin, ont-ils plaidé, est notoirement différent du désir masculin ; sa manifestation est moins "mécanique" et bien plus difficile à identifier.

Par ailleurs, elle n'est pas quantifiable : en dessous de quelle fréquence peut-on parler d'"hypoactivité" ? Enfin, des organisations féministes ont argué qu'en diffusant un tel médicament, le laboratoire pouvait œuvrer à "culpabiliser" des femmes peu portées sur le sexe en leur faisant croire qu'elles étaient sujettes à une pathologie, menaçant ainsi de les pousser indument vers la dépression.

On est devant "un cas typique de fabrication d'une maladie", a jugé la professeure Adriane Fugh-Berman, de l'université Georgetown à Washington, dans une interview au New York Times.

L'objectif : faire pression tant sur le corps médical que sur les patientes "en misant sur leur insécurité". Directeur des affaires médicales de Boeringer aux Etats-Unis, le docteur Peter Piliero a maintenu son point de vue : l'hypoactivité sexuelle féminine "est une maladie".

Sylvain Cypel

Le Pentagone accusé de financer indirectement les chefs de guerre afghans


"Cet arrangement a alimenté un vaste racket de protection géré par un réseau opaque de chefs de guerre, de chefs de bande, de responsables afghans corrompus, et peut-être d'autres personnes", déclare le représentant démocrate John Tierney, président de la sous-commission.

En sous-traitant à des entreprises privées la protection des convois américains d'armes et de ravitaillement en Afghanistan, le Pentagone finance indirectement les chefs de guerre et peut-être même les talibans, indique une enquête effectuée par une commission du Congrès et présentée par le New York Times.

Pour mieux se concentrer sur les opérations militaires, l'état-major américain a confié à des sociétes privées la protection des convois qui acheminent vivres, munitions et équipement aux soldats déployés en Afghanistan. Avec un effet pervers, selon ce rapport effectué à la demande de la sous-commission sur la sécurité nationale de la Chambre des représentants, et qui sera discuté mardi au Congrès.

"Cet arrangement a alimenté un vaste racket de protection géré par un réseau opaque de chefs de guerre, de chefs de bande, de responsables afghans corrompus, et peut-être d'autres personnes", déclare le représentant démocrate John Tierney, président de la sous-commission. Ce système, en contradiction flagrante avec les règles du Pentagone, sape les efforts du gouvernement américain pour lutter contre la corruption et l'établissement d'un gouvernement fort en Afghanistan.

Les parlementaires se sont plongés dans le contrat de 2,16 milliards de dollars signé en novembre 2009 par le ministère américain de la défense avec la société Host Nation Trucking (HNT), qui elle-même sous-traite une partie du travail à d'autres entreprises. Cette société est responsable de la protection des 70 % des approvisionnements de l'armée américaine en Afghanistan, notamment en vivres, carburant et munitions.

"HNT et les sous-traitants dans les transports en Afghanistan versent des dizaines de millions de dollars chaque année à des seigneurs de guerre locaux en échange d'une 'protection' pour les convois", indique le document soumis aux parlementaires. Ces versements constituent "une source potentielle significative de financement pour les talibans", peut-on lire dans ce texte, qui cite de nombreux documents, courriels et incidents montrant les tentatives d'extorsion faites par les talibans.

Plusieurs sous-traitants ont fait savoir à l'état-major américain que ces chefs de guerre exigeaient de l'argent en échange de cette protection et que ces sommes finançaient l'insurrection, poursuivent les enquêteurs. Les responsables militaires américains n'ont jamais donné suite à ces plaintes.

Pour en savoir plus :
- Lire l'enquête publiée dans The Nation le 30 novembre 2009, "How the US funds the Taliban".
LEMONDE.FR avec Reuters
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