
Fin de règne à l'ONU-Habitat : après dix ans passés à la tête de l'agence, sa directrice, la Tanzanienne Anna Tibaijuka, présidait à Rio son dernier Forum urbain mondial. Tandis que les hommages se succédaient à la tribune, une guerre de succession feutrée opposait en coulisses les partisans des deux candidats, la diplomate ougandaise Agnes Kilabbala, incarnation de la continuité, et l'ancien maire de Barcelone, Joan Clos, figure de la rupture. Pour beaucoup d'observateurs, c'est l'avenir même de l'ONU-Habitat qui se joue là. Difficile de comprendre ces tensions sans rappeler l'étonnante ascension de cette institution.
Nommée en 2000 à la tête du confidentiel Centre des Nations unies pour les établissements humains, à Nairobi, Mme Tibaijuka quitte, dix ans plus tard, un programme onusien qui se veut l'égal des agences consacrées à l'environnement (PNUE) ou au développement (PNUD), dont elle foule allègrement les plates-bandes. Entre-temps, cette fille de petits cultivateurs est devenue la femme africaine de plus haut rang dans la galaxie de l'ONU. Comprenant tôt les défis qu'une urbanisation massive allait lancer au monde, cette spécialiste d'économie agricole, longtemps sensible au lobby rural très présent aux Nations unies, a su transformer son programme en une esquisse d'ONU des villes.
Nommée en 2000 à la tête du confidentiel Centre des Nations unies pour les établissements humains, à Nairobi, Mme Tibaijuka quitte, dix ans plus tard, un programme onusien qui se veut l'égal des agences consacrées à l'environnement (PNUE) ou au développement (PNUD), dont elle foule allègrement les plates-bandes. Entre-temps, cette fille de petits cultivateurs est devenue la femme africaine de plus haut rang dans la galaxie de l'ONU. Comprenant tôt les défis qu'une urbanisation massive allait lancer au monde, cette spécialiste d'économie agricole, longtemps sensible au lobby rural très présent aux Nations unies, a su transformer son programme en une esquisse d'ONU des villes.
"Voir plus large"
"Elle ne s'intéresse qu'aux villes du Sud", nuance un responsable français de la coopération urbaine, pour qui "Mme Tibaijuka s'est trop focalisée sur les problématiques de développement". C'est pour "voir plus large, bâtir une ONU de toutes les villes, capable de les représenter dans les relations internationales, dans les négociations sur le climat", que Français et Européens défendent la candidature de Joan Clos.
L'ancien maire de Barcelone bénéficie aussi d'un important soutien à l'intérieur même de l'ONU-Habitat. "Anna Tibaijuka a su incarner une vision politique de l'urbanisation, mais ce n'est pas une gestionnaire, elle a fragilisé notre action par une série de recrutements catastrophiques, des orientations stratégiques qui nous ont éloignés de l'expertise de terrain, des querelles d'ego, résume un cadre de l'agence. Joan Clos, lui, a fait la preuve qu'il est un vrai manager."
Un tout autre argument pourrait décider le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, à nommer Agnes Kilabbala dans les semaines qui viennent : les deux autres agences basées à Nairobi, le Programme des Nations unies pour l'environnement et le bureau de coordination des services, sont dirigées par l'Allemand Achim Steiner et le Russe Alexander Barabanov.
Remplacer la seule femme africaine par un troisième homme du Nord lancerait, selon un expert, un curieux message.
Gr. A.
Le Monde
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