
De passage à Paris pour rencontrer de grands clients, Paul Otellini, 59 ans, PDG d'Intel depuis 2005, revient sur l'actualité du numéro un mondial de microprocesseurs, la convergence entre téléphones et ordinateurs.
Intel a annoncé, lundi 15 février, le lancement avec Nokia d'un système d'exploitation pour téléphones mobiles. Quel est le sens de cette alliance ?
Nous travaillons sur ces logiciels (faisant dialoguer les composants d'une machine avec des applications) depuis plus de vingt ans, pour qu'ils soient compatibles avec nos microprocesseurs. Nous avons une longue collaboration avec Microsoft, qui équipe la plupart des ordinateurs.
Nous travaillons sur ces logiciels (faisant dialoguer les composants d'une machine avec des applications) depuis plus de vingt ans, pour qu'ils soient compatibles avec nos microprocesseurs. Nous avons une longue collaboration avec Microsoft, qui équipe la plupart des ordinateurs.
Dans le cas des téléphones, il y a beaucoup de systèmes d'exploitation, dont Android de Google... Avec Nokia, nous voulons lutter contre cette fragmentation. Un logiciel universel facilitera la vie des développeurs : ils n'écriront qu'une seule version de leur application, elle tournera sur tous les appareils.
Vous êtes leader des microprocesseurs pour ordinateurs. Ce n'est pas le cas dans les téléphones mobiles : quelle est votre stratégie pour vous imposer sur le marché ?
Notre part de marché est certes quasi nulle. Nous avions acquis des actifs de la société DEC il y a plus de dix ans, qui disposait d'une architecture de composants pour mobiles. J'ai décidé de les revendre un peu plus tard, car n'être qu'un parmi les 500 fournisseurs de composants pour téléphones n'était pas la bonne stratégie. Et à l'époque, on ne savait pas comment évoluerait le marché des "smartphones"( téléphones intelligents). Nous avons alors décidé de nous concentrer sur la conception de composants à basse consommation à un prix en adéquation avec les "smartphones" : c'est la génération Atom (dans les mini-ordinateurs).
Par ailleurs, notre vision a changé : les "smartphones" vont ressembler de plus en plus à des ordinateurs. Ils ont déjà besoin de faire tourner des applications complexes. Or la meilleure architecture de composants pour les ordinateurs, c'est la nôtre. Plus généralement, tout ce qui contient de l'électronique pourra un jour se connecter à Internet et disposera d'une capacité de calcul. Nous voulons être le cerveau de toutes ces machines.
Quelle est votre vision du marché de l'ordinateur individuel ?
Il a encore de belles années de croissance devant lui, grâce à la demande des pays émergents et au succès des ordinateurs portables.
Faites-vous toujours la course à la puissance des microprocesseurs ?
On me demande souvent : n'a-t-on pas atteint une puissance suffisante ? Mais je demande : ces films où les acteurs utilisent des ordinateurs sans interface physique, juste en glissant un doigt sur une vitre, cela ne vous fascine pas ? Si ? Eh bien, on en est encore loin et pour y parvenir, il faut des composants encore plus performants.
C'est vrai que nous travaillons un peu différemment. Pendant des années, nous avons cherché à doubler les performances d'une puce tous les dix-huit mois (c'est la fameuse loi de Moore).
Aujourd'hui, nous essayons d'introduire davantage de fonctions dans un même microprocesseur (mémoire, calcul, gestion de la consommation, cryptage des données, etc.>. Et d'abaisser la consommation d'énergie : notre nouvelle génération de microprocesseurs pour ordinateurs de bureaux aura une performance graphique doublée, et consommera 50 % d'énergie en moins.
Nous avons aussi lancé en 2009 un produit pour serveurs qui permet de remplacer neuf machines des générations précédentes par une seule.
Aujourd'hui, nous essayons d'introduire davantage de fonctions dans un même microprocesseur (mémoire, calcul, gestion de la consommation, cryptage des données, etc.>. Et d'abaisser la consommation d'énergie : notre nouvelle génération de microprocesseurs pour ordinateurs de bureaux aura une performance graphique doublée, et consommera 50 % d'énergie en moins.
Nous avons aussi lancé en 2009 un produit pour serveurs qui permet de remplacer neuf machines des générations précédentes par une seule.
La loi de Moore aura-t-elle une fin ?
Nous arrivons aujourd'hui à fabriquer des microprocesseurs avec des finesses de gravure de 32 nanomètres (diamètre du plus petit fil reliant deux composants du microprocesseur). Nous travaillons au 22 nanomètres, industrialisable d'ici deux ans. Puis viendra le 15 nanomètres.
La capacité à réduire la taille des transistors s'arrêtera probablement un jour, quand les éléments de base de ce dernier atteindront la taille de l'atome.
La capacité à réduire la taille des transistors s'arrêtera probablement un jour, quand les éléments de base de ce dernier atteindront la taille de l'atome.
Quel est votre agenda avec la FTC (Federal Trade Commission) américaine, qui vous accuse d'abus de position dominante ?
Le procès débute en septembre 2010. Nous nous y préparons, pour une audience en décembre.
Propos recueillis par Cécile Ducourtieux
Le premier fabricant mondial de microprocesseurs
Définition. Un microprocesseur est un circuit intégré constitué de plusieurs composants (transistors) gravés sur du silicium. Il exécute les instructions d'un programme informatique. Il existe plusieurs familles de microprocesseurs, la plus connue étant l'architecture "X86", d'Intel et d'AMD (Advanced Micro Devices).
Principaux chiffres. Fondé en 1968 dans la Silicon Valley californienne par Gordon Moore, Robert Noyce et Andrew Grove, Intel a réalisé un chiffre d'affaires en 2009 de 35,127 milliards de dollars en 2009 (25,9 milliards d'euros), pour 4,369 milliards de profits. Le groupe américain, 79 800 salariés dans le monde, a investi 16 % de son chiffre d'affaires dans la recherche et développement.
Concurrence. Intel équipe environ 80 % des serveurs et ordinateurs. Son seul concurrent significatif est un autre américain, AMD. Le marché des composants pour téléphones mobiles est beaucoup plus morcelé : les acteurs qui comptent sont les américains Qualcomm et Texas Instrument, ou le franco-italien STMicroelectronics.
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