mardi 6 juillet 2010

La Voiture volante arrive !

La Terrafugia Transition bonne pour le service

"Et dire qu’on nous promettait des voitures volantes !" La complainte favorite des nostalgiques de l’avenir (qui n’est plus ce qu’il était) serait-elle obsolète ? Pas encore tout à fait, mais ça vient. Terrafugia (les latinistes distingués traduiront) et sa bande de grosses têtes sortis du MIT avec quelques MBA pour le côté business de l’affaire ont bien avancé depuis la création de l’entreprise en 2006. Non seulement la Transition vole, et roule, mais elle vient d’obtenir l’agrément de la FAA, sésame indispensable pour son utilisation.

La dernière fois que le blog auto s’était intéressé à la Terrafugia Transition, c’était avec une bonne dose d’incrédulité. Il faut dire que l’histoire de la voiture volante est parsemée d’efforts plus ou moins sérieux mais toujours sans succès, le plus connu étant la Skycar de l’obstiné Moller qui est finalement tombé en panne de financement et dont le prototype a atterri sur ce cimetière des illusions perdues qu’est Ebay.

La Terrafugia Transition va très bien, merci pour elle. Après s’être envolée et avoir effectué de nombreux tests, elle vient donc d’obtenir l’homologation de la Federal Aviation Administration aux Etats-Unis en catégorie LSA qui correspond aux petits avions de tourisme. Elle a bénéficié d’une dérogation pour un petit dépassement de poids réglementaire dû à sa condition d’automobile.

La Transition, une fois ses ailes repliées (une opération automatique de 30 secondes), devient une traction avant capable d’atteindre 105 km/h à une très raisonnable consommation de 8 litres aux 100 km tandis qu’une fois en l’air elle atteint 185 km/h avec une autonomie de 740 km. Pour faire la transition entre le sol et l’air, la Transition a besoin de 760 mètres de piste, ou de ligne droite si vous êtes poursuivi par les forces de l’ordre/les tueurs à la solde du méchant (rayez la mention inutile).




Séduit ? Les carnets de commandes sont ouverts, et la première Terrafugia Transition sera livrée à son propriétaire en 2011. Le futur n’est plus très loin.




Source : Terrafugia via Inside Line

samedi 3 juillet 2010

Facebook contre la paix des ménages ?


Des photos compromettantes, un peu trop négligemment mises en ligne, qui justifient une procédure de séparation. Une garde parentale retirée à une mère, parce que son profil sur Facebook démontre qu'elle préfère jouer en ligne, plutôt que s'occuper de sa progéniture... Les réseaux sociaux sont de plus en plus utilisés pour fournir des preuves dans les cas de divorce.

Citée par l'agence de presse AP, l'Académie américaine des avocats matrimoniaux estime ainsi que, durant ces cinq dernières années, 81 % de ses 1 600 membres ont utilisé ou ont eu affaire à des preuves collectées depuis un réseau social.

66 % des avocats sondés expliquent aussi avoir utilisé Facebook pour trouver des preuves en ligne. MySpace arrive en deuxième place des réseaux sociaux, avec 15 %, devançant Twitter (5 %). D'autres plates-formes, comme le site de partage de vidéos Youtube, ou le réseau social professionnel LinkedIn, sont également évoquées par les professionnels sondés.

PREUVES RECEVABLES ?

Pour les juges, ces preuves numériques sont souvent déclarées recevables, précise l'association d'avocats. "Il est difficile de falsifier une page de Facebook", fait valoir Linda Lea Viken, responsable du groupe.

Pour éviter que les clients soient accusés de mensonge, de plus en plus d'avocats demandent aussi à savoir s'ils disposent d'un profil Facebook. "N'écrivez jamais sur ces sites ce que vous ne voulez pas que le juge entende", explique Mme Viken.

Ce n'est pas la première fois que Facebook est accusé de menacer la paix des ménages. Selon une société d'avocats britanniques, citée dans le Daily Telegraph, Facebook est cité dans 20 % des cas de divorce qu'elle traite.

Le Monde.fr, avec AP

Nos cerveaux attaqués par le net… vraiment ?


Arrêtez tout de suite de lire cet article, il pourrait vous rendre stupide ! Ne cliquez pas sur les liens, ils pourraient vous distraire !
Tel est le cri d'alarme que lancent (à nouveau) quelques Cassandre des nouvelles technologies, estime Nick Bilton pour le New York Times. Nicholas Carr (blog), dans son nouveau livre, The Shallows (qu'on pourrait traduire par "le bas-fond", pour désigner quelque chose de peu profond, de superficiel, de futile : le livre est sous-titré "ce que l'Internet fait à nos cerveaux"), affirme qu'Internet, les ordinateurs, Google, Twitter et le multitâche transforment notre activité intellectuelle au détriment de notre capacité à lire des choses longues, activité critique pour le fonctionnement de nos sociétés. Carr estime que le web avec son hypertexte coloré et son abîme sans fin d'informations morcelées, nous rend stupide, comme il le résume dans une tribune publiée récemment sur Wired pour présenter son livre :

Il n'y a rien de mal à absorber rapidement et par bribes des informations. Nous avons toujours écrémé les journaux plus que nous ne les avons lus, et nous gérons régulièrement les livres et les magazines avec nos yeux pour en comprendre l'essentiel et décider de ce qui nécessite une lecture plus approfondie. La capacité d'analyse et de navigation est aussi importante que la capacité de lire et de penser profondément attentivement. Ce qui était un moyen, un moyen d'identifier l'information pour une étude plus approfondie, est devenu une fin en soi, est devenu notre méthode préférée à la fois pour apprendre et analyser. Éblouis par les trésors du Net, nous sommes aveugles aux dégâts que faisons peser sur notre vie intellectuelle et notre culture.
Ce dont nous faisons l'expérience est, dans un sens métaphorique, une inversion de la trajectoire de civilisation : nous évoluons de cultivateur de la connaissance personnelle en cueilleurs de la forêt de données électroniques. Dans ce processus, il semble que nous soyons voués à sacrifier une grande partie de ce qui rend nos esprits si intéressants.”
Soucieux de propositions concrètes, Nicholas Carr va même jusqu'à proposer de repousser les liens hypertextes en fin d'article, pour faciliter la lecture et la concentration et éviter toute distraction (voir Narvic, “Le lien est-il en train de tuer le texte ?”).

L'EXPÉRIENCE MODIFIE LE CERVEAU… ET ALORS ?
Pourtant, tout le monde n'est pas aussi catégorique. Le psychologue et cogniticien Steven Pinker rappelle dans le New York Times que la défiance actuelle n'a rien de nouveau. Les mêmes choses ont été dites après l'invention de l'imprimerie, des journaux, du livre de poche ou de la télévision. C'est la fonction même de nos cerveaux d'apprendre de nouvelles choses. “Les critiques des nouveaux médias utilisent parfois la science elle-même pour faire valoir leur cause, en invoquant des recherches qui montrent comment “l'expérience peut modifier le cerveau”. Mais les neuroscientifiques roulent des yeux à un tel discours. Oui, chaque fois que nous apprenons une information ou une compétence, la façon dont sont reliés nos neurones change. L'existence d'une plasticité neuronale ne signifie pas que notre cerveau est une masse d'argile broyée par l'expérience.”

Le journaliste scientifique, Jonah Lehrer, auteur de Comment nous décidons, affirme également dans une magistrale réponse à Nicholas Carr qu'il est encore trop tôt pour tirer une conclusion sur les effets négatifs du web. Les éléments de preuves qu'utilisent les Cassandre de l'Internet pourraient tout à fait être utilisés pour affirmer que nous ne devrions pas marcher dans une rue parce que la charge cognitive y est beaucoup trop grande, comme l'affirmait en 2008 un groupe de scientifique de l'université du Michigan, montrant les effets dramatiques d'une ballade en ville sur la mémoire, la maîtrise de soi et l'attention visuelle (voir “Comment la ville nuit-elle à notre cerveau”). “Sur la base de ces données, il serait facile de conclure que nous devrions éviter la métropole, que les rues de nos villes sont un endroit dangereux et qu'il vaudrait mieux rester à la maison et jouer sur Google. Ce serait un argument à courte vue, basée sur une lecture limitée d'un ensemble très limité de données”, répond Lehrer.

Carr soutient que nous sommes en train de nous saboter, en passant d'une attention soutenue à la superficialité frénétique de l'Internet. Selon lui, du fait de notre plasticité neuronale, nous sommes en train de devenir les miroirs du médium qu'on utilise. Pour Carr, le cerveau est une machine à traitement de l'information qui est façonnée par la nature des informations qu'elle traite.

Il ne fait aucun doute que l'Internet change notre cerveau, rappelle Lehrer. “Tout change notre cerveau”. Mais Carr néglige de mentionner que l'Internet est aussi bon pour l'esprit. Une étude sur l'ensemble des études consacrées aux effets cognitifs des jeux vidéo par exemple montre que le jeu conduit à des améliorations significatives des performances de plusieurs tâches cognitives, de la perception visuelle à l'attention soutenue. Même Tetris peut participer à une augmentation marquée de notre capacité à traiter de l'information. “Une étude en neurosciences de 2009 de l'université de Californie à Los Angeles, a constaté que l'exécution de recherches sur Google a conduit à une activité accrue dans le cortex préfrontal dorsolatéral (en comparaison avec la lecture d'un texte sous forme de livre) [voir : "Le papier contre l'électronique : lequel nous rend plus intelligent ?"]. Fait intéressant, cette zone du cerveau sous-tend des talents précis comme l'attention sélective et l'analyse intentionnelle que Carr dit avoir disparu à l'âge de l'Internet. En d'autres mots, Google, ne nous rend pas stupide, car l'exercice de nos muscles mentaux nous rend toujours plus intelligents.”
L'esprit est une machine pluraliste : “Cela ne signifie pas que l'essor de l'internet ne va pas nous conduire à la perte d'importants talents mentaux”, estime Lehrer qui donne un contre-exemple frappant. “Par exemple, lors de l'alphabétisation, quand les enfants apprennent à décoder les lettres, ils usurpent gros morceaux du cortex visuel précédemment consacré à la reconnaissance des objets. Le résultat final est que les humains alphabétisés sont moins en mesure de “lire” les détails du monde naturel.”

Jonah Lehrer nous invite à faire attention de ne pas confondre les études sur le multitâche et ses effets et les études sur les effets du web, de l'Internet et des écrans et à rester prudent pour ne pas tirer de conclusions hâtives d'études imparfaites et provisoires. L'Internet ne va pas nous transformer en simples unités de traitement du signal, comme le suggère Carr.
Une grande partie du livre de Carr s'intéresse au coût cognitif des traitements multitâches, un terrain scientifique bien balisé depuis 50 ans, notamment par Herbert Simon. Le cerveau est une machine bornée et on sait bien mieux comprendre pourquoi parler au téléphone en conduisant risque de provoquer un accident, estime Jonah Lehrer. Mais même ici, les études sont complexes. Le jeu vidéo par exemple semble améliorer notre capacité à effectuer plusieurs tâches à la fois (.pdf). Certaines études ont constaté que la distraction encourage la transformation inconsciente, ce qui conduit à de meilleures décisions dans des situations complexes. En d'autres termes, s'amuse Lehrer, la prochaine fois que vous êtes confrontés à un choix très difficile, vous devriez peut-être faire un peu de multitâche pendant quelques heures…
D'autres études ont constaté que les distractions temporaires peuvent accroître la créativité. Enfin, il y a également des études qui montrent les avantages à laisser son esprit vagabonder
Pour aller dans le sens de Lehrer, il me semble que, peut-être plus que dans d'autres disciplines, les protocoles d'expérimentation des neuroscientifiques défendent souvent des thèses. On tombe facilement dans des propos radicaux autour de tout ce qui touche “les technologies de l'esprit”. La science et l'imagerie médicale semblent convoquées pour apporter des preuves. Alors que les différences de protocoles entre une étude l'autre, la petitesse des populations étudiées, nécessiterait beaucoup de prudence dans les conclusions. Ainsi, les mesures et résultats obtenus par l'imagerie par résonance magnétique sont peu reproductibles et s'avèrent bien moins fiables que ne le pensent les chercheurs qui l'utilisent, estime une récente étude.

Tout cela ne signifie pas que nous devrions toujours être distraits, mais cela suggère que l'attention n'est pas nécessairement un idéal, rappelle fort justement Jonah Lehrer. “La plus grande leçon, je pense, c'est que nous devons nous méfier de privilégier certains types de pensée sur les autres. L'esprit est une machine pluraliste.

LA CULTURE N'EST PEUT-ÊTRE PAS BONNE POUR LE CERVEAU, MAIS C'EST UNE BONNE CHOSE POUR L'ESPRIT

Pourtant, comme Carr, Lehrer s'inquiète du risque de perte culturelle avec l'arrivée des nouvelles technologies. Comme Carr, Lehrer partage un goût pour les œuvres culturelles denses et difficiles. L'Internet, et la télévision avant lui, rendent certainement plus difficile pour les gens de se plonger dans la littérature, de trouver un moment de calme pour cela. De calme et d'ennui, car la littérature est aussi le lieu idéal de la rêverie. Elle n'est pas toujours le lieu de l'attention soutenue que désire Carr, au contraire. Mais l'argument de la défense de la culture n'a pas besoin des neurosciences pour être tenu, explique Lehrer. On n'a pas besoin d'évoquer le risque qu'encourt notre plasticité neuronale pour espérer que nous serons toujours aux prises avec des textes difficiles comme Auden, Proust ou Tolstoï. “Si nous sommes en désaccord sur la science, je pense que nous sommes d'accord sur le fait que se livrer à de la littérature est un élément essentiel de la culture. Ce n'est peut-être pas bon pour notre cerveau, mais c'est une bonne chose pour l'esprit. Nous avons besoin de Twitter et de “La terre vaine” (The Waste Land de T. S. Eliot).”

Notre cerveau n'a pas évolué naturellement pour nous permettre de lire : la lecture est une tâche contre nature, pour laquelle nos cerveaux ont besoin d'entraînement pour apprendre. Maryanne Wolf, directrice du Centre pour la lecture et la recherche sur le langage de la Tufts University et auteur de Proust and the Squid elle-même, rappelle que notre cerveau n'a pas été conçu pour lire. “Nous avons appris à le faire par une capacité extraordinairement ingénieuse de réorganisation de “pièces d'origines” – comme le langage et la vision, tous deux génétiquement programmés pour se dérouler de façon ordonné dans n'importe quel environnement nourricier.”

La recherche montre que chaque média apporte des attributs positifs, rappelle Nick Bilton. Les neurosciences ont montré que jouer à des jeux vidéo stimule des aires de notre cerveau qui contrôlent la mémoire de travail, la coordination des mains et des yeux et peut stimuler et améliorer plusieurs compétences cognitives. La lecture stimule des zones responsables de la réflexion, du raisonnement et de l'analyse critique. La narration auditive stimule des zones impliquées dans la créativité, la pensée contextuelle et les fonctions exécutives.
On pourrait faire valoir que le Web, qui est la bibliothèque ultime de mots, vidéo, images, interactivité, du partage et de la conversation, est l'endroit par excellence pour apprendre.”

Hubert Guillaud

Un antidiabétique rend malade Ipsen

Depuis le 18 juin, le cours de Bourse du laboratoire pharmaceutique Ipsen a plongé de 23,97 % à la suite du report de douze à dix-huit mois du dossier d'autorisation de mise sur le marché du taspoglutide, le représentant d'une nouvelle classe de molécules contre le diabète. Entre le lundi 28 juin et le vendredi 2 juillet, l'action a ainsi reculé de 9,26 %, à 24,30 euros.

Le taspoglutide, issu de la recherche Ipsen mais dont les droits de développement et de commercialisation ont été acquis par le suisse Roche, semble permettre une régulation efficace de la glycémie des patients atteints de diabète de type 2.

Les essais cliniques menés sur près de 6 000 patients confirment qu'une injection hebdomadaire suffit à réguler le taux de glucide des patients. Mais ils révèlent aussi une fréquence d'effets secondaires plus élevée que prévu. Des nausées et des vomissements ont été observés dans environ 1 % des cas, au début du traitement, le jour de l'injection. Ces manifestations ont souvent été limitées à un seul épisode, mais elles ont été assez nettes pour inciter Roche à insérer un "plan de contrôle des risques" dans le programme d'essais cliniques.

Ce programme permet une identification des patients qui présentent un risque élevé de réactions hypersensibles. Mais il repousse de plus d'un an le dépôt du dossier d'homologation. Jean-Luc Bélingard, président du groupe Ipsen, estime que les études cliniques les plus récentes "démontrent l'efficacité du taspoglutide sur le contrôle glycémique et la perte de poids".

Les marchés, eux, ont surtout été sensibles au fait que ce report les oblige à revoir à la baisse leurs anticipations de profits sur le titre Ipsen. Le titre Roche, bousculé lui aussi le jour de l'annonce du report du dossier d'homologation, a toutefois moins souffert qu'Ipsen, pour qui le taspoglutide est perçu comme un authentique relais de croissance.

Yves Mamou

L'Ukraine ambitionne de redevenir un "grenier à céréales" mondial


L'Ukraine est loin d'exploiter tout le potentiel de ses terres agricoles.
L'Ukraine pourrait bien retrouver d'ici quelques années un statut de "grenier à grains" au niveau mondial.
Consciente de son énorme potentiel agricole, cette ex-République soviétique réputée pour ses fameuses terres noires (chernozems), parmi les plus fertiles au monde, en nourrit l'ambition. Comme pour la Russie et le Kazakhstan avec lesquels elle dessine une nouvelle "écharpe céréalière" - la Corn Belt de l'Est par analogie à la Corn Belt américaine -, l'agriculture est l'un de ses atouts. Voire son premier, car l'Ukraine n'a pas les ressources gazières et minérales qui assurent à ses deux voisins une rente confortable.

Déjà premier fournisseur mondial d'orge et deuxième en tournesol et en colza, l'Ukraine produit autour de 50 millions de tonnes de grains, dont 23 millions pour l'exportation. "Mais d'ici dix à quinze ans, le pays a vocation à tripler sa capacité exportatrice. Et à devenir un des grands fournisseurs, si ce n'est le principal fournisseur, des pays importateurs du grand bassin méditerranéen, note Jean-Jacques Hervé, ex-conseiller du ministre ukrainien de l'agriculture et aujourd'hui chez Index Bank, la filiale locale du Crédit agricole. Ce pays a un potentiel de production de 100 millions de tonnes."
L'Ukraine est loin d'exploiter tout ce potentiel. Un tiers de ses 42 millions d'hectares de surfaces arables est en friche et un autre tiers est mal exploité. Lancée dès 1992, la privatisation des terres s'est faite en attribuant aux ex-kolkhoziens un titre de propriété de 2 à 5 hectares. Aussi pour éviter une dislocation du foncier, un moratoire sur la vente des terres agricoles a été décidé et prorogé depuis. Or nombre d'Ukrainiens préfèrent louer leurs droits fonciers plutôt que d'exploiter leur parcelle.
Certains se sont regroupés pour former de petites exploitations mais ils n'ont pas les moyens de se développer. D'autant qu'avec un secteur bancaire anémié depuis la crise de 2008, le crédit est rare. Sur les 50 000 exploitations existantes, seules 8 500 ont les moyens de se moderniser et d'être compétitives. A savoir celles s'étendant sur plus de 500 hectares et tenues par des entreprises agricoles ukrainiennes ou des entrepreneurs étrangers - scandinaves ou anglo-saxons principalement.
Formidable potentiel

Des groupes étrangers venus investir en 2006-2007, lors de la flambée des prix des céréales, doivent aujourd'hui revoir leur stratégie. Les déboires du fonds anglais Landkom, installé depuis 2007 dans l'ouest du pays et qui a perdu 56 millions de dollars (45 millions d'euros) en 2008, illustrent les limites d'implantations mues par la seule logique spéculative. Mais l'Ukraine garde cependant un formidable potentiel pour les investisseurs.

L'entrepreneur français Charles Beigbeder, qui a misé sur la production agricole en 2007, en fait partie. Son agro-holding Agro Génération exploite six fermes en Ukraine reparties sur plus de 45 000 hectares et produisant 150 000 tonnes de blé, orge, maïs, seigle, colza ou tournesol. Dont un tiers vendu sur le marché local. Et M. Beigbeder escompte bien d'ici fin 2012 exploiter 100 000 hectares.

Chaque hectare acquis - certains étant en friche ont dû être remis en culture - a nécessité un investissement initial de 700 euros. Mais la modernisation des exploitations et de l'application de nouvelles méthodes de production ont entraîné de réels progrès. "Nous avons des rendements de 40 quintaux par hectare, que nous escomptons porter à 53 quintaux d'ici peu, relève Charles Vilgrain, cofondateur d'Agro Génération qui emploie 350 salariés permanents. C'est certes moitié moins que dans la Beauce, mais nous avons des coûts de production nettement moins importants." Agro Génération affiche aujourd'hui une rentabilité, par ferme, de 15 % à 20 % par an... sans subvention.
Non subventionnées, les exploitations agricoles en Ukraine bénéficient néanmoins d'une exonération d'impôt sur les sociétés et d'un régime spécifique de TVA. "Même si ces aides étaient supprimées, nous resterions largement rentables, note cependant Alexandre Joseph, le directeur financier. Car nous sommes sur un modèle à bas coûts, avec de fortes économies d'échelle du fait de la taille des exploitations."

Laetitia Van Eeckhout

Quand l'ADN prédit un destin de centenaire


Ceux d'entre nous qui ont une longévité exceptionnelle le doivent à l'influence combinée d'un style de vie sain et de facteurs génétiques. L'équipe de Paola Sebastiani et Thomas Perls (facultés de santé publique et de médecine de l'université de Boston) a déterminé une vingtaine de signatures génétiques, comprenant en tout 150 marqueurs, permettant de prédire avec une exactitude de 77 % la capacité de devenir centenaire.

Publiée vendredi 2 juillet dans la revue américaine Science, leur étude montre qu'une longévité exceptionnelle n'est pas due à une seule mais à de multiples particularités génétiques.

L'influence du mode de vie sur la longévité est attestée, par exemple, par l'espérance de vie élevée des adventistes du Septième Jour : 88 ans en moyenne. Le comportement des adeptes de cette religion favorise la longévité. Mais, à l'évidence, des facteurs génétiques sont aussi à l'oeuvre chez les personnes dépassant de dix à trente ans le cap des 80 ans.

"Dans les pays industrialisés, une personne sur 6 000 est centenaire, et ceux que l'on appelle les supercentenaires - ayant plus de 110 ans - représentent un individu sur 7 millions. Mais il faut noter que 90 % des centenaires n'ont pas de handicap sur le plan de la santé avant l'âge de 93 ans", souligne Thomas Perls. Le gériatre rappelle qu'il existe une forte influence familiale dans le fait de devenir centenaire et qu'un tel destin met en jeu des voies complexes.

L'équipe italo-bostonnienne a lancé une étude portant sur l'analyse complète du génome de 1 055 centenaires nés entre 1890 et 1910 (801 ayant précédemment participé à une étude sur les centenaires en Nouvelle-Angleterre et 254 autres ayant été inclus dans une étude pour un laboratoire pharmaceutique) et de 1 267 sujets servant de comparaison. Disposer de deux groupes de centenaires permettait de chercher à répliquer les observations faites sur le premier groupe dans le second. Un tiers environ des centenaires du premier groupe avaient un parent au premier degré ayant lui aussi une extrême longévité.

Les chercheurs ont bâti un modèle prenant en compte 150 variants génétiques portant chacun sur un seul nucléotide. "Soixante-dix d'entre eux se retrouvent chez des centenaires du premier groupe et pour 33 d'entre eux dans le second groupe", précise Thomas Perls.

"Nous avons abouti à trois constats, explique Paola Sebastiani. Tout d'abord, lorsque l'on soumet les informations génétiques d'un individu à notre modèle informatisé, nous pouvons déterminer de manière exacte dans 77 % des cas sa prédisposition à devenir centenaire, ce qui est un taux élevé pour un modèle prédictif."

De nombreuses variables

Pour la biostatisticienne, le fait que dans 23 % des cas le modèle ne donne pas le bon résultat tient à ce qu'"il reste encore beaucoup à découvrir dans le génome et que nous ignorons encore certains traits génétiques associés à la longévité. Mais le fait que nous ayons une capacité prédictive importante simplement avec des données génétiques atteste fortement du caractère héréditaire de la longévité".

Deuxième constat, le modèle fournit un profil individuel qui reste à interpréter en fonction de nombreuses variables associées. Les chercheurs ont ainsi défini 19 groupes, en fonction de la présence de certains facteurs de risque (cancer, maladies cardiovasculaires, etc.) parmi les centenaires étudiés. Dans certains groupes, on retrouve une survie plus longue ; dans d'autres une apparition plus tardive de la maladie. "Il y a donc plusieurs voies permettant d'atteindre une extrême longévité", remarque Paola Sebastiani.

Troisième constat, qui peut surprendre, l'étude de la présence de variants génétiques associés à des maladies ne met pas en évidence de différence marquée entre les centenaires et les sujets contrôles.

"Cela signifie que ce n'est pas l'absence de prédisposition pour des maladies qui fait vivre longtemps, mais bien le fait d'être porteur de variants favorisant la longévité, conclut Paola Sebastiani. Cela implique aussi que si l'on veut calculer le risque de développer une maladie, il ne faut pas seulement s'appuyer sur la présence de variants génétiques qui lui sont associés, mais tenir compte du patrimoine génétique plus global."

Paul Benkimoun

Les paysans haïtiens refusent l'aide de Monsanto


Le groupe d'agrochimie offre 475 tonnes de semences hybrides pour relancer l'agriculture du pays sinistré.

Cadeau empoisonné ou geste altruiste pour soulager la misère haïtienne ? La controverse entourant le don d'un lot de semences hybrides par le groupe d'agrochimie Monsanto a rejailli sur le gouvernement de René Préval, alors que les programmes de reconstruction peinent à se concrétiser près de six mois après le séisme qui a fait plus de 250 000 morts et 1,3 million de sinistrés.

La polémique a débuté mi-mai lorsque le Père spiritain Jean-Yves Urfié, un Breton, chimiste de formation, qui a longtemps vécu en Haïti, a dénoncé sur Internet le don par Monsanto de "475 tonnes de semences OGM". Aux Etats-Unis, la mobilisation des altermondialistes s'est amplifiée après la publication sur le site du Huffington Post, d'un article de Ronnie Cummins, de l'association des consommateurs de produits biologiques. Il y dénonçait les "pilules empoisonnées visant à refaire d'Haïti une colonie d'esclaves, non plus de la France, mais de Monsanto et des multinationales de l'agrobusiness".

Pour tenter de mettre fin à la controverse, le ministre haïtien de l'agriculture, Joanas Gué, a nié avoir accepté des semences d'organismes génétiquement modifiés (OGM) : "Nous avons pris toutes les précautions avant d'accepter l'offre de la multinationale Monsanto de faire un don de 475 947 kg de semences de maïs hybride ainsi que de 2 067 kilos de semences de légumes", a affirmé le ministre.

Malgré cette mise au point, une dizaine d'organisations paysannes membres du mouvement Via campesina ont poursuivi l'offensive contre "le cadeau empoisonné" de Monsanto. A l'appel du Mouvement des paysans de Papaye (MPP), plusieurs milliers d'agriculteurs, en chemises rouges et grands chapeaux de paille, ont manifesté le 4 juin à Hinche, dans la région du Plateau Central. Les slogans visaient Monsanto et le président haïtien, René Préval, accusé de "vendre le pays aux multinationales". Un petit lot de semences hybrides de maïs a été symboliquement brûlé à la fin de la manifestation.

"Nous nous battons pour notre souveraineté alimentaire et nos semences locales. Les dons de Monsanto sont une attaque contre l'agriculture paysanne et notre biodiversité", soutient Chavannes Jean-Baptiste, le leader du MPP. Selon ce proche de Danielle Mitterrand, "Monsanto profite du tremblement de terre pour entrer sur le marché des semences en Haïti".
Récemment reçu à Washington par les responsables de l'Usaid - l'Agence de coopération américaine, partenaire de Monsanto pour la distribution des semences, par le biais du Projet Winner -, M. Jean-Baptiste a plaidé en faveur de "l'agriculture paysanne qui contribue à refroidir la planète". "Pourquoi les produits biologiques sont-ils bons en Californie et pas en Haïti ?" interroge-t-il.

"Les semences hybrides doivent être achetées chaque année (leurs performances s'estompent et il n'est pas intéressant de ressemer les graines récoltées). Elles vont éliminer les semences locales qui existent depuis plus de deux siècles et rendre les paysans dépendants de l'agrobusiness", poursuit le militant. Selon Chavannes Jean-Baptiste, Haïti a suffisamment de semences traditionnelles mais les paysans manquent d'argent pour les acheter. "La plate-forme des organisations paysannes a acheté plus de 500 tonnes de semences que nous distribuons gratuitement, en priorité aux familles paysannes qui ont accueilli des déplacés du tremblement de terre", insiste le leader du MPP, qui a lancé un programme de construction de petits silos pour stocker les semences.
"Monsanto a fait une donation philanthropique au peuple d'Haïti et les paysans sont libres d'utiliser les semences qui leur conviennent le mieux", rétorque Darren Wallis, le porte-parole de Monsanto dont le siège est sur le site de Creve Coeur, dans le Missouri, aux Etats-Unis. "Les semences hybrides sont utilisées depuis des années par la République dominicaine voisine", ajoute-t-il. C'est au Forum mondial de Davos, en janvier, peu après le séisme, que le patron de Monsanto, Hugh Grant, et le vice-président, Jerry Steiner, ont eu l'idée de donner des semences pour un montant de 4 millions de dollars (3,3 millions d'euros). "Il est décourageant de voir certains inciter les paysans à brûler les semences Monsanto, car les victimes de ces actions seront les paysans et le peuple haïtiens", déplore M. Wallis.
Deux cargaisons de semences Monsanto, totalisant 130 tonnes, sont déjà arrivées en Haïti. Elles sont revendues à bas prix par le Projet Winner qui utilise les bénéfices pour acheter d'autres intrants et former les paysans. Les 345 tonnes restantes doivent être acheminées au cours des douze prochains mois. Selon Jean Robert Estimé, le directeur du Projet Winner, 10 000 paysans vont bénéficier de la donation de Monsanto. "Un don similaire de semences hybrides au Malawi en 2006 a permis de multiplier la production par cinq", affirme la multinationale.

Jean-Michel Caroit

L'insécurité alimentaire touche 25 % des habitants

L'agriculture est un pilier essentiel de la reconstruction d'Haïti après le séisme du 12 janvier. Les campagnes, où vivent près de 70 % de la population, ont accueilli des centaines de milliers de sinistrés.
L'insécurité alimentaire touche 2,4 millions de personnes, le quart de la population. Durant la phase d'urgence, jusqu'en mars, deux millions d'Haïtiens ont reçu une assistance du Programme alimentaire mondial (PAM). Elle ne concerne plus que 1,3 million de personnes : les enfants, les femmes enceintes et les travailleurs engagés dans les programmes "Argent ou nourriture contre travail".

Haïti importe aujourd'hui plus de 80 % de sa nourriture. Comme l'a reconnu l'ancien président américain Bill Clinton, les riziculteurs haïtiens ont été ruinés dans les années 1980 par les importations de riz américain subventionné, après le démantèlement des protections douanières imposé par les organismes internationaux.

LE MONDE
Saint-Domingue Correspondant
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